De quoi vous nourrissez-vous ?

19ème dimanche, année B, Jn 6,41-51 /

La première lecture de ce dimanche nous donne une belle porte d’entrée pour la méditation de l’évangile : Elie découragé par les adversités de sa mission tombe dans le désespoir : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie ! » ( 1R 19,4)… Et quelle est la réponse de Dieu ? Il lui envoie de la nourriture, du pain et de l’eau, par deux fois, en lui disant : « Mange, autrement le chemin serait trop long pour toi ! »(1R 19,7) Ce texte ne vous semble-t-il pas très actuel et très pertinent ? Face aux adversités de la vie, et elles sont nombreuses sous tous les cieux, le découragement, voir le désespoir, peuvent nous atteindre… alors la Parole de Dieu viens nous interroger : Mais de quoi vous nourrissez-vous ?… Le chemin d’une vie humaine est trop long et trop ardu si vous ne vous nourrissez pas correctement !… Quelle est votre nourriture spirituelle ? Nourrissez-vous votre intériorité ? Nourrissez-vous votre réflexion ? Nourrissez-vous votre agir ?

Nourrissez-vous votre intériorité ?

« Moi, je suis le pain de la vie. » (Jn 6,48) La prière, bien sûr, et les sacrements sont les lieux privilégiés pour nourrir notre intériorité, pour reprendre souffle, jour après jour, auprès du Christ. En ce sens, la prière n’est pas le lieu d’un marchandage avec Dieu, de l’ordre du donnant/donnant ou du sacrifice en vue d’obtenir des grâces. La prière est le lieu de notre ressourcement en Dieu. Il s’agit d’y ressaisir notre vie, de la laisser illuminer par le regard d’amour que Dieu pose sur elle afin de pouvoir reprendre le chemin. Face à toutes les tempêtes de nos vies : venir se reposer en Dieu… Lorsque nous doutons de nous-mêmes et que nos blessures se réveillent : reprendre conscience que Dieu nous aime tel que nous sommes… Si la maladie, la souffrance et la mort nous atteignent : se rappeler que le Christ a vaincu tout mal, toute souffrance, toute mort et que le dernier mot revient à la résurrection, à la joie et à la plénitude ! … Enfin, si la marche du monde nous décourage ou nous effraie, nous souvenir que celui-ci « gémit dans les douleurs de l’enfantement » (Rm 8,22) et que le Royaume de Dieu est en train d’advenir… Devenir un être spirituel, nourrir notre intériorité, n’est-ce pas -loin de tous les mirages sur le développement personnel- voir toujours plus le monde, et nos vies, avec le regard de Dieu, ce regard révélé par toute la vie du Christ ? Comment nourrissez-vous votre intériorité ?

Nourrissez-vous votre réflexion ?

Pour le coup,  s’il y a une nourriture qui se périme bien vite, c’est bien celle de notre réflexion intellectuelle, de notre petite compréhension des réalités du monde et encore plus des réalités spirituelles ! « Mange, autrement le chemin serait trop long pour toi. » J’ai toujours été stupéfait par bon nombre de mes contemporains, de tradition familiale chrétienne, qui ont consacré des heures, des années à leur formation professionnelle, technique, scientifique, mais qui pour les « choses de la foi » en sont restés au catéchisme de leur enfance, si bien qu’ils ont vite fait de décrier la foi chrétienne, sans avoir cherché à en comprendre le moindre élément avec une réflexion plus adulte et plus mature… Et même parmi les chrétiens pratiquants, certains craignent de trop bousculer leur foi, par la réflexion ou la théologie… Pourtant, l’évangile nous le répète, une des fonctions essentielle du Christ est de nous instruire : « Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. » (Jn 6,45) Ou encore comme dans l’évangile d’il y a trois semaines : « Jésus fut saisi de pitié envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les instruire longuement. » (Mc 6,34) et ce n’est pas Benoît XVI qui nous démentirait, lui qui insiste tellement sur le dialogue entre la raison et la foi… Au-delà de tous ces arguments, j’en ai fait l’expérience : les chrétiens, les prêtres, les religieux, religieuses qui prennent les moyens de réfléchir leur foi et de lire, tout au long de leur vie, entretiennent une foi vive ; mais celles et ceux qui se contentent du peu qu’ils ont compris s’essoufflent bien vite et essoufflent également ceux qui leur sont confiés ! Voulez-vous tenir pour la longue marche de la vie ? Alors nourrissez sans cesse votre compréhension de la foi !

Nourrissez votre agir !

Troisième pilier pour tenir la longue marche de la vie : une action, un travail, un agir dans le monde qui a du sens ! Je sais bien qu’il n’est pas toujours facile de trouver le métier choisi, mais je crois que l’on peut toujours investir son travail, ses engagements, ses actions de manière à leur donner du sens et à mettre l’humain au cœur de nos vies. Là encore, pour nourrir notre agir, une seule référence s’impose : le Christ. Si nous nous laissons façonner par sa façon d’agir, d’entrer en relation, de servir, alors petit à petit notre vie sera toujours plus unifiée dans toutes ses dimensions. Là encore, les témoignages ne manquent pas de personnes ayant retrouvé goût à la vie, grâce à une expérience existentielle –un pèlerinage à Compostelle par exemple, ou le fait d’avoir côtoyé la mort de près- qui ne les a pas fait changer de vie, mais investir ce qu’ils ont à vivre de manière tout à fait renouvelée ! Comment, sans attendre d’être confronté à la mort, redonner saveur à notre agir jour à près jour ?

Pour tenir la longue marche de la vie…

De quoi nourrissez-vous votre vie intérieure, votre réflexion, votre agir ?

De l’air du temps ou du pain vivant venu du ciel ?

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2 réponses à De quoi vous nourrissez-vous ?

  1. Ma fin de vie a été marquée par trois pèlerinages (2005-2007-2009) dirigés par un Assomptionniste qui a appris à ses pèlerins de bonne volonté à privilégier l’essentiel de toute vie spirituelle.
    De ce pédagogue, devenu Maître des novices à Sokodé en 2010, aujourd’hui encore, j’ai le privilège d’entretenir mon intériorité et ma réflexion grâce à cette même pédagogie, en provenance cette fois, de Togo (Afrique).
    Longue vie à cette parole d’outre-frontière !
    12-08-2012 Thérèse Lesage-Vézina

  2. À la réponse qui précède, il y avait lieu d’ajouter que la messe quotidienne télévisée de la Basilique Sainte-Anne-de-Beaupré (7h a.m. – canal 09) est aussi un acquis pour une réflexion spirituelle.
    Dans le même ordre d’idée, la lecture du mensuel « Prions en Église » publié par NOVALIS sous la responsabilité de Bayard Presse Canada Inc., incluant des extraits tirés de la liturgie des Heures et mention de la fête du jour, a de quoi également à « redonner saveur à notre agir jour après jour ». TLV

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