Guérison intérieure !

Comme je vous le partageais la semaine dernière, la semaine écoulée était consacrée à une session d’inter-noviciat sur la guérison intérieure. Sept congrégations, avec 23 postulant(e)s ou novices, se sont donc retrouvées à Kara (à 1h au nord de Sokodé). L’un ou l’autre des novices craignait une empreinte trop charismatique de cette session, mais le P. René Mihigo, a.a. qui a déjà donné ce type de session à bien des publics différents, a su mener la démarche avec délicatesse en respectant la liberté de chacun… La session nous donna d’abord des outils pour mieux comprendre les cinq types de blessures, dont nous sommes tous plus ou moins marqués, à partir du travail de Lise Bourbeau, psychologue.  La majorité des blessures peuvent se retrouver dans cinq types de blessures : Trahison, Rejet, Abandon, Humiliation, Injustice (moyen mnémotechnique : les initiales forment le mot T.R.A.H.I). Pour chaque type de blessure, le prédicateur nous a présenté la source de ce type de blessure, le masque que l’on met en place pour se protéger, les conséquences de la blessure, la grande peur liée à cette blessure… Je vous renvoie au lien suivant, si la question vous intéresse : http://chezliliane.ca/pagelecture.htm … Le père René, ayant une grande expérience d’accompagnement spirituel pouvait nourrir la théorie de nombreux exemples tirés de la réalité. Dans un deuxième temps il s’agissait d’identifier des chemins de guérison et de pardon, sachant que la session n’était qu’une introduction, qu’une entrée dans une démarche de guérison beaucoup plus longue… Les novices et postulants, et leurs formateurs, ont bien apprécié cette session et, pour la plupart d’entre eux, une véritable guérison intérieure a pu s’initier ou se fortifier (chez celles et ceux qui avaient déjà entrepris le chemin)…

Voir quelques photos de l’Inter-noviciat


Triste nouvelle…

Ce vendredi 2 décembre, nous venons d’apprendre le décès du père Paul Nguyen Van Dong, assomptionniste, et maître des novices à Ba Ria (Viêt-Nam) des suites d’un accident de moto. Agé de 37 ans, Paul venait de commencer l’accompagnement d’une troisième promotion de novices.  Un départ particulièrement douloureux pour la famille puisque le papa est décédé dans les mêmes conditions il y a 12 ans, tandis qu’un des frères de Paul est handicapé suite également à un accident de moto. Je me joints aux frères du noviciat de Sokodé pour formuler mes sincères condoléances à la famille de Paul, aux frères de sa communauté du noviciat de Ba Ria et à tous ses frères assomptionnistes vietnamiens :

Chers frères,

« Je sais, que mon libérateur est vivant, et qu’à la fin il se dressera sur la poussière des morts ; avec mon corps, je me tiendrai debout, et de mes yeux de chair, je verrai Dieu. » Jb 19, 25-26

Les mots nous manquent en apprenant la soudaine disparition de notre frère Paul Dong.

Nous ne savons comment manifester nos condoléances car cette mort si cruelle et si horrible nous touche très profondément et nous bouleverse complètement.

Toute la communauté du Noviciat Saint Augustin de Sokodé(TOGO) souhaite toutes ses sincères condoléances à toute la Province de France, à la famille du frère Paul, à la communauté du Noviciat du Vietnam et à tous nos frères Vietnamiens.

« Le Seigneur détruira la mort pour toujours. Il essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple ; c’est lui qui l’a promis.» Is 25,8

Que par ta miséricorde, Seigneur, Paul repose en paix et que brille sur lui ta lumière sans fin. Amen!

Michel, novice à Sokodé

Extrait de la lettre du père Benoît Gschwind, supérieur provincial, à nos frères du Vietnam :

« Notre frère Dong, celui que j’appelais depuis toujours « Petit Paul », vient de nous quitter. Bien trop vite et bien trop tôt ! Avec vous et comme vous, je le pleure, comme j’ai pleuré avec lui au moment de la mort de son papa dans des circonstances semblables, il y a déjà douze ans. […]

Dong est parti un peu trop vite, par un chemin que nous emprunterons tous quand viendra notre heure. Premier assomptionniste vietnamien à être porté en terre, Dong est parti en éclaireur vers cet Ailleurs où nous serons un jour, avec lui, tous rassemblés à la même Table.

« Oui, Seigneur, c’est Toi qui m’appelles sans cesse à te suivre. C’est Toi qui me présentes à travers des médiations humaines des occasions pour mieux te connaître. C’est Toi, Seigneur, qui m’as tenu à l’Assomption jusqu’à maintenant malgré mes faiblesses et mes indignités. Je t’en rends grâce. Je suis heureux de mes années à l’Assomption et je pense qu’avec Toi je serai heureux en tant qu’Assomptionniste. Je serai content de rapporter à mon pays et à l’Eglise vietnamienne une part de charisme assomptionniste, ce que Tu donnes à l’Eglise et à toute l’humanité. »

Ces mots, Dong les écrivait en 2005, le jour de la Toussaint, en demandant à s’engager définitivement à l’Assomption. Ils ont aujourd’hui pour chacun de nous force de Testament et nous invitent à poursuivre la route commencée avec Dong.

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Une réponse à Guérison intérieure !

  1. Monique dit :

    Je me permets de venir parler un peu puisque tous les autres semblent occupés à se taire… Ce qui me désole beaucoup…

    Une page de Heidegger lue ce matin me connecte directement à vos propos de cet Accueil de dimanche 4 décembre, P. Benoît :

    « Un homme, quand sa vie n’est que peine, a-t-il le droit
    De regarder au-dessus de lui et de dire : Moi aussi,
    C’est ainsi que je veux être ? Oui. Aussi longtemps qu’au cœur
    L’amitié, la pure amitié, dure encore…
    C’est ce que je crois. Telle est la mesure de l’homme. »

    Ce que Heidegger dit sur, et à partir de, ce poème de Hölderlin, est très beau. Il dit ce que lui, Heidegger, en comprend et comment ce poème lui est une nourriture – pouvoir de la poésie ! Je résume : Il est tout à fait permis à l’homme dans le climat de peines qui colore sa vie, à partir de ce climat, à travers ce climat, d’élever le regard vers le ciel. Le regard vers le haut « mesure » toute la distance qui nous sépare du ciel, puisque l’homme demeure en bas, sur la terre. Le regard vers le haut mesure tout l’entre-deux du ciel et de la terre. Cet entre-deux est la mesure assignée à l’habiter de l’homme sur la terre tant qu’il séjourne sur terre. Ainsi le ciel et la terre ne sont plus des opposés mais déjà un « face à face » qui crée pour l’homme un lieu. Le lieu de l’homme, son habitat. Où l’on voit que l’homme n’est pas tout à fait chez lui sur la terre et pas encore dans sa patrie d’origine. Perdre de vue cette dimension, cette mesure, c’est tout perdre. Où l’on voit aussi que ce n’est pas dans l’espace que l’homme vit mais dans un « lieu ». C’est ce lieu qu’il faut caractériser, dont il faut mesurer la dimension…

    – De même que je bâtis mon enseignement sur le « regarder au loin », de même c’est le « pas encore » qui mesure mes initiatives envers l’humain, celui que j’éduque et celui que je suis. Si nous comprenons que cet entre-deux dont parle Heidegger n’est pas une métaphore, alors ce sont nos peurs, nos ressentiments et même notre sentiment d’être indigne, qui sont mis hors-champ (hors-champ comme au cinéma). L’homme, ajoute Heidegger, peut toujours faire obstacle à cette dimension qui est la sienne en tant qu’homme ; il peut la diminuer, la fausser, mais il ne peut s’y soustraire. La plainte, la culpabilité, l’angoisse, le regret, la honte, la bouderie, sont des refus alors que nous sommes « toujours et déjà rapportés à quelque chose de céleste ». Ils sont des retours sur le même alors que l’homme, en tant qu’homme, se doit au désir, au désir de l’autre, au désir de l’Autre. « Moi aussi, c’est ainsi que je veux être… ». Au fond, ce que disent Hölderlin et Heidegger, c’est que l’homme habite le Désir. Voilà son lieu, son habitat. Mais on se voit naïvement habitant un espace géographique et temporel, et c’est sans doute cela, cette fausse perception, qui nous garde souffrant. On se perçoit vivant dans l’opacité terrestre comme une simple chose parmi les choses, alors que nous « sommes » déjà toujours dans la transparence céleste. L’Avent est un bon moment pour méditer cela, il me semble.

    Votre témoignage, P. Benoît, de la démarche que vous venez de faire avec les novices et les postulants manifeste peut-être ce que je viens de dire : il a franchi l’espace jusqu’ici… Non pas, bien sûr, à cause de la magie de l’informatique (quoique…) ; mais bien parce qu’il a eu lieu dans cette « dimension » humaine qui n’est pas étrangère à ce que Hölderlin appelle l’Amitié. Là où je suppose que tous les humains vivent d’un même cœur… La preuve : votre témoignage a influencé, coloré, transformé ma lecture de ce matin ! C’est pas rien !

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