16 mars 2014, 2ème dimanche de carême, année A, Mt 17,1-9 /
L’événement de la transfiguration se situe sur le chemin de Jésus et des disciples vers Jérusalem, c’est-à-dire vers la Passion… Luc précise d’ailleurs que Moïse, Elie et Jésus « s’entretenaient de son départ » ! Ce moment de gloire sur la montagne permet à Jésus, on peut le supposer, d’être affermi dans sa marche vers la Passion, dans son choix de vivre sa mission jusqu’au don de sa vie. Ce sera aussi un moment important pour Pierre, Jacques et Jean, qui pourront puiser, dans cet événement, les ressources nécessaires pour interpréter ce qu’ils vont vivre pendant et après la Passion. Lorsque l’on dit de Jean, au tombeau vide : « il vit et il crut », nous comprenons bien que l’événement de la Transfiguration, en lien avec son compagnonnage de Jésus sur les routes de Palestine, a participé à ouvrir en lui le chemin de la foi ! Quand Pierre devra témoigner de sa foi, il s’appuiera également sur cet événement : « Car ce n’est pas en suivant des fables sophistiquées que nous vous avons fait connaître la puissance et l’Avènement de notre Seigneur Jésus Christ, mais après avoir été témoins oculaires de sa majesté. Il reçut en effet de Dieu le Père honneur et gloire, lorsque la Gloire pleine de majesté lui transmit une telle parole: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur. » Cette voix, nous, nous l’avons entendue; elle venait du Ciel, nous étions avec lui sur la montagne sainte. » (2 P 1,16-18)
Eh bien je crois qu’il en va de même pour nous : de quelles transfigurations, moments fondamentaux pour notre foi, avons-nous été ou sommes-nous témoins ?
Transfigurations sur la montagne !
Certainement que, dans votre parcours de foi, vous vous souvenez d’un ou de quelques moments fondamentaux où vous vous avez pu « contempler la gloire de Dieu », ressentir sa présence, accéder à une conviction profonde… Etait-ce au cours d’une retraite, d’une marche dans la nature, d’un grand rassemblement chrétien, du passage dans une communauté, d’une prière intime au fond de votre chambre, d’une épreuve traversée ?… Surtout, n’oubliez jamais ce moment-là, rappelez-le à votre mémoire, savourez-le… C’est d’ailleurs souvent après coup, dans la relecture différée que ce genre d’événement prend sens. Comme pour Pierre, Jacques et Jean qui sur le coup n’avaient pas bien compris ce qui se passait et balbutiaient un peu n’importe quoi : « Il ne savait pas ce qu’il disait. » (Lc 9, 33) Ce temps de carême est un temps favorable pour monter sur la montagne, et peut-être bénéficier d’un moment de grâce : nous ne pouvons pas l’obtenir sur commande, mais nous pouvons nous offrir un cadre propice à une telle rencontre… Ne nous privons pas de monter sur la montagne !
Transfigurations dans la vie courante !
Mais, en-dehors de ces moments précieux, nous pouvons cultiver notre regard pour déceler la gloire de Dieu autour de nous : dans un visage « transfiguré », dans un sourire, dans un paysage qui nous coupe le souffle, dans une musique qui nous transporte bien au-delà de notre condition terrestre et de nos misères. Notre fondateur, le P. d’Alzon, prêcha ainsi sur un vieux curé, un certain soir : « M. Matton était fort laid : un nez, ou mieux, une trogne épanouie sur une petite figure ronde de la forme et de la couleur d’une tomate, avec deux petits yeux noirs percés à la vrille ; et tout cela, couronné de cheveux blancs mal peignés, à moitié couverts d’une vieille calotte de cuir. Ce portrait est exact. Qu’en pensez-vous ? Eh bien! Je vous dis franchement que plusieurs fois j’ai vu ce prêtre en prière, surtout pendant son action de grâces; je me suis mis à genoux aussi près que possible et obliquement, afin de contempler la beauté de cette physionomie et la sainteté de son expression. J’ai été là, témoin d’une vraie transfiguration… Car la vraie beauté est le reflet de l’âme. Plus l’âme est perfectionnée, plus l’expression extérieure est belle. » Ici, il est encore plus simple de monter sur la montagne : nous ne pouvons prendre le prétexte du manque de temps, du manque de moyen, il suffit de cultiver en nous un regard contemplatif, pour voir au-delà de ce qui se donne à voir ; de sentir au-delà de ce qui se passe autour de nous ; d’entendre au-delà de ce qui se dit… Afin de percevoir la beauté d’une âme, un silence qui parle, le mystère divin qui se rend palpable…
Oui, ne refusons pas de monter sur la montagne, de faire des expériences de transfiguration ou d’en être témoin chez d’autres, ils sont nécessaires à notre vie spirituelle, à notre vie humaine dirais-je tout simplement… Il sera toujours temps, ensuite, de redescendre de la montagne, de démonter nos tentes et de nous plonger dans le travail des ouvriers du Royaume.
En ces temps parfois déboussolés, n’est-il pas urgent de s’offrir ces moments précieux d’intimité avec le Seigneur, ces moments de transfigurations ?
Loin de nous éloigner de nos frères,
ils nous préparent à la rencontre et au service !
Transfiguration et transfigurations !
16 mars 2014, 2ème dimanche de carême, année A, Mt 17,1-9 /
L’événement de la transfiguration se situe sur le chemin de Jésus et des disciples vers Jérusalem, c’est-à-dire vers la Passion… Luc précise d’ailleurs que Moïse, Elie et Jésus « s’entretenaient de son départ » ! Ce moment de gloire sur la montagne permet à Jésus, on peut le supposer, d’être affermi dans sa marche vers la Passion, dans son choix de vivre sa mission jusqu’au don de sa vie. Ce sera aussi un moment important pour Pierre, Jacques et Jean, qui pourront puiser, dans cet événement, les ressources nécessaires pour interpréter ce qu’ils vont vivre pendant et après la Passion. Lorsque l’on dit de Jean, au tombeau vide : « il vit et il crut », nous comprenons bien que l’événement de la Transfiguration, en lien avec son compagnonnage de Jésus sur les routes de Palestine, a participé à ouvrir en lui le chemin de la foi ! Quand Pierre devra témoigner de sa foi, il s’appuiera également sur cet événement : « Car ce n’est pas en suivant des fables sophistiquées que nous vous avons fait connaître la puissance et l’Avènement de notre Seigneur Jésus Christ, mais après avoir été témoins oculaires de sa majesté. Il reçut en effet de Dieu le Père honneur et gloire, lorsque la Gloire pleine de majesté lui transmit une telle parole: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur. » Cette voix, nous, nous l’avons entendue; elle venait du Ciel, nous étions avec lui sur la montagne sainte. » (2 P 1,16-18)
Eh bien je crois qu’il en va de même pour nous : de quelles transfigurations, moments fondamentaux pour notre foi, avons-nous été ou sommes-nous témoins ?
Transfigurations sur la montagne !
Certainement que, dans votre parcours de foi, vous vous souvenez d’un ou de quelques moments fondamentaux où vous vous avez pu « contempler la gloire de Dieu », ressentir sa présence, accéder à une conviction profonde… Etait-ce au cours d’une retraite, d’une marche dans la nature, d’un grand rassemblement chrétien, du passage dans une communauté, d’une prière intime au fond de votre chambre, d’une épreuve traversée ?… Surtout, n’oubliez jamais ce moment-là, rappelez-le à votre mémoire, savourez-le… C’est d’ailleurs souvent après coup, dans la relecture différée que ce genre d’événement prend sens. Comme pour Pierre, Jacques et Jean qui sur le coup n’avaient pas bien compris ce qui se passait et balbutiaient un peu n’importe quoi : « Il ne savait pas ce qu’il disait. » (Lc 9, 33) Ce temps de carême est un temps favorable pour monter sur la montagne, et peut-être bénéficier d’un moment de grâce : nous ne pouvons pas l’obtenir sur commande, mais nous pouvons nous offrir un cadre propice à une telle rencontre… Ne nous privons pas de monter sur la montagne !
Transfigurations dans la vie courante !
Mais, en-dehors de ces moments précieux, nous pouvons cultiver notre regard pour déceler la gloire de Dieu autour de nous : dans un visage « transfiguré », dans un sourire, dans un paysage qui nous coupe le souffle, dans une musique qui nous transporte bien au-delà de notre condition terrestre et de nos misères. Notre fondateur, le P. d’Alzon, prêcha ainsi sur un vieux curé, un certain soir : « M. Matton était fort laid : un nez, ou mieux, une trogne épanouie sur une petite figure ronde de la forme et de la couleur d’une tomate, avec deux petits yeux noirs percés à la vrille ; et tout cela, couronné de cheveux blancs mal peignés, à moitié couverts d’une vieille calotte de cuir. Ce portrait est exact. Qu’en pensez-vous ? Eh bien! Je vous dis franchement que plusieurs fois j’ai vu ce prêtre en prière, surtout pendant son action de grâces; je me suis mis à genoux aussi près que possible et obliquement, afin de contempler la beauté de cette physionomie et la sainteté de son expression. J’ai été là, témoin d’une vraie transfiguration… Car la vraie beauté est le reflet de l’âme. Plus l’âme est perfectionnée, plus l’expression extérieure est belle. » Ici, il est encore plus simple de monter sur la montagne : nous ne pouvons prendre le prétexte du manque de temps, du manque de moyen, il suffit de cultiver en nous un regard contemplatif, pour voir au-delà de ce qui se donne à voir ; de sentir au-delà de ce qui se passe autour de nous ; d’entendre au-delà de ce qui se dit… Afin de percevoir la beauté d’une âme, un silence qui parle, le mystère divin qui se rend palpable…
Oui, ne refusons pas de monter sur la montagne, de faire des expériences de transfiguration ou d’en être témoin chez d’autres, ils sont nécessaires à notre vie spirituelle, à notre vie humaine dirais-je tout simplement… Il sera toujours temps, ensuite, de redescendre de la montagne, de démonter nos tentes et de nous plonger dans le travail des ouvriers du Royaume.
En ces temps parfois déboussolés, n’est-il pas urgent de s’offrir ces moments précieux d’intimité avec le Seigneur, ces moments de transfigurations ?
Loin de nous éloigner de nos frères,
ils nous préparent à la rencontre et au service !