Une famille à imiter ?

Sainte Famille, année C, Lc 2,41-52 /

La Sainte Famille nous est souvent présentée comme une famille modèle pour nos familles humaines, et l’imagerie populaire de broder facilement sur cette famille exemplaire… Mais la Sainte Famille est-elle réellement imitable ? Si oui, en quoi ? Il ne s’agit pas trop d’inventer une famille dont l’Évangile ne nous parle guère mais de glaner les quelques passages qui évoquent vraiment les relations au sein de la Sainte Famille. Une famille avec ses propres difficultés, une famille avec ses gestes d’amour, une famille à ouvrir…

Une famille avec ses propres difficultés…

D’une certaine manière, la famille de Jésus ressemble bien à nos familles humaines d’aujourd’hui : une « famille recomposée » dont le père n’est pas le géniteur de l’enfant… Un adolescent fugueur pris par ses propres affaires et qui ne se soucie pas trop de ses parents (c.f. l’évangile de ce jour)… Un père absent (ou décédé trop tôt), puisqu’en dehors des récits de l’enfance, on ne parle de lui que de manière très allusive en Matthieu 13,55 :  « Celui-là n’est-il pas le fils du charpentier ? ». On pourrait ajouter à cela les circonstances difficiles de la conception et le questionnement de Joseph ; la fuite en Egypte ; la famille qui veut récupérer Jésus lorsqu’il se met à prêcher (Mt 12,46-50 et parallèles) et qui le considère même comme fou : « Sa famille, l’apprenant, vint pour se saisir de lui, car ils affirmaient : ‘Il a perdu la tête.’ » (Mc 3,21) ; et, enfin, la perte du fils unique, dans les circonstances dramatiques que l’on connaît ! Rien à voir donc avec une famille parfaite et sans problème ! Mais la manière dont la famille de Jésus va traverser ces difficultés, voilà qui nous intéresse !

Une famille avec ses propres gestes d’amour…

Joseph, qui recherche l’attitude juste après la nouvelle de la grossesse de Marie, va d’abord dépasser ses doutes et, éclairé par l’ange, redonner sa confiance à Marie. Voilà plusieurs leçons d’amour pour nos familles humaines : ne pas juger à la hâte, faire appel à la bienveillance, s’arrêter auprès du Seigneur avant de prendre une décision et savoir redonner sa confiance, même si elle a été, ou a semblé, trahie ! Lors de la menace d’Hérode sur la vie de l’enfant, Joseph, de nouveau éclairé par l’ange, va mettre en œuvre son amour protecteur et emmener sa famille à l’abri en Egypte. Les temps de crise ne doivent pas être source de tiraillement dans nos familles mais, au contraire, l’occasion d’un soutien mutuel plus fort et d’une unité plus grande… Lors de la « fugue » de Jésus au temple, et après l’avoir retrouvé, plusieurs gestes d’amour ouvrent de nouveau un chemin à la vie familiale : un dialogue s’installe entre les parents et l’enfant, la parole suffit à faire comprendre la peine des parents et la gravité de cet écart, sans avoir besoin de recourir à une quelconque punition ; l’enfant se soumet de nouveau à ses parents, sans s’entêter à être « aux affaires de son Père » ; et Marie « garde tous ces événements dans son cœur », c’est-à-dire qu’elle reconnaît la part mystérieuse de la vie de son enfant sans vouloir l’enfermer dans ses désirs à elle… À vous de poursuivre la contemplation des gestes d’amour au sein de la Sainte Famille, afin d’inspirer vos propres gestes d’amour.

Une famille à ouvrir…

Dès le départ de cette famille singulière, un hôte, le Tout-Autre, s’invite dans le cercle familial… Ainsi cette famille, malgré les tentations de replis sur sa propre vie interne, comme l’illustrent les passages évoquant « la mère et les frères » qui cherchent Jésus, va sans cesse devoir s’ouvrir, non sans souffrance, au-delà d’elle-même. Jésus accompagnera sa famille sur ce chemin de l’ouverture à l’universalité de la famille humaine : « Qui est ma mère et qui sont mes frères… quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est pour moi frère, sœur et mère. » (Mt 12,48-49) Et cette ouverture à l’autre depuis la fugue au temple, jusqu’à la croix, en passant par les années de prédication sur les routes de Palestine, ne se fera pas sans douleur : « Un glaive transpercera ton cœur » (Lc 2,35), avait annoncé le vieillard Siméon à Marie ! Dans nos sociétés fragilisées, la famille est parfois le dernier refuge, et grande est la tentation d’un repli sur le cercle familial. Comment ouvrir alors notre amour, toujours plus largement, aux dimensions de la famille humaine universelle ?

La Sainte Famille, dans son parcours unique, est-elle imitable ?

Ne nous invite-t-elle pas à inventer notre propre chemin de sainteté :

Savoir traverser nos difficultés familiales en inventant nos propres gestes d’amour

et en nous ouvrant toujours plus à l’universalité de la famille humaine ?

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2 réponses à Une famille à imiter ?

  1. Père Benoît,
    En cette veille de l’an 2013, j’ai apprécié ces voeux empreints de la « trilogie source de vie ».
    Et, également, la méditation sur la famille à imiter que j’ai relue avec ma fille Marie.
    Mes voeux les meilleurs !
    Thérèse L.-Vézina

  2. Josiane dit :

    Merci père Benoit pour cette belle méditation sur la sainte famille que le Seigneur nous invite à imiter.
    Que l’année 2013 nous invite à imiter la Sainte famille et à retrouver la prière dans les familles. Le Seigneur nous à montrer son image à nous de l’imiter si nous voulons vivre dans l’amour. Faisons confiance au Seigneur.
    Mes meilleurs voeux pour l’année 2013. Belle et sainte année
    Josiane

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