Violences sexistes !

Nouvelle semaine et sujet tout à fait différent ! Notre formation aborde bien des domaines : cette semaine nous avions donc une session sur les « violences sexistes » ! Trois intervenantes et un intervenant passionnés, ont essayé de nous ouvrir les yeux et de nous donner des clefs pour savoir comment être attentifs et comment agir face à ces violences.

La session fut très instructive et beaucoup d’aspects furent abordés. De quoi avons-nous parlé ?

Premièrement des violences envers les femmes :

  • Agressions sexuelles et viols
  • Violences conjugales (psychologiques, verbales, physiques, économiques, sexuelles)
  • Mutilations sexuelles féminines (excision et infibulation)
  • Mariages forcés
  • Harcèlement sexuel des femmes au travail
  • Proxénéstisme et prostitution

Deuxièmement des agressions envers les enfants (maltraitances, incestes, agressions sexuelles)

Troisièmement des mécanismes en œuvre chez les agresseurs

D’abord quelques définitions

« La violence faite aux femmes désigne tout acte de violence fondé sur l’appartenance au sexe féminin, causant ou susceptible de causer aux femmes des dommages ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, et comprenant la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée. » (Déclaration de l’ONU sur l’Elimination de la violence contre les femmes – novembre 1993)

« Constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise » (Code Pénal 222-22)

« Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol. Le viol est puni de quinze ans de réclusion criminelle » (Code Pénal art. 222-23.)

« L’enfant maltraité est celui qui est victime de violences physiques, cruauté mentale, abus sexuels, négligences lourdes ayant des conséquences graves sur son développement physique et psychologique. », « L’enfant en risque est celui qui connaît des conditions d’existence qui risquent de mettre en danger sa santé, sa sécurité, sa moralité, son éducation, ou son entretien, mais qui n’est pour autant pas maltraité. », « Les enfants en danger comprennent l’ensemble des enfants en risque et des enfants maltraités ». Observatoire décentralisée de l’action sociale, 1993

Quelques chiffres significatifs

La première grande enquête, en France, ne date que de 2000, d’autres ont suivi… Elles font apparaître notamment que :

  • Parmi les femmes de 20 à 59 ans vivant en couple : UNE FEMME SUR DIX a été victime de violences (verbales, psychologiques, physiques et/ou sexuelles) de la part de son conjoint-concubin dans l’année précédant l’enquête
  • Plus d’1 femme sur 5 a été agressée dans la rue ou au travail durant l’année 1999.
  • 0,3 % des femmes enquêtées ont été victimes de viol en France durant l’année 1999 (et 12% au cours de leur vie). En appliquant ce pourcentage de 0,3 % au nombre de femmes de 20-59 ans cela signifie qu’en France, environ 48 000 femmes auraient été victimes de viols durant l’année 1999.
  • En France, 1 femme décède tous les 2 jours et demi victime de son compagnon ou de son ex-compagnon. 1 homme décède tous les 14 jours victime de sa compagne ou ex-compagne.
  • 1 enfant sur 24 a subi, ou subira, des agressions sexuelles répétées de la part d’un de ses proches avant ses 18 ans
  • 700 enfants sont tués par leurs parents chaque année (soit quasiment 2 par jour)

Quelques clefs

Quelques repères pour l’accueil de victimes :

  • D’abord croire ce qu’elles nous disent, c’est souvent en-deçà de la réalité… Beaucoup de victimes n’osent pas parler car elles pensent qu’on ne les croira pas ! Être conscient des violences possibles, nous aide à croire les personnes.
  • Reconnaître que la personne a subi des choses graves… Parfois un petit fait rapporté s’ajoute à bien d’autres violences subies, c’est parfois la goutte d’eau qui fait déborder le vase…
  • Se mettre clairement du côté des victimes
  • Offrir un espace d’écoute et de sécurité, redonner de l’estime de soi à la personne
  • La sortir de l’isolement où veut la maintenir son agresseur…
  • Travailler en réseau

Trois types de phrases clefs, pour accueillir un enfant qui nous révèle une agression sexuelle :

  • Ton papa (ou…) n’a pas le droit de faire cela !
  • C’est pas de ta faute !
  • On va t’aider, on va te protéger !

La principale prévention de la violence sexiste, consiste à protéger les enfants, car quasiment 100% des agresseurs ont eux-mêmes été victimes de violence, de maltraitance ou d’agressions dans leur enfance. Par ailleurs, une victime durant l’enfance répétera souvent (pas toujours) à l’âge adulte cette violence soit en étant de nouveau victime (processus psychologique bien démontré) soit en devenant agresseur !

Ressources

Sur le blogue :

Les données de base (en France) sur les violences sexistes

Les mécanismes de la violence conjugale

Repères pour intervenir auprès d’hommes violents à l’encontre des femmes

Ressources externes :

Lutte contre les violences faites aux femmes (Un site de référence)

Lutte contre les violences envers les enfants (Un site associatif)

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5 réponses à Violences sexistes !

  1. Monique Bédard Grégoire dit :

    Bonjour,
    Pour compléter les références de Benoît…
    Au Québec, le Comité des affaires sociales de l’Assemblée des évêques du Québec a publié en 1989 une réflexion pastorale sur la violence conjugale appelée: Violence en héritage. Il est sans doute possible d’avoir plus de renseignements sur le site http://www.aeq.qc.ca.
    En 1994, j’ai eue la chance de suivre une session pour approfondir le document, ici au diocèse de Québec. Ce qui nous saute aux yeux c’est davantage la manière insidieuse de cette violence qui s’installe souvent en sourdine, elle n’est pas toujopurs brutale,
    et la grande difficulté des femmes à dénoncer leur conjoint et le père de leurs enfants.
    Il y a une grande émotivité et beaucoup de sécurité en jeu. On ne peut pas, en tant que chrétiennes, ne pas être bien au fait de cette souffrante de plusieurs d’entre elles d’abord en s’informant et en connaissant les organismes qui leurs viennent en aide comme Violence-info, par exemple. Il y a aussi, aux services diocésain, une répondante à la condition féminine qui peut fournir des infos sur les divers organismes qui viennent en aide aux femmes en église et dans la société.
    Mais, pour moi, il y a une autre forme de violence, le mot est peut-être un peu fort,
    c’est l’absence de langage inclusif dans la prière de l’église. Il y a beaucoup d’efforts ici au diocèse mais cela est laissé à la liberté de chacun. Il y a aussi un document des évêques sur ce sujet. On me dit et redit que le mot homme, est inclusif, il inclut les femmes, mais pour moi un homme c’est un homme et une femme c’est une femme.
    Pauvre St Paul ,que l’on décrit souvent comme l’apôtre des femmes, on annonce ses lectures aux frères dans le lectionnaire. Dites-moi votre frère c’est aussi votre soeur?
    Nommer un personne c’est déjà lui donner son existence propre. Qu’y a t il de déplacé à dire frères et soeurs, hommes et femmes, ceux et celles, le travail humain…
    Partout autour de nous dans le monde public il y a un réel effort en ce sens, même dans notre église diocésaine.
    Pourquoi la grande Église prends t’elle autant de temps à emboîter le pas?
    Fort heureusement plusieurs de nos pasteurs font des efforts en ce sens,
    mais certains laïcs et même des femmes ne voient pas la nécessité d’être nommées.
    Cela me questionne….
    Toutes ces femmes que l’on omet de nommer sont elles aussi blessées d’être du sexe choisi par défaut.. si on commençait par les nommer en Église, sans doute que leur dignité de femme en serait rehaussée.
    Je sais que parfois mes interventions en ce sens recueillent un petit sourire moqueur mais c’est une modeste contribution que je juge nésessaire pour le bien-être de toute la communauté, pas seulement des femmes.
    La linguistique et la pastorale doivent-elles être mises sur le même pied?
    Bonne réflexion! Monique

    • Monique dit :

      Samedi de rencontres intellectuelles ! c’est-y pas beau ? Je lis l’intervention de Monique Bédard Grégoire et je la trouve éclairante. Il est exact de dire que bien des femmes se sentent blessées parce qu’elles se voient reléguées dans le backstage du spectacle, et/ou parce qu’elles se disent, se perçoivent, comme le dit Monique, « du sexe choisi par défaut ». Il est exact de dire que le mot « homme » blesse la sensibilité d’aujourd’hui – y eut-il un temps où ça ne blessait personne ? Aristote (qu’il est utile, celui-là !) parle de la « caballéité » en parlant du cheval en tant que cheval. Je dis « en tant que cheval » et ce regard « en tant que » fixe une abstraction. Cette expression est choisie pour mettre entre parenthèses le fait que chaque cheval est, dans la réalité sensible, un animal sexué, donc mâle et femelle, par exemple. L’esprit ne nie pas ce fait empirique, il choisit temporairement de ne pas le prendre en compte ici et maintenant. Exactement comme quand les spécialistes des neurosciences disent que l’être humain est « un système nerveux ». Ou lorsque du grand connaisseur en vin, nous disons qu’il est « un nez » ; de l’enfant têtu, qu’il a « tout une tête ».

      Dans un roman pour enfant, une petite allait avec sa classe visiter un zoo. La maîtresse avait dit : « Choisissez dans votre tête un animal qui vous plaît, mais ne le dites à personne, c’est votre secret. Une fois au zoo, cherchez-le, puis examinez-le bien en chair et en os, vivant dans la nature ; à votre retour, vous nous en ferez une belle présentation vivante. » Tous les enfants de la classe s’en sont donnés à coeur joie pour choisir un sanglier, une girafe, un élan… bref, l’Arche de Noé y a passé ! Mais notre héroïne, elle, était dévastée : elle n’avait pas trouvé son animal ! ! « Mais, c’est impossible que tu ne l’aies pas trouvé », lui dit la maîtresse, « quel était donc cet animal si rare » ? Et la fillette répond : « Un mammifère » !… – La semaine d’avant, on avait parlé, dans un cours, des animaux qui sont regroupés par classes par les savants. Il y avait les oiseaux, les reptiles, poissons, amphibiens et les… mammifères ! !

      Au cheval, la caballéité, à la pomme, la pommité (!), à l’homme, l’humanité… Et tout ce vocabulaire pour désigner des « classes » et non des individus en chair et en os. Chaque classe comprend des êtres qui ont des particularités communes… même si chacun de ces êtres pris isolément a ses particularités propres. Il n’y a pas plus de violence de dire que Ti-Gars est un cheval que de dire qu’il est un mammifère. Et il n’est pas honteux non plus de dire que Rosine, la jument de mon voisin est un cheval. Et un mammifère. Il n’y a donc pas de violence quand on dit l’homme quand on parle ou d’un mâle humain ou d’une femelle humaine… (surtout que ces deux appellations sont impropres quand il s’agit des humains, ou des personnes).

      Il me semble, en tout cas… ! Toutefois, il est malheureusement vrai qu’il y a des traces d’un type d’insensibilité appelée « machisme », fantaisie vieille comme le monde, qui traînent encore dans les bénitiers… Mais ça, c’est une autre histoire…

      Ceci étant dit, pourrons-nous, un jour, nous pencher sur la violence faite aux hommes, et aux petits garçons, par… les femmes ? Ça aussi, c’est une autre histoire ?

  2. Catherine dit :

    Il y a des fois aussi où c’est le vocabulaire d’une langue précise qui fait défaut. Ainsi, si mon enfant était un garçon, je pourrais dire de lui qu’il est mon garçon et, mieux encore, qu’il est mon fils. Or, il s’avère que mon enfant est une fille… Je suis limitée à dire d’elle qu’elle est ma fille parce qu’il manque un autre mot, plus spécifique, pour la qualifier en tant que mon enfant, elle qui n’est justement plus une enfant… Or, en anglais, c’est plus juste : j’ai le choix entre « girl » et « daughter », comme entre « boy » et « son », qui sont des titres qui valent pour toute une vie. Il me faudrait donc m’inventer un mot mais, fort heureusement, cela ne change absolument rien à la profondeur des sentiments que j’ai pour elle… En ce qui regarde l’Église, je ne me sens pas personnellement blessée à cet égard, j’ai tout simplement très hâte qu’elle évolue en ce sens, parce que ce sera symptomatique de tant d’autres évolutions dont elle aurait tellement besoin et qu’elle aura, peut-être alors, commencé à aborder…

    • Monique dit :

      Bravo Catherine pour rappeler que nous sommes toujours, et nous pensons toujours, dans un… langage ! L’exemple de l’anglais est très parlant. L’allemand, le latin, le grec, l’espagnol, etc., nous auraient montré les mêmes nuances « inscrites dans les mots ». L’espagnol distingue même « la » bébé de « le » bébé en désignant ce que nous, francophones, appelons seulement « le » bébé, fille ou garçon. En somme, l’Église, en tant qu’Église, n’y serait pour rien. Mais peut-être, toutefois, serait-ce plutôt une paresse de la part de nos pasteurs francophones, paresse qui les ferait dire « homme » plutôt que « hommes » et « femmes ». C’est peut être aussi l’influence, ou des restes, de l’éducation classique qui mettait davantage l’accent sur l’universel, notion qui perd du galon dans nos époques contemporaines. Tu as raison, cette « paresse », si c’en est une, comme c’est une paresse de la pensée, risque d’entraîner d’autres paresses analogues sur d’autres sujets qui mériteraient sans doute d’être « repensés » plus finement. Ou plus concrètement. Peut-être…

      • Josée dit :

        J’ai le goût de rajouter que le latin, qui fut la langue de l’Église primitive et était employé jusqu’à récemment dans la liturgie et les encycliques, utilise deux mots pour dire « homme ».

        Vir, viris: désigne l’homme mâle, homme de coeur ou courageux et a donné l’adjectif viril en français.
        Homo, hominis: désigne l’être humain (homme ou femme), créature humaine, genre humain, personne.

        Le français n’a malheureusement pas conservé ces deux termes, ce qui crée la confusion dans l’utilisation du mot homme.

        C’est une chose à améliorer que de dire: les hommes et les femmes, ou les humains, ou la personne humaine.
        C’en est une autre plus importante et urgente que de reconnaître réellement l’égalité des hommes et des femmes dans tous les secteurs de la vie. Et la tâche est si énorme (voir les statistiques de viols, violences, agressions) que tous et toutes nous devons nous y atteler.

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