L’Esprit d’Assise

C’est au lendemain de la rencontre de représentants des grandes religions à Assise que je vous écris et j’aimerais vous en faire écho.

Il y a vingt cinq ans le pape Jean-Paul II lançait cette invitation prophétique. Hier, de nouveau, le souffle de l’Esprit d’Assise était à l’œuvre. 300 représentants de diverses religions mais aussi, chose nouvelle, du monde de l’agnosticisme ont prié ensemble et se sont reconnus « pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix ». 176 délégués de traditions religieuses non chrétiennes et non juives étaient présents(en 1986, ils n’étaient que 28), dont 67 bouddhistes de onze pays, 48 musulmans (ils n’étaient que onze en 1986), sans oublier, une dizaine de représentants juifs et évidemment, 31 délégations d’Églises, communautés ecclésiales et organisations chrétiennes mondiales.

Dans son discours, Benoît XVI a d’abord rappelé que si, depuis la dernière rencontre, le mur de Berlin était tombé renvoyant au passé l’affrontement entre les deux blocs Est / Ouest ; il n’en demeure pas moins que de façon plus disséminée de multiples dissensions alimentent la violence qui prend de « nouveaux et effrayants visages. »

Benoît XVI a ensuite évoqué deux types de violence : celle dû au terrorisme et celle dû au refus de Dieu.

Comme en 1986, le pape a d’abord réaffirmé que si la religion servait parfois de prétexte à la violence et au terrorisme cela n’était pas dans sa vraie nature. Et en particulier, en ce qui concerne l’Église catholique, le pape a reconnu humblement : « oui, dans l’histoire on a aussi eu recours à la violence au nom de la foi chrétienne. Nous le reconnaissons, pleins de honte. Mais il est absolument clair que ceci a été une utilisation abusive de la foi chrétienne, en évidente opposition avec sa vraie nature. » Aussi aujourd’hui nous revient-il de sans cesse purifier la foi chrétienne afin qu’elle soit vraiment un instrument de la paix de Dieu dans le monde.

Par ailleurs, reprenant un des thèmes qui lui est cher, Benoît XVI a affirmé que « le « non » à Dieu a produit de la cruauté et une violence sans mesure, qui a été possible seulement parce que l’homme ne reconnaissait plus aucune norme et aucun juge au-dessus de lui, mais qu’il se prenait lui-même seulement comme norme. »

De façon forte intéressante, Benoît XVI a présenté ensuite de façon positive l’agnosticisme :

« Des personnes auxquelles n’a pas été offert le don de pouvoir croire et qui, toutefois, cherchent la vérité, sont à la recherche de Dieu. Des personnes de ce genre n’affirment pas simplement : « Il n’existe aucun Dieu ». Elles souffrent à cause de son absence et, cherchant ce qui est vrai et bon, elles sont intérieurement en marche vers Lui… Elles ôtent aux athées militants leur fausse certitude, par laquelle ils prétendent savoir qu’il n’existe pas de Dieu, et elles les invitent à devenir, plutôt que polémiques, des personnes en recherche, qui ne perdent pas l’espérance que la vérité existe et que nous pouvons et devons vivre en fonction d’elle. Mais elles mettent aussi en cause les adeptes des religions, pour qu’ils ne considèrent pas Dieu comme une propriété qui leur appartient, si bien qu’ils se sentent autorisés à la violence envers les autres. Ces personnes cherchent la vérité, elles cherchent le vrai Dieu, dont l’image dans les religions, à cause de la façon dont elles sont souvent pratiquées, est fréquemment cachée. »

Enfin, en conclusion, le Pape a assuré les représentants présents que « l’Église catholique ne renoncera pas à la lutte contre la violence, à son engagement pour la paix dans le monde. »

Que cet Esprit d’Assise anime donc notre ouverture aux frères d’autres religions, reconnaissons-nous aussi « pèlerin de la vérité et pèlerin de la paix », et ne nous considérons jamais propriétaire de Dieu au risque de faire violence à nos frères ou de cacher son vrai visage !


 Une vie pour s’édifier mutuellement !

De nouveau une semaine écoulée et déjà deux mois de vie partagée au noviciat. Il me semble qu’un bon travail continue à s’opérer chez les novices, se découvrant, ainsi que leur frères, plus en profondeur et surtout passant d’une communauté rêvée à une communauté concrète. Le père d’Alzon, notre fondateur a de belles lignes sur cette vie communautaire « réelle » où des frères, pas toujours édifiants, nous sont donnés à vivre :

« Pourquoi êtes-vous venu chercher la vie commune dans un cloître, sinon pour vous faire soutenir par les rapports quotidiens que vous auriez avec des hommes qui tendraient comme vous à la perfection ? Sans quoi vous n’aviez qu’à rester dans votre solitude et y garder le genre de vie qui vous eût convenu le plus.

Du moment que vous cherchez la société de certains hommes, pour avoir un plus grand moyen de vous sanctifier, vous devez vous pénétrer de la solidarité que vous avez contractée envers eux. Vous avez demandé à être introduit dans leur compagnie, pour qu’ils pussent vous édifier et vous soutenir ainsi dans votre marche vers les vertus plus parfaites; mais, à votre tour, vous avez quelque chose à leur rendre. Ils vous édifient : édifiez-les de votre côté, et souvenez vous que, si leur conduite vous est une prédication vivante, bien plus puissante que celle de la parole, cette prédication, ils sont en droit de la réclamer de votre part. Que si, au contraire, vous malédifiez, comme votre mauvais exemple sera évidemment suivi et en entraînera d’autres, le résultat sera qu’un certain nombre de religieux tomberont dans la décadence.

Mais, direz-vous, depuis que je suis religieux, que de mauvais exemples n’ai-je pas reçus ? Quoi donc, et que dites-vous là ? Vous vous plaignez d’avoir été victime du mal que vous avez fait, que vous faites tous les jours aux autres ? Depuis quand les fautes de telle ou telle personne peuvent-elles être votre excuse ? C’est vraiment un singulier raisonnement que celui-là. Voyons : vous êtes entré dans la vie d’un couvent pour vous sanctifier en la compagnie de vos frères ; au lieu de cela, vous y trouvez une mauvaise édification ; donc, vous allez vous mettre à malédifier à votre tour. En d’autres termes, on vous donne de mauvais exemples, capables de vous entraîner à la perte de l’esprit religieux, à des défaillances graves, peut-être en enfer. Donc vous allez, sans gêne et en vertu des scandales reçus, vous mettre en train de faire perdre l’esprit religieux aux autres, de les entraîner à des fautes graves, peut-être en enfer ! Admirable raisonnement que celui-là. Mais convenez qu’il n’a pas été inspiré par Notre-Seigneur quand il disait : « Malheur à celui par qui le scandale arrive ! »

Voyez, au contraire, le bien immense que vous pourriez faire, si vous le vouliez un peu fortement. Je vous accorde que certains de vos frères pourraient être plus édifiants. Qu’en concluez-vous, si vous avez l’esprit religieux ? Eh! Peut-être, à la nécessité de bien examiner où l’on entre, mais ensuite de voir aussi quels efforts à faire pour porter nos frères à toute perfection, plus par notre édification que par nos paroles. » (P. d’Alzon, 31° méditation, Écrits spirituels p. 569-570)

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Une réponse à L’Esprit d’Assise

  1. Monique dit :

    Eh ben, il n’y allait pas avec le dos de la cuiller, le bon Père d’Alzon ! Il avait du caractère ! !

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