5ème Dimanche, année B, Mc 1,29-39 /
Le passage d’évangile proposé à notre méditation ce dimanche, enchaîne, en quelques lignes, des situations de la vie de Jésus bien différentes les unes des autres. Première scène : la foule, à la suite de la guérison de la belle-mère de Simon, se presse à la porte de Jésus pour être guérie. Deuxième scène : bien avant l’aube Jésus se retire seul dans un endroit désert pour prier. Troisième scène : il explique à ses disciples qu’il lui faut partir ailleurs pour annoncer la Bonne Nouvelle ! Tout le monde cherche Jésus qui se laisse faire, en partie, mais qui finalement échappe à l’emprise des demandes, afin d’ouvrir une autre quête.
Quête première !
« Tout le monde te cherche » (Mc 1,37) Revenant d’un court séjour à Lomé, en milieu « plus chrétien » que Sokodé, j’ai été marqué, une fois de plus par la façon dont on fait appel au Christ, au Seigneur, à Yahvé… Chaque boutique, chaque poids lourd sur la route, chaque entreprise commerciale, chaque Église en appelle à Dieu : « L’école de conduite du Petit Jésus » ; « L’Église de la réussite » ; le « Ça va aller Dieu est Puissant » à l’arrière des véhicules etc. etc. etc. Ce phénomène n’est pas spécifiquement chrétien, puisqu’on retrouve mutatis mutandis, les formules semblables chez nos frères musulmans. Cette simple remarque laisse deviner que cette religiosité n’est pas forcément très christianisée… Chacun invoque « son Dieu » -qui est sensé être le plus fort- pour qu’il le protège et pour lui soutirer quelques grâces. C’est exactement ce qui se passe à l’époque de Jésus. Voici un nouveau guérisseur qui débarque, et toute la foule lui tombe dessus pour être guérie. Le plus étonnant, pour moi, d’une certaine manière, c’est déjà que Dieu accueille ces demandes ambiguës, tout simplement car il prend en pitié ceux qui souffrent et veut leur donner la vie et la joie ! Cette quête première, fondamentale, de protection, de guérison, de bonheur, même si elle ne s’exprime plus de la même manière en Occident, reste bien présente au cœur de chacun d’entre nous : c’est l’homo religiosus qui s’exprime ! Le Seigneur ne dédaigne pas ces demandes, mais nous invite à les dépasser
Quête non comblée !
Dans un deuxième temps Jésus se retire, non pas après avoir guéri tous ceux qui se présentaient à lui, mais bien alors que ses disciples intercèdent : « Tout le monde te cherche »… Il sait bien que ces demandes de guérison, de consolation, de coups de pouce, n’apporteront pas le bonheur plénier recherché en profondeur. Il nous invite donc à déplacer notre recherche. Et cela n’est pas facile ! Lui-même s’interroge certainement puisque la plupart des scènes où Jésus se retire ainsi en prière sont situées juste avant les graves décisions : « Quelle est ta volonté Seigneur dois-je investir toute ma vie pour répondre à ces demandes de guérisons ? » On le sait, le chemin de sa vie ne sera pas celui-là ! Le Salut, c’est-à-dire le bonheur plénier, ne pourra advenir qu’après sa vie, sa passion, sa mort et sa résurrection… Il ne consacrera, finalement, que peu de temps de son existence terrestre à réaliser des guérisons, car l’essentiel n’était pas là. En sommes-nous bien convaincus ? Si Jésus Christ ne répond pas à toutes nos demandes, s’il semble se dérober parfois, n’est-ce pas pour nous inviter à rechercher notre bonheur ailleurs ? À déplacer nos demandes ?
Une autre quête !
« Partons ailleurs… afin que là aussi je proclame la Bonne Nouvelle, car c’est pour cela que je suis sorti ! » (Mc 1,38) C’est à ses disciples que Jésus donne la clef, et le sens de sa vie, et non pas à la foule. Le passage d’une religiosité naturelle à une religiosité christianisée ne peut se faire qu’au sein de la communauté des disciples car, finalement annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, c’est réaliser déjà entre nous cette communion que nous expérimenterons de façon plénière en Dieu. Ce que nous avons à rechercher, c’est donc tout ce qui nous permettra de construire une communion plus grande avec Dieu et avec nos frères. Déjà au sein d’une vraie communauté de disciples, mais en vue d’une communion de toute l’humanité en Dieu. C’est cela le Royaume de Dieu, c’est cela qui ne passera pas !
Alors certes tout le monde cherche Dieu, mais que cherchons-nous en fait ?
Sa protection, des guérisons, des grâces ?
Cette quête première,
restera non comblée
et nous invite à une autre quête !
Merci pour ce beau commentaire de l’Evangile de ce dimanche qui nous invite à aller plus loin dans la purification de notre foi et de notre espérance, et la charité, en nous sortant de nous même, nous propose un bon chemin pour cela…
Bon dimanche…