Des chercheurs ?

2ème Dimanche, année B, Jn 1, 35-42 /

« Que cherchez-vous ? » (Jn 1,38) Voilà une question qui mérite que l’on s’y arrête ! Si l’on se laisse prendre par la course effrénée des événements, on risque fort de se réveiller un jour, notamment à l’occasion de telle ou telle épreuve, en se demandant ce qu’on a, finalement, fait de sa vie. Aussi, plutôt que de repousser à plus tard les questions essentielles, ne serait-il pas plus sage et plus épanouissant d’accueillir, dès maintenant, cette question de Jésus : « Que cherchez-vous ? » Quelle est la quête de votre vie ? Êtes-vous des chercheurs ? Des chercheurs en quoi ? Des chercheurs de qui ? Des chercheurs avec qui ?

Chercheur en quoi ?

Les deux principaux protagonistes de l’évangile de ce jour étaient disciples de Jean-Baptiste. Ils avaient donc déjà quitté le traintrain d’une vie rangée pour suivre un « guide spirituel » ; or voici que se présente un autre guide spirituel qui semble « plus fort » que le premier et ils se mettent à le suivre… Jésus leur demande alors : «  Mais que cherchez-vous au juste ? »… Et la réponse n’est guère édifiante, un peu comme s’ils ne savaient pas quoi répondre : « Mais au fait, où demeures-tu ? » et Jésus, qui ne se laisse pas désarçonner de répondre : « Venez, et vous verrez. » Ce petit parcours nous renvoie à notre propre parcours. D’abords sommes-nous des chercheurs de vie, de sens, de bonheur ; ou des chercheurs de confort, de plaisir, de tranquillité, de moyens pour fuir la triste réalité… ? Savons-nous, en fait, formuler notre recherche ? Peut-être n’est-ce que de l’ordre d’un malaise, d’un sentiment de ne pas être à notre place dans ce monde… Que cherchez-vous ? La qualité de notre réponse importe peu, car elle peut-être très balbutiante, partielle, passagère mais l’essentiel est de chercher « quelque chose » et non pas « rien » ! Notons que l’évangéliste Jean, comme souvent dans ses textes, nous ouvre une porte pour entreprendre la quête : il nous parle de deux disciples et nous donne le seul nom d’André, ne serions-nous pas ce second disciple, chercheur de « quelque chose » ?

Chercheur de qui ?

La suite du texte est importante : « Ils l’accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. » (Jn 1, 39) Leur réponse balbutiante a donc permis l’essentiel : non pas une réponse toute faite à une question bien formulée, mais le début d’une histoire relationnelle avec le Christ ! Finalement, derrière toutes nos quêtes, superficielles ou partielles, ne se cache-t-il pas une seule vraie quête : d’absolu, de plénitude, de Dieu ? Je ne peux m’empêcher de penser à saint Augustin qui a si bien décrit sa longue quête dans les Confessions : recherche de voluptés dans ses jeunes années, recherche de sens durant ses douze longues années chez les Manichéens, recherche de sagesse à travers la découverte du néoplatonisme et enfin adhésion au Christ : « Bien tard je t’ai aimée, ô Beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard je t’ai aimée. Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors, et c’est là que je te cherchais, et sur la grâce de ces choses que tu as faites, pauvre disgracié, je me ruais ! Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi ; elles me retenaient loin de toi, ces choses qui pourtant, si elles n’existaient pas en toi, n’existeraient pas. » (Confessions X, 27) Reformulons donc notre question : « Qui cherchez vous ? »  et non pas « Que cherchez vous ? », car, en profondeur, ce n’est pas une idée, un état de vie, un bonheur que nous recherchons mais une relation d’amour qui ne finisse pas, c’est-à-dire un être qui nous rend pleinement capable d’aimer et de se laisser aimer pour l’éternité ! Et l’Évangile nous dit que cet amour-là nous ouvre la voie à tous les autres amours de notre vie !

Chercheur avec qui ?

L’autre leçon de ce texte porte sur la façon de découvrir et d’adhérer à Celui que nous cherchons. Ce n’est que par la médiation d’un tiers que le Christ peut se révéler : Jean Baptiste, le médiateur par excellence, indique « l’Agneau de Dieu » et André amène son frère Simon –la future pierre de fondation de l’Église– à Jésus. Même un Paul, qui bénéficie d’une rencontre directe avec le Ressuscité sur le chemin de Damas, sera conduit, via Ananie, à la communauté des croyants. Pour en revenir à saint Augustin qui a cherché durant quinze années sa voie, c’est finalement par le témoignage d’autres convertis – que lui rapporte Ponticianus –  qu’il se convertira lui-même. Et l’on découvre ce merveilleux enchaînement : le récit du jeune homme riche convertit Antoine (le moine du désert), le récit de la vie d’Antoine convertit les amis de Ponticianus, le récit de cette conversion convertit à son tour Augustin, le récit des Confessions d’Augustin convertit (entre autres) Thérèse d’Avila, le récit de la vie de Thérèse d’Avila convertit Édith Stein, etc. Alors, même si nous n’avons pas d’amis proches dont le témoignage nous interpellerait, il ne manque pas de récits de conversion d’autres chercheurs de Dieu pour interpeller notre propre recherche…

Alors, sommes-nous des chercheurs ou des repus ?

Chercheurs de quoi… de Qui… et  avec qui ?

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Une réponse à Des chercheurs ?

  1. Des chercheurs ?

    Du 12 au 17 janvier, l’Internet m’a abandonnée … Voici qu’aujourd’hui,
    tout est revenu à la normale, me faisant réaliser que l’Internet — via
    le Noviciat de Sokodé — s’avère être cette médiation nécessaire à ma
    recherche spirituelle.
    TLV

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