Faire sauter les verrous !

2eme dimanche de Pâques, année B, Jn 20,19-31 /

« Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient… » (Jn 20,19) et encore « Huit jours plus tard… Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées. » (Jn 20,26) Il est évident qu’au moment où l’Évangile est mis par écrit, ces rencontres des disciples font référence aux assemblées dominicales des premières communautés et, dans le contexte de la persécution, la tentation était grande de verrouiller les portes ! Cette tentation n’est-elle pas toujours bien vivace dans nos communautés ?… Car il y a bien des manières de verrouiller l’accès à Jésus Christ… Verrou du langage… Verrou du fusionnel… Verrou de la peur et du découragement…

Verrou du langage !

Premier verrou à faire sauter : celui du langage ! Le diocèse de Montréal avait diligenté une enquête auprès des non-pratiquants, pour rechercher les raisons de leur désaffection. Or, loin de mettre en avant tel ou tel grief envers l’Église, l’exploration fit ressortir que les rassemblements et célébrations en Église leur étaient passablement étrangers, avec un langage et des préoccupations ne les rejoignant pas du tout. Aussi, pour ne pas perturber ce qui se passait devant eux, mais sans eux, la plupart des personnes préféraient, tout simplement, se retirer sur la pointe des pieds… Voici donc une première façon de verrouiller l’accès au Christ Ressuscité, avec un langage et des préoccupations beaucoup trop marqués par « notre boutique » ! Avant de parler et de donner des réponses, ne faut-il pas d’abord donner la parole, être à l’écoute des préoccupations, des angoisses mais aussi des joies et des espérances de ceux qui nous entourent ? Pensons à la dynamique d’Emmaüs : « De quoi discutiez-vous tout en marchant ? » (Lc 24,17)… La plupart des personnes ont d’excellentes intuitions sur ce qui est essentiel pour leur vie, il suffit de leur permettre d’accéder à cet essentiel et, seulement dans un second temps, de les éclairer par la vie et les paroles de Jésus Christ : « Alors commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait. » (Lc 24,27)

Verrou du fusionnel !

Deuxième verrou à faire sauter : l’illusion du fusionnel ! Que ce soit de notre volonté, ou non, comment voulez-vous qu’un jeune de 20 ans se trouve à l’aise au milieu d’une assemblée dominicale de septuagénaires ? Ou que de nouveaux immigrants, habitués à des assemblées chantantes et dansantes, se retrouvent à l’aise avec notre liturgie beaucoup plus paisible ? Ou encore que des occidentaux renient toute leur tradition culturelle et musicale pour faire place aux jeunes ou aux nouveaux venus ? Tout cela en décourage plus d’un et verrouille l’accès à Jésus Christ… Doit-on pour autant rêver de communauté où tous se sentent à l’aise ? Certainement pas, cela flirterait bien trop avec une recherche de vie fusionnelle qui n’a rien d’évangélique ! Le Christ ne dit pas aux disciples : « Ouvrez votre assemblée à tous », mais : « Allez, je vous envoie ! » Et cet envoi donnera naissance à des communautés bien différentes et bien typées : des communautés judéo-chrétiennes, des communautés pagano-chrétiennes, des communautés syriaques, coptes, arméniennes, etc. Tout à fait dans la logique de l’Incarnation. Je crois profondément que certaines assemblées dominicales se fourvoient en voulant des célébrations qui fassent place à tous… et qui finalement ne font place à personne ! Le but de l’Église n’est pas de créer une super communauté englobante, mais de valoriser des communautés chrétiennes à tailles humaines, avec chacune leur sensibilité propre et capables, de temps à autre, de se rassembler pour célébrer leur unité dans la diversité !

Verrou de la peur et du découragement !

Troisième verrou : celui de la peur et du découragement ! Et il n’est pas facile de s’en débarrasser ! Avez-vous remarqué que, malgré le premier dimanche où Jésus avait apporté la paix aux disciples, répandu sur eux son Esprit Saint et envoyé ceux-ci en mission, ils se retrouvent, huit jour plus tard, exactement dans la même situation : avec les portes de nouveau verrouillées ! Jésus ne semble pas s’en offusquer : il connaît le cœur de l’homme ! Oui nous avons peur de quitter nos habitudes, de sortir vers l’autre, nous sommes parfois gagnés par le découragement en raison de toutes nos initiatives infructueuses… Mais cela n’empêche pas le Ressuscité de nous rejoindre : « Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. » (Jn 20,26) C’est le Christ lui-même qui vient faire sauter ce troisième verrou : « Ne soyez pas paralysés par la peur ou le découragement mais, en toute circonstance que : ‘La paix soit avec vous’ (Jn 20,19.21.26) »

Alors vous sentez-vous capables de faire sauter ces verrous ?

Et plus encore, de laisser le Christ déverrouiller lui-même nos portes closes ?

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3 réponses à Faire sauter les verrous !

  1. Bien que conscients de certains verrous de leur porte d’entrée, les « ressuscités » ont avantage à privilégier l’affirmation d’un futur assomptionniste, Bernard Bamogo :
    « . . . nous regardons vers l’avenir avec courage ! ». TLV

  2. Raymonde Jobidon dit :

    Il est absolument nécessaire comme tu le dis Benoit que nous fassions sauter les différents verrous qu’ils soient du language, du fusionnel et de la peur. Il faut donner la parole à celle\celui qui ne pense pas comme nous, il faut l’écouter avec patience et empathie. Pour celà il faut laisser ses certitudes de côté, prendre conscience que l’on ne possède pas toute la vérité et risquer de s’aventurer hors de sa zone de comfort.
    En écoutant une émission avec un de mes fils, on nous amène dans une église où tout le monde dance, chante et tape des mains. Mon fils me dit: « si tu as une cérémonie de ce genre un jour, j’y viendrai. Comme tu le suggères Benoit il faudrait absolument pouvoir offrir à différents groupes des lieux et des activités où ils se sentiraient à l’aise.. Celà serait-il de la Nouvelle évangélisation ?

  3. Louise Melançon dit :

    Oui, en lisant votre commentaire de l’évangile de ce jour, je pensais: Voilà une piste pour ce qu’on veut faire comme « nouvelle évangélisation »… Au fond, c’est la manière des premiers et premières croyants qu’il faut reprendre aujourd’hui, « renouvelée » comme était l’intention du concile ou de Jean XXIII…???
    Merci pour votre parole de croyant, et de nous faire partager votre vie missionnaire!

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