Renouvelés sur le chemin de la vie !

8 mai 2011, 3ème dimanche de Pâques A, Lc 24,13-35 /

Nous connaissons bien la structure eucharistique de ce récit d’Emmaüs : le temps de l’accueil, de la liturgie de la Parole, de la liturgie eucharistique proprement dite et de l’envoi en mission… Mais ce qui retient mon attention aujourd’hui, c’est le chemin de vie chrétienne qu’il indique. Ne s’agit-il pas pour nous, comme les disciples d’Emmaüs, de reconnaître la présence du Christ à nos côtés, de relire notre vie à la lumière de  la Parole de Dieu et de repartir, renouvelés, sur le chemin de la vie ?

Reconnaître…

« Il marchait avec eux, mais leurs yeux étaient aveuglés, et il ne le reconnaissaient pas. » (Lc 24,15-16) Dans notre quotidien parfois difficile, dans notre monde toujours en crise quelque part  –je préférerais dire toujours en devenir–, dans notre chemin de foi chaotique, c’est parfois la désillusion, la tristesse, la lassitude qui nous emportent. Comment alors reconnaître que le Christ ressuscité marche à nos côtés et ouvre un avenir de paix, de joie et de plénitude pour le monde ? Seraient-ce nos sens  – « Leurs yeux étaient aveuglés » – qui ne sont pas suffisamment aiguisés pour déceler sa présence ? Peut-être… parfois… Mais n’est-ce pas, encore plus fondamentalement, notre compréhension du projet salvifique de Dieu en train de se déployer, qui ne serait pas suffisamment profonde ? Car bien des saints, que l’on pense à saint Jean de la Croix ou à la bienheureuse Mère Teresa, ont traversé de longues nuits de la foi sans perception sensible de la présence du Ressuscité à leur côté. Et pourtant leur foi profonde leur a permis de cheminer de façon féconde et de participer à l’avènement du Royaume de Dieu en marche. Même si nos sens ne nous permettent pas de le reconnaître, même si nos capacités intellectuelles pour appréhender Dieu demeurent partielles, le récit d’Emmaüs évoque une « intelligence du cœur » qui peut entretenir notre foi et notre espérance : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre les Écritures ? » (Lc 24,32)

Relire…

« Esprits sans intelligence, cœurs lents à croire […] Et, en partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur expliqua dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. » (Lc 24,25-27) Relire sans cesse la Parole de Dieu, relire sans cesse notre vie à la lumière de cette Parole, n’est-ce pas la clef de notre foi ? Car, tout de même, si le Verbe s’est fait chair, c’est-à-dire si Dieu lui-même est venu nous parler, s’adresser à notre cœur et à notre intelligence, à travers la vie et les paroles de Jésus de Nazareth, comment ne pas venir puiser incessamment à cette source de vie ? Ils sont nombreux, et moi le premier, à avoir fait cette expérience que plus on médite la Parole de Dieu, plus elle devient nourrissante et profonde et, qu’à contrario, plus on la délaisse, moins on y trouve de goût. L’effort personnel d’écrire cette page de méditation chaque semaine en est, pour moi, un bon exemple. Je pourrais facilement trouver prétexte à ne pas m’y astreindre et pourtant ce rendez-vous devient de plus en plus nécessaire pour approfondir ma propre foi, ma propre espérance, ma propre disponibilité à l’Esprit. Dans les joies comme dans les peines, n’est-ce pas la relecture de notre vie à la lumière de la Parole de Dieu qui peut lui donner son véritable sens, nourrir notre quête, éclairer notre chemin ?

Repartir…

« À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. » (Lc 24,33) Après avoir vécu ce temps hors du temps, où « l’intelligence de leur cœur » fut renouvelée, les disciples d’Emmaüs, avec une énergie toute nouvelle, repartent sur le chemin de la vie. N’est-ce pas à cette même dynamique à laquelle nous sommes invités : prendre le temps du ressourcement, de la prière, de la méditation de la Parole de Dieu, si possible avec d’autres (vu notre intelligence « lente à comprendre »), pour discerner le sens des évènements vécus au quotidien et repartir, renouvelés, sur le chemin de la vie ? N’est-ce pas la dynamique même de l’eucharistie : cette reprise de notre vie à la lumière de la Parole de Dieu, cette revitalisation essentielle à la table de la communion avec le Christ qui nous renvoie dans le monde pour une vie féconde au service de l’avènement du Royaume de Dieu ?

Ne sommes-nous pas tous des disciples d’Emmaüs sur le chemin de la vie ?

Reconnaître sa présence à nos côtés…

Relire notre vie à la lumière de La Parole…

et Repartir, renouvelés, sur le chemin de la vie ?

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4 réponses à Renouvelés sur le chemin de la vie !

  1. Monique dit :

    Vos paroles sont très inspirantes, P. Benoît, et je suis contente que vous témoigniez du fait que ce rendez-vous hebdomadaire, ici, sur le blog, soit pour vous l’occasion d’un instant de méditation. Exercice engageant et difficile, mais invitation, pour nous, à emboîter le pas. J’y vois, en effet, comme une invitation, je me trompe ? Essayez de ne pas trouver trop vite des prétextes pour délaisser et l’exercice et le partage… On se rend compte qu’effectivement la communication électronique peut aussi concerner les âmes…, non ?

  2. Monique dit :

    Cher P. Benoît, vous dites :
    – « c’est parfois la désillusion, la tristesse, la lassitude qui nous emportent. »
    – « Comment alors reconnaître que le Christ ressuscité marche à nos côtés et ouvre un avenir de paix, de joie et de plénitude pour le monde ? »
    – « projet salvifique de Dieu en train de se déployer »
    – « la relecture de notre vie à la lumière de la Parole de Dieu qui peut lui donner son véritable sens, nourrir notre quête, éclairer notre chemin »
    – « prendre le temps du ressourcement, de la prière, de la méditation »

    …autant d’expressions qui vont dans le sens du devenir dont vous parlez, P. Benoît. Si je les retiens, c’est qu’elles sont en étroite relation avec leurs contraires : une vie liquide, un amour liquide, des sentiments liquides, des relations liquides, une société liquide dont parle abondamment et avec un regard aussi intelligent que provoquant un auteur et sociologue polonais, Zygmunt Bauman (voir dans la colonne de droite de votre blog un extrait du journal La Croix là-dessus). Ce que votre réflexion suggère, ce à quoi elle nous invite, c’est nous arrêter, relire, repenser, méditer, s’accrocher, « désirer » en somme : toutes des attitudes qui vont finalement à l’encontre de cette société où tout est emporté, et nous avec…
    Et là peut-être le cœur nous servira d’intelligence. Ou bien, le cœur deviendra ce qui en nous « décode ». Ou encore : le cœur montrera ce dont il est capable. Ou peut-être plutôt : nous comprendrons qu’« on ne voit bien qu’avec le cœur » en ces matières. N’est-ce pas ?

  3. Denise Rhéaume dit :

    A chaque matin, partir sur le chemin du jour que Dieu nous donne. Entrer en contact avec Lui:  »Dieu tu es mon Dieu je te cherche dès l’aube. » S’arrêter de temps en temps pour prendre conscience des événements, heureux ou malheureux, qui viennent à nous, qui sont ses Ses signes de Vie. Voilà nos sentiers de vie, vers Lui, à côté de Lui, Lui en nous, nous en Lui. Gloire à Toi Seigneur!

  4. À un âge plus que certain, on s’approprie facilement le langage des disciples d’Emmaüs : «Reste avec nous Seigneur : le soir approche et déjà le jour baisse.»
    Moment de nostalgie ! vite dissipé à la lecture tonifiante du blog et des commentaires qui s’y sont rattachés . . .
    Repartir, rennouvelée, sur le chemin de ma vie ! TLV

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