Pour tous les peuples…

17 août 2014, 20ème Dimanche année A, Mt 15,21-28/

À l’heure où certains veulent dresser les peuples, les religions, les nations, les uns contre les autres, il est essentiel de réentendre le projet de Dieu pour sa Création : un projet de Salut, de Communion, de Paix, de Bonheur pour tous les peuples de la Terre, sans exclusive !

Un projet de Salut pour tous !

 « Ma maison s’appellera ‘Maison de prière pour tous les peuples’. » (Is 56,7) Comment ne pas penser aux rassemblements d’Assise, en 1986, autour de Jean-Paul II et, en 2011, 25 ans plus tard, autour de Benoît XVI, où des représentants des grandes religions du monde et même des agnostiques se sont retrouvés  pour prier côte à côte et/ou dialoguer, tout simplement. Songeons encore à ce passage de la première épitre à Timothée : « Je recommande donc, avant tout, qu’on fasse des demandes, des prières, des supplications, des actions de grâces pour tous les hommes, pour les rois et tous les dépositaires de l’autorité, afin que nous puissions mener une vie calme et paisible en toute piété et dignité. Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur, lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (1Tm 1,2-4) Ou encore, à propos du centurion romain, un païen, comme la cananéenne de l’évangile de ce jour : « Jésus fut dans l’admiration et dit à ceux qui le suivaient: ‘En vérité, je vous le dis, chez personne je n’ai trouvé une telle foi en Israël. Eh bien ! Je vous dis que beaucoup viendront du levant et du couchant prendre place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des Cieux.’ » (Mt 8,1-11) Alors que le passage de ce jour pourrait sembler ambigu, c’est bien dans cette logique de l’ensemble de la Parole de Dieu qu’il faut le lire. Comme chrétiens, il est de plus en plus urgent d’être convaincus de ce projet de communion, de salut, de dialogue entre tous les peuples et toutes les religions et d’en être de fervents acteurs envers et contre tous les diviseurs, les semeurs de haine et les théoriciens du conflit de civilisations.

Hors de l’Église, plein de Salut !

J’emprunte cette expression à l’ouvrage de Richard Bergeron[1]. L’histoire est un peu longue, mais en résumé, l’adage « Hors de l’Église, point de Salut » fut utilisée au départ par saint Cyprien (III° siècle), non pas à propos des non-chrétiens, mais à propos de ceux qui quittaient l’Église. Cette maxime est donc d’abord à usage interne. Elle rappelle, à juste titre, qu’on ne peut pas être chrétien tout seul. Le salut chrétien implique une participation à la vie du Corps entier qu’est l’Église. Par ailleurs tout au long de l’histoire de l’Église, celle-ci a affirmé que tout être humain peut obtenir le Salut, du moment qu’il suit sa conscience et a une conduite droite et bonne. La nouveauté, depuis le concile Vatican II, même si l’on trouvait cela déjà chez certains pères de l’Église, tient en ce que l’Église reconnaît que non seulement tout être humain peut, individuellement, obtenir le Salut, mais que, de plus, les grandes religions peuvent aider leurs membres à cheminer vers une conduite droite et bonne et donc les aider sur ce chemin du Salut. Les non-chrétiens ne sont plus sauvés malgré leur religion mais aussi grâce à leur religion ! Hors de l’Église, il y a donc plein de Salut !

L’Église, sacrement du Salut !

Cela veut-il dire que toutes les religions se valent ? Non ! Mais, qu’on ne peut pas dire que les autres religions ne valent rien ! Pour résumer ici une question complexe, on doit tenir plusieurs choses : D’abord que, pour nous chrétiens, le Christ est l’unique médiateur entre Dieu et les hommes, donc quelle que soit l’appartenance des uns et des autres, ils passeront, d’une manière ou d’une autre, par le Christ pour être sauvés. Car le Christ n’est pas un fondateur de religion parmi d’autres, il est Dieu, une des trois personnes de la Trinité, celui qui peut incorporer les hommes à lui pour les mener en Dieu. Ainsi, tout homme qui vit l’amour du prochain, participe mystérieusement à la vie du Christ : « Ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! » (Mt 25) Deuxièmement, nous devons dire que l’Église, n’est pas le seul lieu de Salut, mais qu’elle est « sacrement du Salut », c’est-à-dire un moyen efficace pour nous incorporer à la vie du Christ et donc pour être sauvé, même s’il y a d’autres moyens pour cela. Enfin, chaque religion est à la fois le lieu de la recherche des hommes pour connaître Dieu et répondre à ses attentes et un lieu où Dieu cherche à se faire connaître. Ainsi, chaque religion tâtonne et répond imparfaitement aux attentes de Dieu, le seul lieu où la recherche des hommes et le désir de Dieu se rencontrent parfaitement, c’est en Jésus Christ ! Tout n’est donc pas vrai, ni faux dans les religions, tout n’y est pas bon ou mauvais mais tout doit être évalué selon l’Évangile, selon la vie du Christ ! À priori, le christianisme devrait avoir une longueur d’avance sur les autres religions, puisqu’il bénéficie de la plénitude de la révélation en Jésus Christ, mais encore faut-il que la façon dont il vit et incarne cette révélation corresponde au plus près à l’Évangile. L’histoire de l’Église nous a laissé voir des hauts et des bas dans cette mise en œuvre de la vie des disciples du Christ.

Oui, Dieu veut que tous les hommes et tous les peuples soient sauvés !

Ainsi hors de l’Église il y a plein de Salut…

Mais la plénitude de la révélation en Jésus Christ,

fait de l’Église le moyen privilégié pour accueillir le Salut de Dieu !

Sommes-nous prêt à l’offrir, à tous les peuples ?

À l’offrir… et non à l’imposer !…

[1] Richard Bergeron, Hors de l’Église, plein de salut. Pour une théologie dialogale et une spiritualité interreligieuse. Collection « Spiritualités en dialogue »,  Montréal/Paris, Médiaspaul, 2004. 221 p.

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