Triple saut !

 

5ème dimanche, année C, Lc 5, 1-11  /

Vous connaissez certainement cette discipline olympique qui consiste à aller le plus loin possible à l’aide d’un triple saut… Or, il me semble que Jésus invite à un exercice semblable dans ce récit évangélique d’appel des premiers disciples, et notamment de Simon-Pierre. Oui, l’adhésion au Christ est d’une certaine manière un saut dans le vide, ou plutôt un saut dans la foi, qui nous engage beaucoup plus loin que nous ne le voudrions au départ… Or, il me semble que le Seigneur rend possible ce bond en avant, qui pourrait à juste titre nous affoler, par sauts successifs… Le premier saut consiste à rendre un simple service, le second saut, plus déroutant, demande de se laisser servir, quant au troisième, il est bien plus radical…

Premier saut : rendre service !

Dans un premier temps, Jésus qui a besoin de prendre un peu de recul pour s’adresser à la foule, emprunte la barque de Simon et lui demande de s’éloigner un peu du rivage. À travers cette demande, il fait appel aux compétences de Simon et à sa générosité. Ce chemin n’est-il pas une voie facile à emprunter lorsque nous désirons évangéliser ? La générosité des jeunes, notamment, est souvent au rendez-vous si on les sollicite pour tel ou tel service qui correspond à leurs compétences… Et voici Simon-Pierre qui se retrouve ainsi auditeur de la Parole de Dieu : « De la barque, Jésus enseignait les foules. » (Lc 5,3) De même, celui qui répond à notre invitation de rendre service, peut alors entendre résonner en lui la Parole de Dieu : de façon explicite, si on le met au service dans un contexte ecclésial ou, de façon implicite, à travers l’amour mis en œuvre par son geste d’entraide où il risque fort de recevoir bien plus, humainement, que ce qu’il offre en temps et compétences… En acceptant de se mettre au service de ce Jésus qu’il ne connaît pas, Simon-Pierre se retrouve alors décentré de ses propres soucis : une nuit de pêche infructueuse… Et, bien que Jésus soit conscient de la difficulté, il n’y répond pas tout de suite. Ici encore, cela n’est pas anodin… Dans notre monde où les jeunes cherchent un sens à leur vie, ils demeurent peut-être trop souvent centrés sur leurs petits problèmes qui seraient à relativiser… Passer quelque temps en service, notamment en proximité avec des « pauvres » d’ici ou d’ailleurs, laisser résonner en eux les questions existentielles, peut grandement les aider à restructurer leur propre vie sur des fondements plus solides !

Deuxième saut : se laisser servir !

Mais Simon va être appelé à un second saut : accepter de se laisser aider, de prendre de la distance par rapport à sa façon de voir les choses et de faire confiance à cet inconnu en matière de pêche : « Avance au large, et jetez les filets pour prendre du poisson. » (Lc 5,4) Et les pêcheurs de faire l’expérience de la pêche miraculeuse ! Ce deuxième saut est essentiel : avant de s’en remettre totalement à Jésus, il s’agit de faire une véritable expérience de Salut en Jésus-Christ ! Pour certains, dans un cheminement de nouveaux convertis, cette expérience sera fulgurante, pour d’autres qui ont été conduits vers la foi depuis leur enfance, elle peut se vivre dans une certaine continuité mais, dans tous les cas, cette expérience de salut est essentielle : une guérison intérieure, une expérience de la miséricorde divine, une prise de conscience que nous ne sommes rien sans ce don gratuit de la vie que Dieu nous redonne à chaque instant de notre existence… Il s’agit finalement d’un certain lâcher-prise, de ne plus vouloir être « l’homme fort » capable de maîtriser sa vie de bout en bout, mais de se reconnaître humblement fils ou fille d’un Père plein d’amour, qui nous accompagne sur le chemin, qui nous aime, qui veut nous servir !

Troisième saut : s’engager radicalement !

« Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent. » (Lc 5,11) N’est-ce pas cette conviction de se trouver en contact avec celui qui est source de la Vie, n’est-ce pas l’assurance que cette suite ne va rien enlever à leur vie mais au contraire leur permettre de la vivre en plénitude, qui va décider Simon-Pierre et ses compagnons à tout quitter pour marcher à la suite du Christ ? C’est ce que Benoît XVI mettait en exergue dès le début de son pontificat : « Celui qui fait entrer le Christ [dans sa vie], ne perd rien, rien – absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non ! Dans cette amitié seulement, s’ouvrent largement les portes de la vie. Dans cette amitié seulement, se libèrent réellement les grandes potentialités de la condition humaine. […] Chers jeunes : n’ayez pas peur du Christ ! Il n’enlève rien, et il donne tout. Celui qui se donne à lui, reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ – et vous trouverez la vraie vie».[1]

Oui le Christ nous invite à un saut radical,

Mais ce bon en avant se prépare à la manière d’un triple saut…

Rendre service… Se laisser servir… S’engager radicalement !



[1] Benoît XVI,  Homélie pour la messe inaugurale du Pontificat (24 avril 2005)

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Une réponse à Triple saut !

  1. Sr Claudette Dumont dit :

    Je n’ai pas la capacité physique de faire des sauts: simple, double ou triple. mais dans la vie spirituelle, il y a toujours place pour des dépassements. St-Paul parle d’athlètes pour le Christ, dans le Christ et avec le Christ.
    Merci pour ce beau message sur cette Parole de Dieu. Vive les olympiques avec Jésus, surtout qu’il n’y a pas de compétition avec les autres! Le Seigneur nous conduit personnellement vers le service, vers l’acceptation du service et vers l’engagement avec Lui, pour Lui et en Lui! Un, deux, trois, c’est parti!

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