13ème dimanche, année B, Mc 5, 21-43 /
« Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable, il a fait de lui une image de ce qu’il est en lui-même. » (Sg 2,23) Je vous propose ce verset, tiré du livre de la sagesse –première lecture–, comme clef de lecture pour l’évangile de ce dimanche. Marc relate en effet un double miracle : la guérison d’une femme souffrant depuis douze années de pertes de sang et le retour à la vie de la fille de Jaïre. Au-delà de la maladie et même de la mort, Dieu nous a créés pour une existence impérissable ! Alors ne confondons plus guérison et Guérison ; mort et Mort, vie et Vie !
Guérison ou guérison ?
Dans les deux récits de miracle, l’évangéliste insiste sur la double dimension de la guérison. D’abord à travers les paroles de Jaïre : « Viens lui imposer les mains, pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. » (v.23) ; puis à travers celles de Jésus : « Ta foi ta sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. » (v.34) On le voit sans cesse, dans la plupart des récits de miracle, la guérison physique n’est qu’un acompte, un signe, du salut apporté par Jésus Christ. Cela est fortement marqué, dans le récit de la guérison de cette femme qui, recherchant la guérison physique, va d’abord n’obtenir que celle-ci dans un premier temps, comme dérobée « par derrière » : « À l’instant, l’hémorragie s’arrêta… », puis dans un second temps elle entrera dans une vraie relation avec Jésus : « Elle se jeta à ses pieds et lui dit toute la vérité. » (v.33) ce qui lui vaudra cette fois-ci une parole de salut : « Ta foi ta sauvée ! » Jésus nous invite donc à sortir du magico-religieux, sans nier son existence (puisqu’une force est sortie de lui-même), pour entrer dans une vraie relation avec lui qui, seule, peut apporter le salut. Recherchons-nous la guérison ou La Guérison ?
Mort ou mort ?
On a beau l’entendre dire et redire, il nous est toujours difficile de faire la part des choses entre la mort physique et la mort spirituelle. « L’enfant n’est pas morte : elle dort. » (v.39) expression que nous retrouvons en français : « Il s’est endormi dans la mort. » ; à d’autres moments, Jésus traite ses détracteurs de sépulcres blanchis : « au-dehors ils ont belle apparence, mais au-dedans ils sont pleins d’ossements de morts et de toute pourriture. » (Mt 23,27) Il y a donc des morts qui sont bien Vivants et des vivants qui sont déjà Morts, apparemment en vie mais fondamentalement coupés de Dieu et, donc, sans vie ! Revenons encore à la première lecture de ce dimanche : « La mort est entrée dans le monde par la jalousie du démon, et ceux qui se rangent dans son parti en font l’expérience. » (Sg 2,24) On voit bien ici qu’il ne s’agit pas de la mort biologique « simple transformation de la chrysalide en papillon »[1], puisque tous en font l’expérience, mais de la mort spirituelle, de la séparation de Dieu. L’évangile nous invite donc à grandir dans la foi que « Dieu n’a pas fait la mort, et qu’il a créé toutes choses pour qu’elles subsistent » (Sg 1,13). La mort biologique, elle, n’est que le moyen nécessaire, semble-t-il, pour passer de notre niveau d’existence à un autre niveau d’existence ; un passage, en endormissement, en attendant d’être réveillé, relevé par Dieu… (Dans le grec du Nouveau Testament, le mot « résurrection » n’existe pas comme tel, et ce sont les verbes réveiller (egeirein) ou mettre debout (anistanai) qui servent à l’exprimer). Alors que devons nous craindre la mort biologique ou la Mort spirituelle ?
Vie ou vie ?
Finalement, la Parole de Dieu nous interroge sur ce que signifie être vivant. Que ce soit le livre de la Sagesse, les premiers chapitres de la Genèse ou l’Évangile, tous nous disent qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Être des Vivants n’a rien à voir avec le succès apparent de nos vies, mais avec le fait de se conformer à ce que nous sommes : des enfants de Dieu créés à son image ! Je ne peux que conclure avec ces mots de Christian de Chergé, abbé de Tibhirine, dans son testament spirituel : ‟Ma mort, évidemment paraîtra donner raison à ceux qui m’ont rapidement traité de naïf ou d’idéaliste: « Qu’il dise maintenant ce qu’il en pense ! » Mais ceux-là doivent savoir que sera enfin libérée ma plus lancinante curiosité. Voici que je pourrai, s’il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec Lui ses enfants de l’Islam tels qu’Il les voit, tout illuminés de la gloire du Christ… Cette vie perdue, totalement mienne, et totalement leur, je rends grâce à Dieu qui semble l’avoir voulue tout entière pour cette Joie-là, envers et malgré tout. Dans ce MERCI où tout est dit désormais, de ma vie, je vous inclus bien sûr, amis d’hier et d’aujourd’hui ” Garder sa vie ou la donner, tout est là… L’Évangile nous redit de ne pas confondre vie réussie aux yeux des hommes et Vie réussie aux yeux de Dieu !
« La puissance de la Mort ne règne pas sur la terre » (Sg 1,14)
La Sagesse l’affirmait, Jésus l’a signifié par toute sa Vie…
Alors ne confondons plus guérison et Guérison, mort et Mort, vie et Vie !
[1] Marie-Noëlle Thabut, L’intelligence des Écritures, tome 4, p 185
Mort ou mort ?
13ème dimanche, année B, Mc 5, 21-43 /
« Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable, il a fait de lui une image de ce qu’il est en lui-même. » (Sg 2,23) Je vous propose ce verset, tiré du livre de la sagesse –première lecture–, comme clef de lecture pour l’évangile de ce dimanche. Marc relate en effet un double miracle : la guérison d’une femme souffrant depuis douze années de pertes de sang et le retour à la vie de la fille de Jaïre. Au-delà de la maladie et même de la mort, Dieu nous a créés pour une existence impérissable ! Alors ne confondons plus guérison et Guérison ; mort et Mort, vie et Vie !
Guérison ou guérison ?
Dans les deux récits de miracle, l’évangéliste insiste sur la double dimension de la guérison. D’abord à travers les paroles de Jaïre : « Viens lui imposer les mains, pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. » (v.23) ; puis à travers celles de Jésus : « Ta foi ta sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. » (v.34) On le voit sans cesse, dans la plupart des récits de miracle, la guérison physique n’est qu’un acompte, un signe, du salut apporté par Jésus Christ. Cela est fortement marqué, dans le récit de la guérison de cette femme qui, recherchant la guérison physique, va d’abord n’obtenir que celle-ci dans un premier temps, comme dérobée « par derrière » : « À l’instant, l’hémorragie s’arrêta… », puis dans un second temps elle entrera dans une vraie relation avec Jésus : « Elle se jeta à ses pieds et lui dit toute la vérité. » (v.33) ce qui lui vaudra cette fois-ci une parole de salut : « Ta foi ta sauvée ! » Jésus nous invite donc à sortir du magico-religieux, sans nier son existence (puisqu’une force est sortie de lui-même), pour entrer dans une vraie relation avec lui qui, seule, peut apporter le salut. Recherchons-nous la guérison ou La Guérison ?
Mort ou mort ?
On a beau l’entendre dire et redire, il nous est toujours difficile de faire la part des choses entre la mort physique et la mort spirituelle. « L’enfant n’est pas morte : elle dort. » (v.39) expression que nous retrouvons en français : « Il s’est endormi dans la mort. » ; à d’autres moments, Jésus traite ses détracteurs de sépulcres blanchis : « au-dehors ils ont belle apparence, mais au-dedans ils sont pleins d’ossements de morts et de toute pourriture. » (Mt 23,27) Il y a donc des morts qui sont bien Vivants et des vivants qui sont déjà Morts, apparemment en vie mais fondamentalement coupés de Dieu et, donc, sans vie ! Revenons encore à la première lecture de ce dimanche : « La mort est entrée dans le monde par la jalousie du démon, et ceux qui se rangent dans son parti en font l’expérience. » (Sg 2,24) On voit bien ici qu’il ne s’agit pas de la mort biologique « simple transformation de la chrysalide en papillon »[1], puisque tous en font l’expérience, mais de la mort spirituelle, de la séparation de Dieu. L’évangile nous invite donc à grandir dans la foi que « Dieu n’a pas fait la mort, et qu’il a créé toutes choses pour qu’elles subsistent » (Sg 1,13). La mort biologique, elle, n’est que le moyen nécessaire, semble-t-il, pour passer de notre niveau d’existence à un autre niveau d’existence ; un passage, en endormissement, en attendant d’être réveillé, relevé par Dieu… (Dans le grec du Nouveau Testament, le mot « résurrection » n’existe pas comme tel, et ce sont les verbes réveiller (egeirein) ou mettre debout (anistanai) qui servent à l’exprimer). Alors que devons nous craindre la mort biologique ou la Mort spirituelle ?
Vie ou vie ?
Finalement, la Parole de Dieu nous interroge sur ce que signifie être vivant. Que ce soit le livre de la Sagesse, les premiers chapitres de la Genèse ou l’Évangile, tous nous disent qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Être des Vivants n’a rien à voir avec le succès apparent de nos vies, mais avec le fait de se conformer à ce que nous sommes : des enfants de Dieu créés à son image ! Je ne peux que conclure avec ces mots de Christian de Chergé, abbé de Tibhirine, dans son testament spirituel : ‟Ma mort, évidemment paraîtra donner raison à ceux qui m’ont rapidement traité de naïf ou d’idéaliste: « Qu’il dise maintenant ce qu’il en pense ! » Mais ceux-là doivent savoir que sera enfin libérée ma plus lancinante curiosité. Voici que je pourrai, s’il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec Lui ses enfants de l’Islam tels qu’Il les voit, tout illuminés de la gloire du Christ… Cette vie perdue, totalement mienne, et totalement leur, je rends grâce à Dieu qui semble l’avoir voulue tout entière pour cette Joie-là, envers et malgré tout. Dans ce MERCI où tout est dit désormais, de ma vie, je vous inclus bien sûr, amis d’hier et d’aujourd’hui ” Garder sa vie ou la donner, tout est là… L’Évangile nous redit de ne pas confondre vie réussie aux yeux des hommes et Vie réussie aux yeux de Dieu !
« La puissance de la Mort ne règne pas sur la terre » (Sg 1,14)
La Sagesse l’affirmait, Jésus l’a signifié par toute sa Vie…
Alors ne confondons plus guérison et Guérison, mort et Mort, vie et Vie !
[1] Marie-Noëlle Thabut, L’intelligence des Écritures, tome 4, p 185