16ème dimanche, année B, Mc 6, 30-34 /
La page d’évangile de ce jour convient bien en ce temps de vacances, où Jésus, constatant la fatigue de ses disciples, les invite à se reposer à l’écart. Mais ce constat, dans le même mouvement, se trouve confronté à la réalité des sollicitations de la foule qui ne laissent pas les disciples en paix. Cela correspond bien, finalement, à la réalité de nos vies : comment tenir ensemble nos désirs de quiétude, nos besoins de repos et les sollicitations incessantes de la vie ? Comment prendre soin de soi tout en prenant soin des autres ? Quelle respiration pour notre vie ? Du temps pour soi… du temps pour Dieu… du temps pour les autres… S’agit-il de trouver un sage équilibre de vie ?
Un sage équilibre ?
Si l’on regarde la manière dont Jésus a vécu, on ne peut pas dire qu’il se soit ménagé pour répondre aux diverses demandes, mais, en même temps, les évangiles nous rapportent qu’il savait prendre du temps à l’écart pour sa prière, du temps pour ses disciples proches, du temps avec ses ami(e)s de Béthanie : Marthe, Marie, Lazare. On aurait donc envie d’imiter chez lui ce sage équilibre de vie, mais ce serait sans compter sur la primauté de l’amour d’autrui : « Il fut saisi de pitié envers eux, car ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les instruire longuement. » S’agit-il de compter son temps et de le répartir équitablement entre le temps pour soi, le temps pour Dieu et le temps pour les autres, ou plutôt de rechercher sans cesse l’équilibre de vie qui me permettra de mieux me donner aux autres ? Si je suis irritable, inefficace, las, certainement me faut-il prendre du repos… Si je n’ai plus de goût pour la prière, si je n’ai plus d’énergie pour le service des autres, si je ne vois plus le sens de ma vie, certainement me faut-il prendre du temps pour soigner ma relation à Dieu et ma vie spirituelle… Mais si tout cela est en place, puis-je me ménager dans le service de mes frères sous prétexte d’une vie sagement équilibrée ?
Où trouver sa respiration ?
J’ai bien l’impression d’aller à contre-courant, mais est-ce vraiment en marquant de grandes ruptures, en prenant de grandes vacances, que l’on va trouver son équilibre de vie ? N’y-a-t-il pas là plutôt le risque d’une fuite de la réalité, que l’on retrouvera tristement au retour des vacances en attendant les prochaines… ? À moins de vivre les temps de rupture qui nous sont offerts comme des temps pour apprendre à mieux vivre la grisaille du quotidien… En mettant en place, justement, les temps de respiration de notre quotidien : apprentissage de la relecture (pour venir à l’écart parler à Jésus de nos journées) ; initiation à la lectio divina (pour savoir se nourrir à la Parole de Dieu) ; découverte de telle activité artistique ou physique (pour pouvoir s’arrêter) ; implication dans telle association ou activité d’Église (pour dynamiser notre générosité) ; mise en place de telle ou telle manière de prier (pour redonner saveur à notre prière) etc… Où trouver sa respiration : dans une grande rupture annuelle et/ou dans un quotidien qui ménage des sas pour reprendre souffle ?
Vers le don de soi…
« Reposez-vous un peu… » : L’invitation de Jésus est bien nuancée, le « un peu », souligne bien qu’il s’agit de reprendre souffle dans le but de pouvoir encore mieux se donner. Car est-ce vraiment en se ménageant, en gardant sa vie pour soi que l’on trouvera le bonheur ? « Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. » (Luc 9,24) La vie des saints l’illustre bien : la joie et la respiration de leur vie ne se trouva finalement que dans un don toujours plus grand d’eux-mêmes. C’est peut-être là que se trouve la folie d’une vie chrétienne réussie, dans un don de soi qui nous sort de nous-mêmes et de nos petits tracas pour nous ouvrir toujours plus à la Vie qui se déploie autour de nous. Nous sommes loin ici de tous ces chantres du bien-être qui nous invitent à prendre soin de soi dans un nombrilisme exacerbé. Sommes-nous convaincus que l’épanouissement de notre vie ne peut passer que par un don de soi toujours plus grand ? Ce fut en tout cas le chemin de Jésus Christ, de ses premiers disciples et des saints tout au long de l’histoire… Nous sentons-nous appelés à la sainteté ou à une petite vie bien équilibrée et sage ?
L’Évangile nous brosse rarement dans le sens du poil… Oui nous avons soif de quiétude et de repos mais :
S’agit-t-il de trouver un sage équilibre de vie ?
Où de trouver la respiration pour notre vie ?
Et comment grandir, finalement, dans un don de soi toujours plus grand ?
La respiration du chrétien
16ème dimanche, année B, Mc 6, 30-34 /
La page d’évangile de ce jour convient bien en ce temps de vacances, où Jésus, constatant la fatigue de ses disciples, les invite à se reposer à l’écart. Mais ce constat, dans le même mouvement, se trouve confronté à la réalité des sollicitations de la foule qui ne laissent pas les disciples en paix. Cela correspond bien, finalement, à la réalité de nos vies : comment tenir ensemble nos désirs de quiétude, nos besoins de repos et les sollicitations incessantes de la vie ? Comment prendre soin de soi tout en prenant soin des autres ? Quelle respiration pour notre vie ? Du temps pour soi… du temps pour Dieu… du temps pour les autres… S’agit-il de trouver un sage équilibre de vie ?
Un sage équilibre ?
Si l’on regarde la manière dont Jésus a vécu, on ne peut pas dire qu’il se soit ménagé pour répondre aux diverses demandes, mais, en même temps, les évangiles nous rapportent qu’il savait prendre du temps à l’écart pour sa prière, du temps pour ses disciples proches, du temps avec ses ami(e)s de Béthanie : Marthe, Marie, Lazare. On aurait donc envie d’imiter chez lui ce sage équilibre de vie, mais ce serait sans compter sur la primauté de l’amour d’autrui : « Il fut saisi de pitié envers eux, car ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les instruire longuement. » S’agit-il de compter son temps et de le répartir équitablement entre le temps pour soi, le temps pour Dieu et le temps pour les autres, ou plutôt de rechercher sans cesse l’équilibre de vie qui me permettra de mieux me donner aux autres ? Si je suis irritable, inefficace, las, certainement me faut-il prendre du repos… Si je n’ai plus de goût pour la prière, si je n’ai plus d’énergie pour le service des autres, si je ne vois plus le sens de ma vie, certainement me faut-il prendre du temps pour soigner ma relation à Dieu et ma vie spirituelle… Mais si tout cela est en place, puis-je me ménager dans le service de mes frères sous prétexte d’une vie sagement équilibrée ?
Où trouver sa respiration ?
J’ai bien l’impression d’aller à contre-courant, mais est-ce vraiment en marquant de grandes ruptures, en prenant de grandes vacances, que l’on va trouver son équilibre de vie ? N’y-a-t-il pas là plutôt le risque d’une fuite de la réalité, que l’on retrouvera tristement au retour des vacances en attendant les prochaines… ? À moins de vivre les temps de rupture qui nous sont offerts comme des temps pour apprendre à mieux vivre la grisaille du quotidien… En mettant en place, justement, les temps de respiration de notre quotidien : apprentissage de la relecture (pour venir à l’écart parler à Jésus de nos journées) ; initiation à la lectio divina (pour savoir se nourrir à la Parole de Dieu) ; découverte de telle activité artistique ou physique (pour pouvoir s’arrêter) ; implication dans telle association ou activité d’Église (pour dynamiser notre générosité) ; mise en place de telle ou telle manière de prier (pour redonner saveur à notre prière) etc… Où trouver sa respiration : dans une grande rupture annuelle et/ou dans un quotidien qui ménage des sas pour reprendre souffle ?
Vers le don de soi…
« Reposez-vous un peu… » : L’invitation de Jésus est bien nuancée, le « un peu », souligne bien qu’il s’agit de reprendre souffle dans le but de pouvoir encore mieux se donner. Car est-ce vraiment en se ménageant, en gardant sa vie pour soi que l’on trouvera le bonheur ? « Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. » (Luc 9,24) La vie des saints l’illustre bien : la joie et la respiration de leur vie ne se trouva finalement que dans un don toujours plus grand d’eux-mêmes. C’est peut-être là que se trouve la folie d’une vie chrétienne réussie, dans un don de soi qui nous sort de nous-mêmes et de nos petits tracas pour nous ouvrir toujours plus à la Vie qui se déploie autour de nous. Nous sommes loin ici de tous ces chantres du bien-être qui nous invitent à prendre soin de soi dans un nombrilisme exacerbé. Sommes-nous convaincus que l’épanouissement de notre vie ne peut passer que par un don de soi toujours plus grand ? Ce fut en tout cas le chemin de Jésus Christ, de ses premiers disciples et des saints tout au long de l’histoire… Nous sentons-nous appelés à la sainteté ou à une petite vie bien équilibrée et sage ?
L’Évangile nous brosse rarement dans le sens du poil… Oui nous avons soif de quiétude et de repos mais :
S’agit-t-il de trouver un sage équilibre de vie ?
Où de trouver la respiration pour notre vie ?
Et comment grandir, finalement, dans un don de soi toujours plus grand ?