Science et foi… Détente et ascétisme…

Renaud (novice) et El Hadj Bako

Renaud (novice) et El Hadj Bako

            Mercredi dernier, 26 mars, une nouvelle conférence s’est tenue dans le cadre de l’Espace d’Alzon, au Centre Culturel Saint Augustin, le sujet en était le suivant : « Science et foi sont-elles en opposition ou convergent-elles pour une meilleure compréhension de la religion ? » Le sujet était proposé et présenté par El Hadj BAKO, un ami musulman familier du Centre Culturel. Le conférencier nous a dit avec insistance que l’Islam favorise la science et la réflexion et qu’un musulman éclairé vit mieux sa foi qu’un illettré.  Il a donc plaidé pour que science et foi s’épaulent : la science s’appuyant sur des vérités expérimentales et la foi sur des vérités révélées, mais toutes deux cheminant vers une même vérité. Le débat a fait apparaître certaine différences, notamment une recherche de concordisme, au sein de l’Islam qui cherche à faire correspondre les dits du Coran avec les découvertes de la science, alors que du côté chrétien on insiste plutôt aujourd’hui sur la différence de statut entre une affirmation issue de la science et une affirmation issue de la foi. Ainsi, les textes bibliques sur la Création sont de type mythologique et cherche à répondre à des questions existentielles, sur le sens de la vie : D’où vient la vie ? Pourquoi le mal ? Pourquoi la mort ? Dieu existe-t-il ? Pourquoi l’être humain est-il sexué ? Quel rapport au monde ? etc… Ces textes nous disent donc des vérités existentielles et non pas des vérités scientifiques sur le comment de la Création, il n’y a donc pas à chercher à faire correspondre ces mythes, ces contes, avec des vérités scientifiques (c’est cela que l’on appelle le concordisme)…

Une petite partie de l'assemblée

Une petite partie de l’assemblée

Les conflits surgissent entre science et foi quand chacun empiète sur son domaine : lorsque les croyants prétendent dire le vrai ou le faux des découvertes scientifiques ou lorsque les scientifiques prétendent dire le vrai ou le faux sur les questions existentielles… Le lieu de contact qui peut porter du fruit aujourd’hui est celui de l’éthique, la foi en dialogue avec les philosophies humanistes, peut interroger les bienfaits de telle ou telle découverte scientifique : peut-on tout se permettre du moment que cela est possible ?  Bref, le débat, s’est poursuivi sur bien d’autres points : une soirée encore fructueuse pour se mettre à l’écoute les uns des autres et en particulier entre chrétiens et musulmans.

 ________________

Détente et ascétisme…

Sur le barrage

Sur le barrage

     Pourquoi ce titre bizarre, tout simplement parce que nous avions programmé, en communauté, une journée de détente en plein vendredi de carême… Cela pourrait sembler incongru et pourtant… Se mettre d’accord déjà pour se donner du temps ensemble, accepter quelques concessions pour faire plaisir aux uns et aux autres, passer une journée ensemble où l’on se découvre sur un autre mode, tout cela n’est-il pas foncièrement au service de l’amour fraternel et donc tout à fait dans l’ordre des « efforts » de carême ?

Visite des installations

Visite des installations

Vendredi dernier nous nous sommes donc déplacés à Nangbeto, où se trouve le barrage hydroélectrique, géré par le Togo et le Bénin sur le fleuve Mono. Après quatre heures de route nous avons donc pu visiter, en détail, les installations de cette centrale hydroélectrique. Nous avons mieux compris les problèmes de « délestage » de courant dont nous souffrons régulièrement. En effet, la capacité de production dépend du niveau du lac artificiel, qui lui-même dépend des pluies de l’année… Chaque année, vers la fin de la saison sèche, le niveau est trop bas pour permettre l’exploitation, à ce moment, nous dépendons des importations du Nigeria et du Ghana, qui sont elles-mêmes de source hydroélectrique, et donc avec la même baisse de régime à la même période que nous…

Vue d'ensemble

Vue d’ensemble

Je crois savoir, par ailleurs, qu’une centrale thermique à Lomé, pouvant fonctionner au gaz, au fioul lourd et au diesel, complète également le dispositif… On nous annonce une nouvelle centrale hydroélectrique, toujours sur le fleuve Mono, dont les travaux devraient débuter en 2015 et la mise en service en 2018… mais, évidemment, avec la même période creuse de mi-mars à mi-juin environ. Enfin nous avons appris que les deux dernières années furent plutôt mauvaises en termes de quantité de précipitations, le barrage n’ayant pas atteint sa capacité maximale…

Novices en natation

Novices en natation

La suite de la journée, s’est passée à la piscine, du côté des résidences des cadres de la centrale hydroélectrique. Ce fut un très bon temps de fraternité, où les formateurs, tous nageurs, ont cherché à transmettre leurs connaissances aux novices, tous novices en natation… Et c’est là où revient l’ascétisme, car, imprudemment, nous n’avions pas prévu de crème solaire, et nous voici marqués au fer rouge de la brûlure du soleil pour quelques jours pénibles… Mais cette journée valait bien ce prix à payer…

Quelques uns se débrouillent...

Quelques uns se débrouillent…

Ce contenu a été publié dans Accueil. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Science et foi… Détente et ascétisme…

  1. Monique dit :

    Y s’en passe des choses chez vous, P. Benoît ! Que de gros « dossiers » ! Et on se promène aussi ! Y s’embêtent pas, vos novices ! Le Carême, dans votre bled, n’est plus ce qu’il était !

    Votre billet sur le concordisme islamiste m’a fait un peu peur. De même que le concordisme tout court, en fait. Peur parce que ce « raccourci » intellectuel est la voie royale pour toutes les tyrannies, finalement. L’histoire est pleine de cet abus, un dénommé Galilée, pour ne citer que lui, en a déjà fait les frais. Je ne connaissais pas le nom mais ce que ce nom révèle, on le connaît. Mais le connaît-on vraiment ? Plus je pense à votre billet, plus je crois que cette tentation est commune à bien des confessions, à bien des personnes au-dessus de tout soupçon aussi.

    Vous dites, Benoît : « Le lieu de contact qui peut porter du fruit aujourd’hui est celui de l’éthique ». Vous avez sans doute raison de dire ça et on aimerait le croire, mais moi, je dirais, à vue de nez, que l’éthique aujourd’hui n’est pas tant un lieu de dialogue que le nouveau terrain de jeu où deux solitudes s’affrontent. Le croyant du concordisme est seul dans son monde utopique (fondamentaliste ?), et le scientifique est assuré d’être le seul à avoir raison. Mais il faut nuancer : les découvertes de la sciences qui en éthique sont susceptibles de favoriser le dialogue sont en fait des découvertes technologiques. Or la technologie ne porte que sur le comment, vous le faites voir aussi d’une certaine manière. La science, c’est une tout autre affaire et les grands scientifiques ne manquent pas qui avouent bien humblement que passé un certain seuil « scientifique », on se bute au… Mystère. Et que c’est ainsi, la science étant ce qu’elle est… Sur le terrain de jeu du technologique, les sophistes ont beau jeu. C’est ça qui fait peur. De faux dialogues sophistiques, on connaît ça depuis 2 500 ans au moins. Mais ça plaît…

    D’autre part, quand vos croyants, Benoît, de quelque allégeance qu’ils soient, s’engagent dans un dialogue qui interroge sur « les bienfaits de telle ou telle découverte scientifique » pour en venir à poser la question (de la liberté) : « Peut-on tout se permettre du moment que cela est possible ? Ou pas ? », alors ils sont sur le terrain non de la foi, non de la science, mais de la philosophie – laquelle, comme il a été proposé il y a plusieurs siècles, n’est-ce pas, est la servante de la théologie. Disons médiatrice, si le mot servante choque. La philosophie, en tant que telle, est le terrain neutre où le scientifique et le croyant peuvent s’engager dans une recherche commune – dialectique – sur la vérité probable des savoirs concernant nos vies contingentes, nuancées de mille manières et liées au temps et à mille circonstances. « Je suis moi et ma circonstance », disait le philosophe espagnol Jose Ortega. Mais pour réussir cela, il faut temporairement abandonner l’habitude d’avoir raison et investiguer honnêtement sans esprit de clocher. Ça, c’est pas facile…

    J’admire, et j’envie, le fait de vos soirées de partage entre chrétiens et musulmans, soirées amicales si je comprends bien, qui ne peuvent être que fructueuses, comme vous dites. Elles sont une belle école !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *