Montée du Verbe !

18 décembre 2011, 4ème  dimanche de l’Avent, année B, Lc 1,26-38 /

« Comment cela va-t-il se faire ? » (Lc 1, 34) Cette question de Marie, relative à l’Incarnation du Verbe de Dieu en son sein, peut rejoindre nos propres interrogations. Comment le Fils de Dieu, que je reçois à travers les sacrements, peut-il venir demeurer chez moi ? Comment ma vie peut-elle être de plus en plus christiforme pour pouvoir dire comme saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi.» (Ga 2,20) ? Comment le monde peut-il être mené à sa plénitude et laisser naître en son sein le Royaume de Dieu ? Bien sûr il en va du « mystère de la foi », mais Marie nous autorise à poser la question du comment. Et la réponse, j’en suis de plus en plus convaincu, n’est pas du côté d’une intervention extérieure de Dieu mais d’une compréhension plus profonde de notre réalité. Pour le dire autrement, la réponse n’est pas du côté d’une descente du Verbe sur notre Terre, mais d’une montée du Verbe de notre Terre.

Montée du Verbe depuis la Création !

« C’est en lui [le Verbe de Dieu], que tout a été créé dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles et les puissances invisibles : tout est créé par lui et pour lui. Il est avant tous les êtres, et tout subsiste en lui. » (Col 1,16-17) Cela signifie que tout ce qui existe est animé de l’intérieur par le Verbe de Dieu, par le Logos. Autrement dit, rien n’est « le fruit d’un hasard irrationnel, mais est voulu par Dieu et fait partie de son dessein. » (cf. Verbum Domini §8) Depuis le règne minéral jusqu’au règne animal, en passant par le règne végétal, le Verbe de Dieu dirige et guide la Création vers sa plénitude. Celle-ci est animée d’une intentionnalité. Mais attention, cette présence au monde n’a rien d’un panthéisme, d’une présence mêlée et diffuse du divin, d’une âme du monde mais, puisque cette présence est celle d’un Verbe, c’est une présence de sujet, de dialogue, d’offre et de désir. D’où la nécessité d’une nouvelle étape avec la création de l’être humain, car si le Monde, si le Cosmos, a déjà un sens qui l’anime de l’intérieur, il a besoin d’un être raisonnable, co-créateur, libre, pour « le cultiver et le garder » (Gn 2,15).  « Le Cosmos possède les consonnes du Verbe, même s’il attend l’homme pour être vocalisé. »[1] Nous décelons donc dans ce mouvement une montée progressive du Verbe de Dieu, depuis le plus petit élément de la matière, vers l’échelon des êtres inanimés, puis vers les êtres vivants, jusqu’à l’être humain.

Montée du Verbe dans l’histoire humaine !

Nous nous rapprochons ici des textes de ce dimanche. Le récit de l’Annonciation de l’ange à Marie vient couronner l’attente d’Israël : « Il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » (Lc 1,33) Ces paroles faisant écho à de nombreux récits relatifs à l’attente messianique et, notamment, à cette promesse du Seigneur à David (1ère lecture de ce dimanche) : «Je te donnerai un successeur dans ta descendance… Je serai pour lui un père, il sera pour moi un fils. Ta maison et ta royauté subsisteront toujours devant moi, ton trône sera stable pour toujours. » (2S 7,12…16) Toute l’histoire d’Israël prépare donc l’avènement en son sein du Verbe de Dieu… Non pas une descente de Dieu extrinsèque à la réalité d’Israël, mais bien une montée du Verbe de Dieu, de l’intérieur même de ce peuple, préparé depuis des siècles à engendrer le Verbe de Dieu : « Il [le Verbe] était dans le monde, Lui par qui le monde s’était fait… Et Il est venu chez les siens ! » (Jn 1,10)  Marie demandait : « Comment cela va-t-il se faire ? »…  non pas à coup de baquette magique, mais grâce à cette longue et lente montée du Verbe, accompagnée de la puissance de l’Esprit, depuis la plus petite particule de notre Terre, à travers l’avènement de l’être humain, puis d’un peuple, et enfin d’une jeune fille issue de ce peuple, capable enfin d’accueillir, en son sein, le Verbe de Dieu !

Montée du Verbe en nous !

Mais le chemin n’est pas fini, car l’Incarnation du Verbe en Marie, cette jeune fille juive, permettra au Verbe de Dieu de poursuivre sa montée en tout être humain et dans toutes les réalités de notre monde pour les conduire à leur achèvement. N’est-ce pas ce que réalise chaque eucharistie en transformant les fruits de la terre en corps et sang du Christ, et en introduisant, tous ceux qui communient à cette réalité, dans le Corps du Christ ressuscité ? L’eucharistie, et toute la vie sacramentelle, permet au Verbe de Dieu de poursuivre sa montée en chacun de nous ! Non pas par une transformation magique de notre être, mais en nous menant graduellement à l’accomplissement ce que nous sommes depuisla Créationdu monde, soit des êtres capables de Dieu puisque habités depuis toujours par le Verbe de Dieu.

Puisque le Verbe monte de l’intérieur de la Création depuis la fondation du monde…

Puisqu’il monte à travers l’histoire de l’humanité…

Le laisserai-je aussi monter en moi, à l’exemple de Marie,

afin que l’Incarnation du Verbe puisse être menée à son achèvement ?



[1] Cf. Adolphe Gesché, Le Cosmos, Paris, Cerf, 1994

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Une réponse à Montée du Verbe !

  1. S’approcher de Dieu !

    D’accord avec le « mystère de la foi » sans cependant minimiser sur la nécessaire préparation humaine et spirituelle à cette « Montée du Verbe » dans notre tentative
    de « S’approcher de Dieu ! » tout au long des quatre semaines de l’Avent 2011. Merci !

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