Manger la vie du Christ !

22 juin 2014, Saint sacrement du Corps et du Sang du Christ, année A, Jn 6,51-58/

Fête du Saint Sacrement

Fête du Saint Sacrement

En cette fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ, la liturgie nous invite à méditer un texte qui n’est pas si facile à comprendre : « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’Homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. » (Jn 6,53) Jésus sait bien que ce qu’il veut dire n’est pas facile à comprendre puisque dans notre court passage, il répète et reformule cela neuf fois ! Et on connaît la réaction à ce discours : « ‘Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ?’… ‘Ce qu’il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter !’…  A partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en allèrent et cessèrent de marcher avec lui. » (Jn 6,52.60.66). Bien sûr nous avons, nous, la clef de lecture de l’eucharistie, mais cela ne résout pas toutes nos questions. Que signifie manger la chair, alors que nous ne mangeons pas de la « viande » ? Que signifie boire son sang ? Comment manger, comment communier ?

Communier à la chair et au sang du Fils de l’Homme ?

Pour mieux comprendre ce que Jésus désigne par sa chair, nous pouvons partir de l’article du Credo : « Je crois en la résurrection de la chair ! » Nous savons que la matière de notre corps d’ici-bas, elle, disparaitra, recyclée par la nature… La résurrection de la chair ce n’est donc pas la résurrection de notre « viande ». La chair, il faut la comprendre au sens de tout ce qui donne chair à notre vie… C’est comme si nous naissions avec un corps plus ou moins nu (car il est déjà chargé des désirs, des refus de nos parents et de toutes sortes d’héritages familiaux) et que la vie serait ce temps où nous allons lui donner chair ! Comment ? Eh bien par toutes les expériences de nos vies, toutes les relations, tout le travail, etc… que nous aurons faits au terme de notre vie. Il suffit de contempler le visage ridé d’un vieillard et son regard habité de tout ce que fut sa vie pour comprendre comment sa vie est riche de tout son vécu, comment sa vie a pris chair ! Voilà ce qui ressuscite au terme de notre vie, cette chair, ce potentiel dont s’est chargé notre être durant la vie et auquel le Seigneur va redonner vie dans un corps spirituel. Manger la chair du Fils de l’homme consiste donc à donner une chair à notre vie qui soit semblable à ce qui donna chair à la vie du Christ : une vie toute donnée à son Père et aux Hommes, une vie d’amour pour les plus petits, mais aussi pour les riches, pour les pécheurs, pour les êtres fragiles ; une vie au service de la vérité, de la paix de la justice ; une vie miséricordieuse ; la vie finalement d’un être tellement passionné de l’homme et de Dieu qu’il ne la gardera pas pour lui mais la livrera jusqu’à la croix. Voilà ce que fut sa chair, voilà comment il versa son sang, voilà ce à quoi nous devons communier !

Recevoir le Saint Sacrement comme un viatique pour la route !

Alors oui nous avons l’eucharistie, mais loin d’être un lieu magique, qui nous obtiendrait de façon automatique la vie éternelle, c’est plutôt le lieu où nous recevons la force de l’Esprit, la force du Saint Sacrement pour pouvoir vivre tout au long de nos jours ce que nous célébrons. Par notre communion à la chair et, à certaines occasions, au sang du Christ à travers les espèces du pain et de vin, le Christ renouvelle le don de sa vie pour nous, le Christ nous fait participer à son Corps de ressuscité, le Christ nous donne les moyens de donner une chair à notre vie, semblable à ce que fut la chair de sa vie. L’eucharistie dominicale, pourrait-on dire, dure deux semaines : nous célébrons à l’eucharistie ce que nous avons vécu la semaine précédente et ce que nous aurons à vivre la semaine qui suit.

Communier par toute notre vie à la vie du Christ !

Saisirons-nous cette semaine pour quitter ce qui est par trop mortel en nous et pour donner, à nos journées, une chair qui puisse ressusciter ? Si nous nous mettons, comme le Christ, au service de la vérité, si nous luttons contre les fausses rumeurs, si nous donnons du temps pour soutenir nos frères et sœurs en difficulté, si nous soignons notre confiance en Dieu par la prière quotidienne alors oui, petit à petit, notre vie ressemble un peu plus à celle du Christ, alors oui nous communions à sa chair. Mais si nous passons notre temps à mentir, à médire, à accorder crédit aux rumeurs, à mettre des bâtons dans la vie des autres, à recourir aux charlatans et féticheurs dans les difficultés, alors petit à petit notre vie prend la chair d’un autre : celle du démon, du diviseur, du Mal… et nous aurons beau faire semblant de communier à la vie du Christ cela ne sera que mensonge !

Recevons fréquemment le Corps du Christ pour nourrir notre vie,

mais, loin d’une pensée magique,

communions par toute notre vie à la vie du Christ !

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2 réponses à Manger la vie du Christ !

  1. Thérèse L.-Vézina dit :

    J’ai beaucoup apprécié votre propos au sujet de la «résurrection de la chair» et «notre corps spirituel» et je vous cite :
    « La chair, il faut la comprendre au sens de tout ce qui donne chair à notre vie … […].
    … toutes les expériences de nos vies, toutes les relations, tout le travail etc … que nous aurons fait au terme de notre vie. »
    Sans aucun doute, je prendrai le temps de relire vote message en son entier. Merci !

  2. Daniela et Christian Sacy dit :

    C’est la première fois qu’on entend parler de ‘chair’ en ces termes. Pendant qu’on le lisait on se disait qu’on allait l’imprimer pour le garder à porter de main. Pour nous en tout cas c’est vraiment révolutionnaire.

    On apprécie beaucoup Benoît, que malgré tout le travail que tu as, tu trouves le temps de nous faire partager tes réflexions. Pour nous c’est précieux.

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