Évangéliser avec des moyens évangéliques !

 

14ème dimanche, année C, Lc 10, 1…20 /

La semaine dernière, nous lisions que Jésus s’était mis résolument en route vers Jérusalem, plus littéralement qu’il avait « durci sa face » pour avancer vers sa Passion, comme l’annonçait Isaïe à propos du Serviteur souffrant : « Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats… j’ai rendu mon visage dur comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu. » (Is 50,6…7). Aussi précisait-il que celui, qui veut marcher à sa suite, devra suivre le même chemin, celui des renoncements et de la croix, afin de s’ouvrir à un amour plus grand. Conscient de son départ proche, Jésus prépare donc ses disciples à prendre le relais pour annoncer le Royaume de Dieu. Il les envoie deux par deux, à la manière de serviteurs souffrants et non pas de conquérants dominateurs. À l’heure de la Nouvelle Évangélisation, les consignes de ce passage nous sont précieuses : nous ne toucherons pas les cœurs par les moyens coûteux de la propagande moderne, mais uniquement par une actualisation de la figure du serviteur souffrant. On ne peut évangéliser qu’avec des moyens évangéliques, c’est-à-dire modestes, humbles et apparemment inefficaces ; avec trois accents : une pauvreté de moyens, une confiance à toute épreuve, un amour indéfectible !

Une pauvreté de moyens !

Toutes les consignes, que donne Jésus-Christ à ses disciples, ne sont que la transmission de ce que lui-même a vécu. Ne vous êtes-vous jamais étonnés du fait que Dieu, venant sur Terre pour sauver l’humanité, prenne des moyens apparemment si dérisoires ? Il aurait pu embraser le ciel, faire trembler les montagnes, abattre des armées, etc… mais cela n’aurait certainement pas permis de révéler vraiment qui il est ! C’est donc à travers Jésus de Nazareth, sans ressources, accompagné de quelques pêcheurs galiléens que Dieu a agi et s’est révélé : « N’emportez ni argent, ni sac, ni sandales… » Et pourtant, lorsqu’on voit les moyens déployés parfois pour organiser des grands rassemblements, pour posséder des chaînes de télévisions –surtout chez certains de nos frères protestants–, pour utiliser tous les moyens modernes et chers de publicité, ne peut-on pas s’interroger ? Si Jésus s’était incarné à notre époque, aurait-il pris des moyens si différents de ceux qu’il prit il y a deux mille ans ? Ce n’est pas si sûr… Car, ce que le Christ a surtout favorisé, c’est la rencontre personnelle, authentique, vraie, la seule capable de sauver ! Croyez-vous que lorsque Mère Theresa de Calcutta s’est mise à soigner les plus miséreux, les mourants, les intouchables, elle se soit inquiétée de sa publicité ? Et pourtant, n’est-elle pas aujourd’hui mondialement connue ? Et l’on pourrait prendre bien d’autres exemples parmi les saints. Méfions-nous toujours des moyens excessifs et prenons à cœur le souhait de notre pape François : « Ah, comme je voudrais une Église pauvre et pour les pauvres ! »[1]

Une confiance à toute épreuve !

Là encore Jésus dit à ses amis : « Le disciple doit se contenter d’être comme son maître, et le serviteur d’être comme son seigneur. Si le maître de maison s’est fait traiter de Béelzéboul, ce sera bien pire pour les gens de la maison. » (Mt 10,25). « Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. »(Lc 10,3) L’annonce de l’Évangile essuiera forcément, de tout temps, des refus, des oppositions. Notre ardeur pour l’annonce de l’Évangile ne doit donc pas être troublée par les échecs ou les souffrances, il s’agit pour nous de remplir notre tâche avec sérénité : « Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous la secouons pour vous la laisser. Pourtant sachez-le : le règne de Dieu est tout proche. » (Lc 10,11) L’apparente inefficacité de l’annonce de l’Évangile nous configure à la croix du Christ car, d’un point de vue humain, finir crucifié après trois petites années de prédication c’est vraiment un échec… Mais « si le grain ne meurt il ne peut porter du fruit » (cf. Jn 12,24)… Il s’agit donc bien de semer la graine de l’Évangile et de la laisser féconder notre monde de l’intérieur… Ne nous soucions donc pas trop de prendre des moyens efficaces pour la Nouvelle Évangélisation, car l’efficacité ne se mesure pas à vue humaine !

Un amour indéfectible !

Enfin, le critère ultime pour l’annonce de l’Évangile, et pour ne pas devenir des fanatiques ne se souciant nullement des moyens pour atteindre leur but, est bien celui de l’amour qui doit motiver toutes nos actions. Voulons-nous annoncer l’Évangile pour remplir notre mission, pour faire grandir l’Église, pour obtenir une récompense ? Non, non et non ! Nous voulons annoncer l’Évangile par amour de celles et ceux à qui l’on s’adresse : pour les libérer, pour les guérir, pour les restaurer dans leur pleine dignité humaine… « Je vous envoie comme des agneaux… Guérissez les malades… Dites Paix à cette maison… » Le critère de l’amour doit vraiment être au-dessus de tous nos choix… C’est bien ce qui conduisit Jésus jusqu’à la croix !

Oui, à l’heure de la Nouvelle Évangélisation, rappelons-nous que nous ne pouvons véritablement évangéliser qu’avec des moyens évangéliques :

la pauvreté, la confiance et l’amour,

au risque de l’inefficacité apparente !

 



[1] Pape François, discours lors de l’audience du samedi 16 mars 2013 accordée aux représentants des moyens de Communication.

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Une réponse à Évangéliser avec des moyens évangéliques !

  1. Thérèse L.-Vézina dit :

    Merci de l’ajout de l’encyclique en son entier et des extraits pertinents des articles 5 et 7.
    TLV

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