Sors de ton tombeau !

6 avril 2014, 5ème dimanche de carême, année A, Jn 11,1-45 /

« Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. » (Jn 11,15) À travers cette remarque de Jésus, nous voyons clairement que la résurrection de Lazare est avant tout un signe pour les disciples, pour la foule présente et pour nous. Jésus n’est pas venu pour « revivifier » les morts, il n’y a que trois cas dans les évangiles ! Mais pour nous offrir la vie en plénitude ! Lazare devra bien mourir de nouveau pour passer de cette vie à la vie en Dieu… À travers ce signe, donc, Jésus nous indique qu’il est maître de la vie et de la mort, qu’il veut nous libérer de nos liens, nous faire sortir de nos tombeaux, c’est-à-dire de tout ce qui nous empêche de vivre pleinement selon la vie de Dieu ! Interrogeons-nous : quels sont ces tombeaux, ces liens dont le Seigneur veut nous libérer ?

Refus de pardonner !

Un des plus puissants liens qui nous empêche de vivre, c’est le refus de pardonner ! « Non, çà, je ne le pardonnerai jamais ! » Pourtant quand on y réfléchit un peu, on se rend compte que refuser de pardonner c’est permettre au mal qu’on nous a fait de poursuivre son emprise sur nous. C’est comme permettre au geste ou à la parole qui nous a blessés de se reproduire sans cesse et de nous maintenir sous son emprise. Alors oui, le plus grand cadeau que l’on puisse se faire c’est pardonner à celui qui nous a offensé. Pour y parvenir il faut bien sûr demander la grâce de Dieu, mais aussi changer notre regard sur nos « ennemis ». Car, finalement celui qui m’a blessé est lui-même blessé par la vie, il ne sait pas aimer, il n’arrive pas à aimer comme il le voudrait profondément… Prendre conscience de cela, n’excuse pas le geste commis mais permet de le comprendre et de susciter en moi plutôt de la compassion que l’esprit de rancune et de vengeance… Cela vous semble-t-il de belles paroles en l’air ? Pourtant ils sont nombreux à témoigner de cette véritable libération vécue suite à un pardon finalement offert… Nous étions la semaine écoulée en Internoviciat autour du thème de la relecture de son histoire affective et de la guérison intérieure, et les conditions ont permis à plusieurs de vivre ce genre de pardon, ce qui les a grandement libérés… Désirons-nous être nous aussi délivré de ce tombeau de la rancune et de la vengeance ?

Replis sur nous même !

Un autre tombeau dans lequel on s’emmure nous-même, c’est le repli sur soi, la carapace que l’on cultive, la recherche de son bonheur sans les autres. Que d’énergie déployée pour construire son petit bonheur de façon égoïste alors que le seul moyen de trouver le véritable bonheur c’est de rendre les autres heureux autour de soi ! Voici encore un tombeau dont le Seigneur veut nous sortir… Ouvrez les portes, sortez de votre confort, faites-vous violence pour rejoindre vos frères : vous n’y perdrez rien, vous y gagnerez tout ! Le beau message du pape François pour le 1er janvier 2014, nous redisait combien « la fraternité est une dimension essentielle de l’homme qui est un être relationnel. » Et que seul Dieu peut nous aider à grandir en fraternité : « La fraternité a besoin d’être découverte, aimée, expérimentée, annoncée, et témoignée. Mais c’est seulement l’amour donné par Dieu qui nous permet d’accueillir et de vivre pleinement la fraternité. » Lazare était enfermé seul dans son tombeau, le voici rendu à la fraternité de Marthe, de Marie, de Jésus… Désirons-nous, nous aussi être rendus à la fraternité qui nous est essentielle ?

Manque de confiance et d’espérance dans le Seigneur !

La troisième dimension qui nous empêche de vivre, c’est cette désespérance quotidienne qui anéantit notre élan de vie et nous fait baisser les bras. Ce que nous allons vivre les jours à venir lors du triduum pascal, c’est, au contraire, la célébration de la victoire du Seigneur sur tout mal, sur toute haine, sur toute mort ! Croyons-nous vraiment que le Seigneur est maître de la vie et de la mort, qu’il est plus fort que tout esprit de malfaisance, qu’il peut nous libérer de tout ce qui est source de mort en nous ? Si oui alors avançons joyeux sur le chemin de la vie, profitons de chaque instant pour donner du bonheur autour de nous, pour consoler, pour redonner confiance… Ne nous laissons pas arrêter par toutes sortes d’épreuves, elles font partie de notre chemin d’apprentissage d’une vie toujours plus configurée à celle du Christ. En ce temps de carême, demandons au Seigneur de raviver notre confiance et notre espérance, en l’autre, en l’humanité, au projet de Dieu pour notre monde et en sa victoire sur toute force du mal ! Marthe et Marie avait une confiance mitigée dans le Seigneur : « Si tu avais été là… » qui se déploie, cependant, en une confiance plus grande : « Mais je sais que, maintenant encore, Dieu t’accordera tout ce que tu lui demanderas. » Oui demandons à Dieu de nous sortir de nos tombeaux de désespérance…

Reconnaissons les forces de mort qui nous habitent :

Refus de pardonner, replis sur nous même, manque d’espérance…

Et accueillons la parole du Seigneur pour nous aujourd’hui :

… « Sors de ton tombeau et reviens à la Vie » !

 

 

 

 

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Une réponse à Sors de ton tombeau !

  1. Daniela et Christian Sacy dit :

    C’est vrai que de ne pas pardonner nous enferme dans une prison. Mais pardonner, ne me vient pas de façon ‘naturelle’. Quand quelqu’un me blesse j’ai besoin de demander la grâce, pour arriver à pardonner.
    Daniela

    J’en sais quelque chose!!!

    Christian

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