À la force de l’Esprit !

4 décembre 2011, 2ème  dimanche de l’Avent, année B, Mc 1,1-8 /

« Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ Fils de Dieu » (Mc1,1) Au commencement dela Bonne Nouvelle, l’évangéliste Marc, à travers la figure de Jean-Baptiste, nous dit qu’il y a une démarche de conversion… Mais peut-on se convertir sur commande ? La conversion n’est-elle pas plutôt le résultat d’un regard d’amour du Christ sur nos vies ? La conversion relève-t-elle de notre bonne volonté ou de la grâce agissante en nous ? Jean-Baptiste n’est-il pas, finalement, celui qui nous permettra de passer d’une logique de l’Ancien Testament, à la force de nos poignets, à une logique du Nouveau Testament : à la force de l’Esprit ?

Logique de conversion extérieure !

Jean le Baptiste, dernier des prophètes de l’Ancien Testament, ravive la ferveur des foules, comme l’ont fait bien des prophètes avant lui. Il reprend d’ailleurs les interpellations de Malachie et du second Isaïe, des prophètes des Vème  et VIème siècles av. J.-C. : « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. » (Mc1,3) Et cette prédication, appuyée par l’authenticité de la vie ascétique de Jean-Baptiste, trouve un excellent écho dans le cœur du peuple juif : « Toute la Judée, tout Jérusalem… Tous se faisaient baptiser par lui… en reconnaissant leurs péchés. » (Mc 1,5) Marc nous dit plus loin qu’Hérode lui-même reconnaissait dans le Baptiste un homme juste et saint et qu’il aimait l’entendre. (cf. Mc 6,20) Mais malgré tout, on pressent bien que nous ne sommes-là que du côté de moyens humains extérieurs : une vie ascétique, une conversion des mœurs, un baptême dans l’eau… qui ne semblent pas si efficaces, puisque la foule de Jérusalem supposément « convertie » par Jean-Baptiste réclamera la crucifixion de Jésus quelques années plus tard, tandis qu’Hérode fera couper la tête de Jean. De plus nous savons que certains groupes esséniens, dans la même mouvance « baptiste », pratiquaient ce bain rituel de purification chaque jour ! Mais Jean, lui-même, n’est pas dupe : « moi je vous baptise dans l’eau, lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » (Mc 1,8) Le Baptiste nous indique ce qui relève de notre responsabilité, de notre liberté, de nos pauvres moyens humains pour préparer une conversion tout autre qui nous sera donnée par le Christ !

Logique de Salut !

Nous voudrions donc bien nous convertir une fois pour toutes, mais nous nous en savons totalement incapables ! La seule issue consiste à se laisser convertir par le Christ lui-même. C’est bien ce que nous dit Jean-Baptiste : moi je vous indique quelques moyens humains, mais seul « celui qui est plus puissant que moi » pourra mener à terme votre conversion, ou plutôt, votre salut ! Cela veut-il dire que nous n’avons plus qu’à attendre passivement l’action du Christ en nous ? Bien sûr que non, le « préparez le chemin du Seigneur » est toujours valable. Il s’agit de préparer l’avènement du Royaume en nous et autour de nous, et cela a des implications autant personnelles que sociales ou politiques. Mais attardons-nous à cette dimension particulière de la conversion personnelle qui nous interroge : comment entrer, selon la logique du Salut apporté par le Christ, dans une véritable démarche de conversion ?

À la force de l’Esprit !

Toutes les rencontres de Jésus, dans l’Évangile, l’illustrent : la conversion est le fruit d’une guérison opérée par le Christ lui-même… Encore faut-il pouvoir répondre à la question « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Mc 10,51) Nous abordons souvent la conversion par le mauvais bout : au lieu de vouloir s’attaquer à notre orgueil, à nos manques d’amour, à nos déviances sexuelles, à nos colères, à notre violence, à nos égoïsmes, etc. ne faudrait-il pas s’attaquer plutôt aux racines de ces manifestations de notre être blessé ? Et avant d’en venir à une guérison, il s’agit d’identifier nos blessures : des blessures d’autant plus profondes qu’elles se situent dans notre petite enfance – voire dans notre vie intra-utérine – et qu’elles se sont logées dans notre inconscient. Rejet, abandon, trahison, humiliation, injustice : chacun de nous a été marqué, plus ou moins, par ces types de blessures qui nous empêchent d’aimer et qui expliquent bien des réactions de notre être blessé. Celui qui se sera senti abandonné, non soutenu, qui aura manqué de nourriture affective développera certainement une dépendance affective, une jalousie maladive, sera incapable de fonctionner seul, etc. Ayant repéré ce type de manifestations chez soi, on peut alors demander au Seigneur de venir guérir sa blessure d’abandon, même si nous ne savons pas identifier clairement les origines de cette blessure. Voici peut-être un des lieux où le baptême dans l’Esprit Saint peut opérer : Dieu était présent à ma petite enfance, il connaît mes blessures et peut me les révéler par son Esprit.

Entreprendre une telle démarche, n’est-ce pas préparer le chemin du Seigneur jusqu’à notre cœur ? Passer d’une logique de l’Ancien Testament à une logique du Nouveau Testament, c’est-à-dire d’une conversion extérieure à la force de ma pauvre volonté humaine, à une guérison intérieure à la force de l’Esprit Saint ? Jean-Baptiste nous invite à entreprendre ce chemin en ce temps de l’Avent :

« Celui qui est plus puissant que moi… »

vous guérira de toutes vos blessures,

« …car moi, je vous ai baptisés dans l’eau ;

mais lui vous baptisera dans l’Esprit Saint ! »

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2 réponses à À la force de l’Esprit !

  1. Ma relecture s’arrête sur « une guérison intérieure à la force de l’Esprit Saint » . . .
    Dans ma méditation de l’Avent, je suis en accord avec l’affirmation de Antoine de Saint-Exupéry dans Terre des Hommes :
    « Seul l’Esprit, s’il souffle sur la glaise, peut créer l’Homme. »

  2. En cette fin de l’Avent, j’ai repris ma méditation sur la «Guérison intérieure !» et «À la force de l’Esprit !». De la session d’inter-noviciat, j’ai particulièrement apprécié les explications sur les cinq types de blessures dont nous sommes tous plus ou moins marqués, lesquelles empêchent d’être soi-même. Grâce à la référence, j’ai aussi pris connaissance de l’extrait du livre de la psychologue Lise Bourbeau quant à la source de chaque blessure, du masque protecteur et de la peur liée à la dite blessure.
    Certaines de ces blessures ne me sont pas étrangères ; j’ai donc voulu retenir la manière de tenter de parvenir à identifier des chemins de guérison, non sans escompter sur la force de l’Esprit Saint en l’absence du père René Mihigo, a.a. . . .

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