Soyez toujours dans la joie !

11 décembre 2011, 3ème  dimanche de l’Avent, année B, Jn 1, 6-8.19-28 /

Ce troisième dimanche de l’Avent est traditionnellement appelé le dimanche de Gaudete (« Réjouissez-vous ! »), en référence à l’introït de la messe latine, repris dans l’antienne de ce dimanche : « Soyez dans la joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche. » (cf. 1Th 5,16 et Ph 4, 4.5) Aussi est-ce un des deux dimanches de l’année liturgique, avec celui de Laetare en carême, où pour célébrer la joie, les ornements peuvent être roses. Ce dimanche, la joie est clairement mise en lien avec la venue du Seigneur, laissant percevoir qu’il s’agit, non seulement de préparer notre cœur à la fête de Noël, mais plus fondamentalement, de vivre pleinement dela Joie même du Royaume de Dieu en train d’advenir ! « Soyez toujours dans la joie ! »… Mais peut-on commander la joie ? Qu’est-ce qui, en nous, fait obstacle à la joie ? Et comment se maintenir dans la joie ? Suivons la figure de Jean, le Baptiste…

Une joie essentielle !

« Qui a l’épouse est l’époux ; mais l’ami de l’époux qui se tient là et qui l’entend, est ravi de joie à la voix de l’époux. Telle est ma joie, et elle est complète. Il faut que lui grandisse et que moi je décroisse. » (Jn 3,29-30) Jean nous parle d’une joie complète alors que sa vie est loin d’être une partie de plaisir. Prédicateur ascétique, prophète controversé, il ne pourra même pas profiter des disciples qui le reconnaissent comme un vrai prophète puisqu’il les dirige vers un autre que lui, et finalement encore très jeune, vers 30 ans, il sera emprisonné puis décapité. Cette joie qui l’anime n’a donc rien à voir avec une quelconque vie confortable et paisible. N’y-a-t-il pas là un premier secret à recueillir pour une vie heureuse : ne pas garder sa vie pour soi, mais la donner aux autres avec générosité ?… « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir ! » (Ac 20,35) Mais je retiens surtout de la joie de Jean, qu’elle relève d’une joie essentielle qui l’anime : le Seigneur, annoncé par les prophètes, étant là, le monde va pouvoir accéder maintenant à la plénitude promise ! Pour nous autres chrétiens, cette joie essentielle peut se traduire ainsi : puisque le Christ a pris notre condition humaine, puisqu’il a traversé la souffrance et la mort et puisqu’il est ressuscité, aucune souffrance, aucun mal, aucune mort n’a le dernier mot, mais c’est notre Créateur et Sauveur qui a le dernier mot sur toute chose, lui qui est tout amour et nous offre une vie de plénitude ! Cette joie, essentielle et profonde, ne nous évite pas les vagues de surface, les peines, les inquiétudes, les souffrances, mais celles-ci doivent-elles nous ébranler outre mesure ?

Une joie donnée !

 « Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète. » (Jn 15,11) À la veille de sa passion, le Christ veut confier à ses disciples ce qu’il a de plus précieux : sa joie ! N’est-ce pas étonnant ? Et surtout n’est-ce pas réconfortant de prendre conscience que nous n’avons pas à créer la joie, mais à recevoir la joie même de Dieu : « Yahvé ton Dieu est au milieu de toi,  héros sauveur ! Il exultera pour toi de joie, il te renouvellera par son amour ;  il dansera pour toi avec des cris de joie. » (So 3,17) Dieu laisse deviner qu’au plus profond de lui-même il est joie. « Il se réjouit en ses œuvres » (Ps104, 31). Son amour est joyeux, et pour cette raison, toujours neuf, toujours surprenant. Le « Royaume de Dieu », dira l’apôtre Paul, « est joie dans l’Esprit Saint» (Rm 14, 17). Et n’est-ce pas cette joie de Dieu qui a mis Jésus lui-même en route ? Au jour de son baptême dans le Jourdain, il s’entend dire : « Celui-ci est mon Fils bien aimé, en qui j’ai mis mon bon plaisir – toute ma joie –» (Mt, 3-17) Jésus, qui s’est appuyé au long de sa route terrestre sur cette joie, a ensuite confié, à chacun de ses disciples, la joie même de Dieu. Nous avons en nous cette source jaillissante, il nous suffit de dégager ce qui l’encombre ! Une joie, celle de Dieu, donnée pour toujours, nous habite ! Cela n’éclaire-t-il pas le « soyez toujours dans la joie » ?

Une joie à cultiver !

Pour cultiver la joie, ne suffit-il pas alors de se laisser prendre dans ce grand mouvement de la joie de Dieu qui était là à la fondation du monde, qui est présente à notre quotidien, et qui sera là à la plénitude des temps. N’est-ce pas le chemin de joie emprunté par Jean-Baptiste ? Lui qui a poursuivi sa mission même dans la nuit du doute, lui qui renvoie sans cesse vers le Christ, lui qui s’efface pour que le projet de Dieu puisse advenir ? Comment puiser jour après jour à la source de la joie ? Ne serait-ce pas, comme Jean Baptiste, en poursuivant avec ténacité notre mission, même dans l’obscurité ; en nous décentrant de nous-même et en renvoyant toujours au Christ ; en relativisant nos propres soucis et en inscrivant notre vie humblement et avec persévérance dans le grand projet de Dieu pour l’humanité ?

Alors, est-ce possible d’être toujours dans la joie…

…de Dieu ?

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2 réponses à Soyez toujours dans la joie !

  1. Béatrice Pinoncély dit :

    Merci de me parler du décentrage de soi même, tellement difficile à mettre en pratique.
    Merci pour la persévérance, même dans la nuit.
    Merci pour votre fidélité, qui nous vient de si loin.
    Et bon dimanche à vous dans la Joie de Dieu.

  2. Le message du maître est vivifiant mais l’élève reconnaît humblement qu’elle a beaucoup à faire pour dégager de sa vie ce qui l’encombre . . .
    Merci au dévoué messager de la joie de Dieu à qui j’offre mes voeux les meilleurs
    pour Noël et la Nouvelle Année !

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