Le temps pascal est un temps privilégié pour exercer notre regard à déceler des signes de résurrection, ou si vous préférez, du Royaume de Dieu en marche. J’aimerais avec vous rendre grâce pour quelques-uns de ces signes…
Chaque fête pascale, dorénavant, nous pouvons nous réjouir des baptêmes d’adultes. En 2011 ce sont près de 3 000 adultes (2 952) qui ont reçu le baptême en France au cours des fêtes pascales – à comparer avec les 2 335 baptêmes de 2002 par exemple. Par ailleurs le nombre de « recommençants » augmentent également : 1700 en 2008 et 2000 en 2010. On note, de plus, que ces nouveaux baptisés sont représentatifs de tous les milieux sociaux. (source Témoignage chrétien n° 3441) Cela ne compense pas la perte des baptêmes d’enfants qui sont passés en 10 ans de 380 000 à 300 000 mais cela augure d’un nouveau visage d’Église, et de chrétiens qui seront, a priori, plus engagés dans leur foi. Les réalités paroissiales sont très diversifiées, mais pour le jour de Pâques j’étais à la célébration à l’église saint Pierre de Montrouge (Paris 14°), et l’église, pourtant très vaste était archi-remplie avec des paroissiens de tous âges. Il faut dire que la paroisse est la seconde de Paris en nombre d’habitants sur son territoire.
Demain aura lieu la béatification de Jean-Paul II, voici un autre signe du Royaume de Dieu en marche. Une Église de plus en plus universelle (1er pape polonais), une Église humble qui a su demander pardon (cf. les gestes prophétiques de Jean-Paul II), une Église présente aux défis de notre époque (fin de la guerre froide…), une Église qui a su rejoindre de nouvelles générations (JMJ…), une Église qui a su promouvoir le dialogue entre les confessions chrétiennes et entre les religions (cf. Rencontres d’Assise) etc… Bien sûr Jean-Paul II fut aussi marqué par les défauts de ses qualités… Un certain repli identitaire et dogmatique, lié certainement à l’histoire de l’Église de Pologne ; une gestion de la curie romaine laissée un peu trop aux mains des divers groupes de pression, versus de cette papauté vécue hors les murs du Vatican ; une confiance un peu trop rapide dans les jeunes mouvements de renouveau, versus de son désir de rejoindre les jeunes ; une centralisation et personnification de l’Église, versus de son charisme médiatique … Reconnaître cela n’empêche pas de reconnaître que le pontificat de Jean-Paul II fut un pontificat exceptionnel et prophétique qui aura contribué largement à l’avènement du Royaume de Dieu et que Karol Wojtyla eu une vie de sainteté !
J’aurais aussi envie de citer, non pas le mariage de Kate et William, mais ce qu’il représente et les nombreux jeunes couples qui croient en l’amour, même s’ils ont rarement les moyens de faire grandir cet amour dans une maturité qui fasse passer de la passion à un amour plus fécond, plus ouvert, plus fidèle, plus durable. Accueillir tous ces jeunes couples et les accompagner, sans être cynique ni désabusé est source de joie et d’espérance. Et ils sont nombreux celles et ceux qui, au nom de leur foi et de leur valeurs humaines, tentent, dans ce contexte si difficile, de construire des foyers chrétiens, de transmettre la foi à leur enfants, de s’engager dans l’Église etc… Il suffit de voir tous ceux qui répondent aux fins de semaines proposées, par divers lieux d’Église, pour relire sa vie de couple après une année, dix années, vingt années… de mariage.
Bien sûr le dynamisme des peuples qui, de l’Afrique du Nord, à l’Afrique noire, en passant par l’Amérique du sud, les Caraïbes et l’Asie, combattent pour leur liberté, pour plus de justice, pour une vie meilleure sont des signes de ce Royaume en marche. Il est fini le temps où nous ne savions pas ce qui se passait à l’autre bout du monde, et où chacun se désintéressait du sort d’autrui à l’autre bout de la planète… La mondialisation n’a pas qu’un versant négatif, elle est aussi le signe d’une communion entre les humains qui se construit tant bien que mal…
On pourrait encore citer les progrès de la médecine, la place faite aux personnes handicapées dans nos sociétés, les formidables recherches du côté d’un plus grand respect de la Création et d’une vie plus durable, le chemin parcouru contre la violence faite aux enfants et aux femmes etc…. Bien sûr les contre-exemples sont aussi nombreux, mais vraiment, en ce temps de Pâques, entrons dans des dynamismes de résurrection et non pas dans des dynamismes de mort…
Et vous, quels sont les signes de résurrection qui vous parlent ?
(Le blogue est ouvert à toutes et à tous…)
P. Benoît,
Puis-je demander des éclaircissements au sujet de la différence entre : animer, ranimer, réanimer, raviver, et… ressusciter ? En fait, il me semble que la résurrection parle d’un événement hors de notre vie d’êtres terrestres alors que les autres mots parlent de nous ici-bas. Ce sont des questions que me posent mes étudiants et bien sûr, je ne sais quoi répondre.
Je dirais que ce qui est de l’ordre de la résurrection a valeur d’éternité… Les autres verbes proposés suggèrent quelque chose de temporaire (ranimer, réanimer etc…) La Résurrection, si elle concerne notre vie en Dieu, ne se situe pas qu’en-dehors de notre vie terrestre (d’où les signes évoqués) elle commence dès ici-bas : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » (Jn 11,25)