Trouver la Paix !

1er mai 2011, 2ème dimanche de Pâques A, Jn 9,19-31 /

Qu’est-ce qui nous empêche de trouver la paix, cette paix profonde à laquelle nous aspirons ? Angoisse de la mort, confrontation au mal et à la souffrance, sentiment d’impuissance, quête d’identité, soif d’amour toujours inassouvie ?… N’est-il pas très éclairant de noter que Jean, dans son évangile, ne parle de cette paix possible pour les disciples qu’au moment ultime de la Pâque du Seigneur. Il n’y a, en effet, chez Jean, aucune mention de cette paix avant le récit du jeudi pascal et puis, subitement à six reprises, entre le récit du soir de la cène et le double récit d’apparition du ressuscité -que nous méditons ce dimanche- Jésus évoque cette paix maintenant possible. N’est-ce-pas une façon de nous indiquer qu’en cet unique évènement de l’histoire, nos questions existentielles peuvent enfin trouver une réponse ?

Trouver la paix face à l’angoisse de la mort

« La paix soit avec vous ! » (v.19) Cette première salutation, dans notre texte, est intimement liée à la manifestation de Jésus comme étant le crucifié-ressuscité : « Tout en parlant, il leur montra ses mains et son côté. » (v.20) Au-delà de la joie immédiate de retrouver celui qu’ils croyaient mort, se dessine une autre joie, plus profonde. Puisque le Christ est ressuscité, cela signifie que sa façon de vivre, que ses paroles, étaient justes, vraies et sources d’une vie véritable. Cela manifeste indubitablement que le mal et la mort n’ont plus le dernier mot et que celui qui est venu assumer la condition humaine peut, si nous l’acceptons de tout notre être, nous faire passer de la mort à la vie ! Cette conviction essentielle de tout disciple du Christ n’est-elle pas source de paix ? Bien sûr cet évènement n’a pas marqué la fin de la violence, du malheur et de la mort sur notre terre car, foncièrement, notre vie humaine est estampillée à la fois par le péché et par la finitude. Mais n’avez-vous pas fait cette expérience, au cœur des situations les plus désespérée, au cœur des deuils vécus, que vraiment le mal, la souffrance et la mort n’ont pas le dernier mot ? Qu’au-delà des vagues et même des tempêtes de surface, il y a une lame de fond, paisible, qui nous emporte vers la Vie ?

Trouver la paix face à son rôle dans le monde

« La paix soit avec vous ! » (v.21) Cette deuxième affirmation va de pair, cette fois-ci, avec un envoi en mission : « Comme le Père m’a envoyé à mon tour je vous envoie. » (v.21), puis il insuffle en eux l’Esprit (comme au jour de la Création) afin qu’ils libèrent les uns et les autres de l’emprise du péché. Les disciples ne sont plus hébétés, apeurés (ils s’étaient enfermés à double tour), ne sachant que faire de leur vie, mais vont dorénavant pouvoir mener une vie pleine de sens et ô combien féconde. Cette seconde séquence ne vient-elle pas apporter réponse à cette question existentielle propre à tous les humains sur le sens de leur vie, sur leur place dans le monde, sur la fécondité possible de leur vie ? La mission de disciple, vous le savez aussi bien que moi, peut se décliner dans biens des domaines, cette libération du péché peut aussi bien s’exercer à travers une lutte politique, une lutte pour plus de justice que par une action plus directement spirituelle au service du développement de l’intériorité. Il en va autant de la recherche scientifique pour trouver des solutions aux souffrances humaines qu’à la qualité de notre présence auprès de nos proches et en particulier de ceux qui souffrent. Elle peut trouver à s’exprimer autant dans le respect de la Création que dans l’annonce explicite de l’Évangile, etc. Chacune, chacun d’entre nous, peut accueillir sa part de cette mission unique qui consiste à libérer le monde de ses entraves, en vue de hâter la venue du Royaume de Dieu. Trouver ainsi sa place dans le monde, le sens de sa vie, n’est-ce pas source de paix ?

Trouver la paix face à son désir d’amour

« La paix soit avec vous ! » (v.26) La troisième annonce de paix est liée plus particulièrement à une personne singulière, à Thomas, huit jour plus tard. Thomas, notre jumeau… Thomas qui sera le premier à affirmer si directement sa foi : « Mon Seigneur et mon Dieu. » (v.28) Thomas qui était absent de la rencontre fraternelle dominicale, comme nous parfois… Son éloignement ne lui avait pas permis de vivre la première présence du ressuscité au milieu de ses frères. Ce second récit ne vient-t-il pas nous dire à la fois que la relation à Dieu est éminemment individuelle et intime (avance ton doigt ici… touche-moi… mon Seigneur… mon Dieu) et éminemment fraternelle, puisque Thomas ne pourra faire cette découverte qu’au sein de la communauté réunie. Cette double affirmation ne vient-elle pas répondre aussi à une autre double quête existentielle, celle de se sentir personnellement aimé et celle de savoir aimer ? La communion fraternelle des disciples du Christ n’est-elle pas le lieu concret où pourra se vivre notre désir profond de communion avec tous les humains ? Ne plus se sentir perdu face à un amour universel impossible, n’est-ce pas source de paix ?

Puisque vous croyez que le Christ est ressuscité…

La paix est-elle en vous ?

 

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3 réponses à Trouver la Paix !

  1. Monique dit :

    J’ai une énorme question : un jeune élevé en français parle français ; un autre élevé en chinois, parle chinois ; comment un jeune élevé concrètement dans le sentiment intime que la paix n’existe pas peut-il un jour croire que le Christ est ressuscité ? Quand je dis « le sentiment intime que la paix n’existe pas », je dis « le désespoir », je dis « l’absurde », je dis « le nihilisme culturel », c’est-à-dire « le vide de tout ». Une
    « intériorité » (quel euphémisme ici !) pas de son, pas d’image. La marche est non seulement haute, elle est a priori infranchissable. Ce sont là deux planètes, deux mondes. Croire ne s’invente pas et la conviction du désespoir vital, si je puis dire, attrapé dans la prime enfance, comme on attrape un accent régional à l’intérieur d’une même langue, par exemple, devient comme un étrange et absurde filet de sécurité. Comment s’en défaire, ou commencer à s’en défaire ? Ou comment aider un jeune pris dans ces « rets » lafontainiens* ?
    *J. de La F., Le Lion et le rat.

  2. Denise Rhéaume dit :

    Oui la paix est en moi et je la ressents quand je suis dans la vérité. Je laisse la Vérité marcher devant moi. Si la peur me saute dessus je me questionne. Quelle est la vérité dans cet événement? Ne suis-je pas plustôt dans mon imagination, dans des illusions? Si je ne suis pas dans la paix, c’est que je suis loin de la Vérité. Et ce qui me vient à l’esprit dans la réflextion de Monique est le verset qui dit que c’est Lui qui nous choisit. Il choisit le jour et l’heure que j’ai la ferme conviction qu’ll m’habite. Et je crois que c’est dans notre nature d’aspirer à vivre dans la vérité.

  3. Tenter de trouver sa paix intérieure dans les signes de résurrection, aidé de la formule rassurante de la foi, respectivement modelée par Augustin, St-Bernard, Blaise Pascal, André Gide et les autres : « Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais déjà trouvé. »
    Poursuivant mon questionnement sur le sujet, je ne puis vérifier, pour le moment, l’exactitude de l’information fragmentée de Google-France citant St-Paul — Actes des Apôtres (XVll. 23) : Ce que vous cherchez sans le connaître, la religion vous l’annonce et les Pères (de l’Église) tentent à montrer que l’homme cherche Dieu parce que Dieu est déjà mystérieusement en lui (l’homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu).

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