30 mars 2014, 4ème dimanche de carême, année A, Jn 9,1-41 /
Ce long passage d’évangile qui relate la guérison d’un aveugle de naissance met en scène, en fait, la question d’une vie éclairée par la lumière de la foi ou d’une vie guidée par de faibles lueurs, voire par les ténèbres… Ceux qui croient être éclairés ne le sont pas toujours, alors que ceux qui reconnaissent leurs manques de clairvoyance et la nécessité de se laisser guider par l’Esprit de Dieu, avancent avec sûreté : « Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » (Jn 9,39) La question est : croyons-nous pouvoir mener notre vie seul, avec notre seule capacité intellectuelle ou sommes-nous conscient d’avoir besoin d’être guidé par Dieu lui-même pour une vie bonne et réussie ? Mais arrêtons-nous d’abord sur la figure de cet aveugle né, prototype du croyant.
Le prototype du croyant
J’admire la pédagogie de ce texte qui nous montre l’évolution de cet aveugle guéri ! Au premier interrogatoire, il répond timidement : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue… ‘Où est-il ?’… ‘Je ne sais pas.’». Au second interrogatoire, il est beaucoup moins neutre : « C’est un prophète ! ». Au troisième interrogatoire, il s’engage avec hardiesse : « Serait-ce que vous aussi vous voulez devenir ses disciples ? ». Enfin, lors de son ultime rencontre avec Jésus, il passe de son statut d’homme guéri à celui d’homme croyant : « ‘Crois-tu au Fils de l’homme …lui qui te parle ? ’ : ‘Je crois, Seigneur !’ et il se prosterna devant lui. » Oui, admirons cette figure de croyant, elle nous interpelle : ne bénéficions-nous pas, nous aussi, de nombreux bienfaits de la part du Seigneur ? Peut-être qu’au départ, nous n’y voyons que des bienfaits de la nature ou du hasard, sans remonter à leur Auteur… Mais une rencontre avec le Seigneur peut bousculer notre vie, éclairer notre regard, et nous permettre de voir, au-delà des créatures, le Créateur. Le monde n’est plus, alors, une matière qui se déploie au gré du hasard, mais le Royaume de Dieu en train de se déployer, un projet de bonheur et de plénitude pour notre Monde.… Cet enracinement, dans la foi, ne doit-il pas nous rendre hardi pour témoigner de cette grande joie qui éclaire notre vie ?
Une lumière à redécouvrir
En fait, le meilleur commentaire de ce texte serait certainement l’encyclique, à quatre mains, du pape François : Lumen Fidei – « La lumière de la foi »-. Au tout début de ce texte, le pape nous dit : « Aussi il est urgent de récupérer le caractère particulier de lumière de la foi parce que, lorsque sa flamme s’éteint, toutes les autres lumières finissent par perdre leur vigueur. La lumière de la foi possède, en effet, un caractère singulier, étant capable d’éclairer toute l’existence de l’homme. Pour qu’une lumière soit aussi puissante, elle ne peut provenir de nous-mêmes, elle doit venir d’une source plus originaire, elle doit venir, en définitive, de Dieu. » (n°4) Cela n’illustre-t-il pas merveilleusement notre passage d’évangile ? : « Si vous étiez des aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : ‘Nous voyons !’ votre péché demeure. » Autrement dit, si vous reconnaissiez votre aveuglement, vous pourriez accueillir la lumière de Dieu (comme on s’empresse de trouver une source d’éclairage lorsqu’il y a coupure de courant et que nous sommes plongés dans les ténèbres), mais si vous dites que vous voyez, alors que vous êtes dans les ténèbres, vous risquez fort de vous taper la tête dans le mur en croyant qu’il y avait une porte à cet endroit. C’est bien le drame de nos sociétés modernes qui semblent parfois foncer tête baissée dans un mur !
« Vivez en fils de la lumière ! »
« Autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière ; vivez comme des fils de la lumière – or la lumière produit tout ce qui est bonté, justice et vérité -» (Ep 5,8-9) Voici donc l’itinéraire du croyant : une rencontre qui change tout (la foi), une lumière qui éclaire notre vie (l’espérance) et, finalement, un agir transformé (la charité). Le texte d’évangile ne nous dit pas ce qu’est devenu l’aveugle guéri, mais c’est à travers l’itinéraire des premiers disciples qu’on peut le deviner. Paul, un des plus éminents d’entre eux, nous dit ce que cette lumière de la foi doit changer dans nos vies : nous devons produire ce qui est bon, juste et vrai. Nous voyons bien là le dialogue incessant que Paul instaure avec la sagesse des hommes, puisqu’on y retrouve quasiment les trois tamis de Socrate. Nous voyons donc qu’être porteurs de la lumière de la foi, ce n’est pas croire que nous sommes les seuls détenteurs de la vérité et se placer en donneurs de leçon, mais reconnaître aussi tout ce qui est bon chez les non-croyants ou les autres croyants et travailler avec eux à un monde plus beau, comme le pape François nous y invite sans cesse.
Oui, nous qui avons la chance d’avoir deux yeux qui fonctionnent bien,
Croyons-nous que cela est suffisant pour guider nos pas dans la vie,
Ou accepterons-nous d’avancer grâce à la puissante lumière de la foi ?
La lumière de la foi
30 mars 2014, 4ème dimanche de carême, année A, Jn 9,1-41 /
Ce long passage d’évangile qui relate la guérison d’un aveugle de naissance met en scène, en fait, la question d’une vie éclairée par la lumière de la foi ou d’une vie guidée par de faibles lueurs, voire par les ténèbres… Ceux qui croient être éclairés ne le sont pas toujours, alors que ceux qui reconnaissent leurs manques de clairvoyance et la nécessité de se laisser guider par l’Esprit de Dieu, avancent avec sûreté : « Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » (Jn 9,39) La question est : croyons-nous pouvoir mener notre vie seul, avec notre seule capacité intellectuelle ou sommes-nous conscient d’avoir besoin d’être guidé par Dieu lui-même pour une vie bonne et réussie ? Mais arrêtons-nous d’abord sur la figure de cet aveugle né, prototype du croyant.
Le prototype du croyant
J’admire la pédagogie de ce texte qui nous montre l’évolution de cet aveugle guéri ! Au premier interrogatoire, il répond timidement : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue… ‘Où est-il ?’… ‘Je ne sais pas.’». Au second interrogatoire, il est beaucoup moins neutre : « C’est un prophète ! ». Au troisième interrogatoire, il s’engage avec hardiesse : « Serait-ce que vous aussi vous voulez devenir ses disciples ? ». Enfin, lors de son ultime rencontre avec Jésus, il passe de son statut d’homme guéri à celui d’homme croyant : « ‘Crois-tu au Fils de l’homme …lui qui te parle ? ’ : ‘Je crois, Seigneur !’ et il se prosterna devant lui. » Oui, admirons cette figure de croyant, elle nous interpelle : ne bénéficions-nous pas, nous aussi, de nombreux bienfaits de la part du Seigneur ? Peut-être qu’au départ, nous n’y voyons que des bienfaits de la nature ou du hasard, sans remonter à leur Auteur… Mais une rencontre avec le Seigneur peut bousculer notre vie, éclairer notre regard, et nous permettre de voir, au-delà des créatures, le Créateur. Le monde n’est plus, alors, une matière qui se déploie au gré du hasard, mais le Royaume de Dieu en train de se déployer, un projet de bonheur et de plénitude pour notre Monde.… Cet enracinement, dans la foi, ne doit-il pas nous rendre hardi pour témoigner de cette grande joie qui éclaire notre vie ?
Une lumière à redécouvrir
En fait, le meilleur commentaire de ce texte serait certainement l’encyclique, à quatre mains, du pape François : Lumen Fidei – « La lumière de la foi »-. Au tout début de ce texte, le pape nous dit : « Aussi il est urgent de récupérer le caractère particulier de lumière de la foi parce que, lorsque sa flamme s’éteint, toutes les autres lumières finissent par perdre leur vigueur. La lumière de la foi possède, en effet, un caractère singulier, étant capable d’éclairer toute l’existence de l’homme. Pour qu’une lumière soit aussi puissante, elle ne peut provenir de nous-mêmes, elle doit venir d’une source plus originaire, elle doit venir, en définitive, de Dieu. » (n°4) Cela n’illustre-t-il pas merveilleusement notre passage d’évangile ? : « Si vous étiez des aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : ‘Nous voyons !’ votre péché demeure. » Autrement dit, si vous reconnaissiez votre aveuglement, vous pourriez accueillir la lumière de Dieu (comme on s’empresse de trouver une source d’éclairage lorsqu’il y a coupure de courant et que nous sommes plongés dans les ténèbres), mais si vous dites que vous voyez, alors que vous êtes dans les ténèbres, vous risquez fort de vous taper la tête dans le mur en croyant qu’il y avait une porte à cet endroit. C’est bien le drame de nos sociétés modernes qui semblent parfois foncer tête baissée dans un mur !
« Vivez en fils de la lumière ! »
« Autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière ; vivez comme des fils de la lumière – or la lumière produit tout ce qui est bonté, justice et vérité -» (Ep 5,8-9) Voici donc l’itinéraire du croyant : une rencontre qui change tout (la foi), une lumière qui éclaire notre vie (l’espérance) et, finalement, un agir transformé (la charité). Le texte d’évangile ne nous dit pas ce qu’est devenu l’aveugle guéri, mais c’est à travers l’itinéraire des premiers disciples qu’on peut le deviner. Paul, un des plus éminents d’entre eux, nous dit ce que cette lumière de la foi doit changer dans nos vies : nous devons produire ce qui est bon, juste et vrai. Nous voyons bien là le dialogue incessant que Paul instaure avec la sagesse des hommes, puisqu’on y retrouve quasiment les trois tamis de Socrate. Nous voyons donc qu’être porteurs de la lumière de la foi, ce n’est pas croire que nous sommes les seuls détenteurs de la vérité et se placer en donneurs de leçon, mais reconnaître aussi tout ce qui est bon chez les non-croyants ou les autres croyants et travailler avec eux à un monde plus beau, comme le pape François nous y invite sans cesse.
Oui, nous qui avons la chance d’avoir deux yeux qui fonctionnent bien,
Croyons-nous que cela est suffisant pour guider nos pas dans la vie,
Ou accepterons-nous d’avancer grâce à la puissante lumière de la foi ?