Lendemains de fête…

Non, je ne veux pas évoquer ici d’éventuelles « gueules de bois », après les excès des fêtes, mais plutôt poursuivre la réflexion de la semaine passée sur le temps et les moyens ordinaires pour mener notre vie.

Temps de Noël

Précisons d’abord, car nos sociétés sont un peu à l’envers, que nous sommes encore dans le temps de Noël… En effet, celui-ci commence le 24 décembre au soir jusqu’à la fête du Baptême de Jésus, qui est célébrée cette année le dimanche 9 janvier… C’est donc durant cette période, normalement, que les maisons, les villes et les villages devraient être décorés en habits de fête avec moult sapins et autres guirlandes… et non pas de début novembre à la fin décembre, comme veulent nous le faire croire les grands prêtres de la consommation… Bref, c’est donc ce lundi 10 janvier que, liturgiquement, nous revenons au temps ordinaire délaissé depuis le début de l’Avent…

Temps ordinaire

Il est vrai que l’on a besoin de fêtes, et de temps hors de l’ordinaire, pour marquer nos vies mais comment ne pas survaloriser l’un au détriment de l’autre. Je m’explique : d’une part, il semble que de nombreuses personnes ne vivent plus que pour les loisirs, les vacances, l’extra-ordinaire ne considérant leur travail que sous l’angle d’un mal nécessaire pour gagner leur vie et ne voyant le quotidien que sous le voile d’une triste grisaille ; d’autre part, pour une autre catégorie de personnes, les fêtes et autres réjouissances programmées sont des plus pénibles et ils n’ont qu’une hâte, celle de retrouver la quiétude quotidienne… Il en va ici essentiellement de notre capacité à accéder à la Joie, et c’est essentiel ! Comment, à la fois, trouver la Joie dans notre quotidien et  pouvoir se réjouir avec d’autres dans des temps plus spécifiques…

Aux sources de la Joie

Jésus, lui-même, la veille de sa passion, alors qu’il s’apprête à subir l’humiliation publique, la violence, la torture et la mort évoque cette Joie : «  Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète. Voici quel est mon commandement : vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. Nul n’a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis. » (Jn 15,11-13) Et voici un bref commentaire de ce passage, par des frères de Taizé : « À la veille de sa mort, Jésus veut, non pas transmettre un savoir ou des consignes, mais assurer le jaillissement de sa joie dans ses amis. Tout son effort veut dégager cette source au plus profond d’eux-mêmes pour que la tempête qui s’annonce ne puisse pas la détruire. Sa joie n’est pas la ‟satisfactionˮ de celui qui arrive au bout, mais bien la fondation la plus intime qui l’anime et le motive depuis le début de sa mission. « Celui-ci a toute ma joie », c’est la parole entendue par Jésus lors de son baptême. Être le bonheur de son Père, au milieu des hommes, c’est là ce qui a soutenu sa mission. En livrant solennellement à ses amis son ‟commandementˮ, Jésus met toute son autorité dans ses paroles. Il y concentre tout le sens de son existence. En même temps, il les fait porteurs et responsables, envoyés vers un avenir. Il met en eux une source où se renouvellera l’élan de toute une existence. Donnant ce qui est à la source même de son engagement, il rend capable de donner sa vie, jour après jour. »[1]

Alors, en ces lendemains de fête, comment cultiver la Joie dans notre quotidien ? Pour redonner saveur à notre temps ordinaire, certainement faut-il se donner les moyens de se maintenir du côté de l’essentiel et non pas du superficiel – l’exercice de relecture évoqué la semaine passée peut nous-y aider –. Mais peut-être aussi faut-il aller puiser sans cesse aux sources de la Joie : se savoir aimé de Dieu… donner sa vie… se réjouir de la joie de ses frères et sœurs… servir… et vraisemblablement laisser plus de place à l’esprit de fête et de gratuité dans notre quotidien ?


[1] Frères de Taizé, En ton amour je me confie, Presse de Taizé, 2003

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2 réponses à Lendemains de fête…

  1. Gaston Baril dit :

    Bonne année de ressourcement bien engagée comme on le pressent. Ton blog constitue pour moi une nourriture spirituelle hebdomadaire inspirante. Il est à souhaiter que tu continue de nous alimenter aux sources de ta vie religieuse intense. Amitiés.

  2. raymonde dit :

    A mes souhaits de bonne année pleine de petits bonheurs, un ami m’a répondu qu’il en avait grandement besoin et même de grands bonheurs… car disait-il ses réserves de « bonheurs » ne semblaient pas pouvoir le rendre heureux encore bien longtemps. Je vais lui transmettre tes propositions des deux dernières semaines. Merci de si bien nous éclairer.

    Raymonde

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