Une sérénité est-elle possible ?

Benoît Joseph Labre

Benoît Joseph Labre

     Des temps difficiles ! Plusieurs éditoriaux se lamentent de la conjoncture actuelle et du flot de mauvaises nouvelles qui a émaillé « notre été » – ici ce serait plutôt notre saison des pluies – : EI (devenue Daesh) ou Boko Aram ; Le conflit en Ukraine et ses relents de guerre froide ; Ebola dont on parle surtout quand un occidental est touché ! ; Une vie politique de plus en plus dépréciée par les citoyens de base ; Sans parler des tristes nouvelles économiques, écologiques ou climatiques au quotidien… Dans notre monde globalisé ces nouvelles nous frappent de plein fouet alors, beaucoup de personnes, ayant reçu leur dose maximale de mauvaises nouvelles, décident de faire la sourde oreille, de s’occuper à autre chose, de se replier sur leur petit monde réel ou virtuel.

      Et je m’interroge : comment vivre cette réalité en chrétien ? Faire l’autruche certainement pas… Se laisser envahir et démoraliser par ce flot de mauvaises nouvelles, pas très utile non plus… Se replier sur son réseau local, et faire ce que l’on peut à notre niveau, certainement, mais est-ce suffisant et moralement justifiable ? Je n’ai pas de recette miracle ou de leçon de morale à donner, mais j’ai l’intuition qu’une vie humaine à besoin d’équilibre : entre le niveau local de notre quotidien et les enjeux globaux que nous ne pouvons pas délaisser… entre les temps d’action où notre âme chevaleresque part au combat et les temps de repos, de retrait, voire de démission passagère… « Venez vous-mêmes à l’écart, dans un lieu désert, et reposez-vous un peu. » (Mt 6,31)… Entre un regard qui sache s’émerveiller de la vie qui se déploie, de toutes les bonnes choses dont les média ne parlent guère et un regard lucide sur les misères de notre monde… Finalement entre notre responsabilité humaine vis-à-vis de nos frères et sœurs, de la création, de la marche du monde et notre petitesse de créature au sein du projet de Dieu !

    La maxime du Jésuite Hongrois Gábor Hevenesi (1656 – 1715) reste finalement un bon guide pour trouver l’équilibre évoqué, et un tant soit peu de sérénité dans les affres du quotidien :

 « Telle est la première règle de ceux qui agissent:

 Crois en Dieu

comme si tout le cours des choses dépendait de toi, et en rien de Dieu.

 

Cependant mets tout en œuvre en elles, 

comme si rien ne devait être fait par toi,

et tout de Dieu seul. »

 

           On en retrouve une version laïque, très en vogue dans le milieu protestant anglophone, (dans le mouvement des alcooliques anonymes par exemple), surnommée prière de la sérénité :

Mon Dieu, Donnez-moi la sérénité

D’accepter les choses que je ne puis changer,

Le courage de changer les choses que je peux,

Et la sagesse d‘en connaître la différence.

           Alors une sérénité est-elle possible ? Ici-bas, pas vraiment, me semble-t-il ! Mais de temps à autre nous avons besoin d’y goûter de façon passagère… La pleine sérénité nous y aspirons simplement et notre foi chrétienne nous donne d’espérer et de croire que nous en jouirons vraiment, un jour… dans le Royaume de Dieu !


La vie par ici

Au sortir de la retraite...

Au sortir de la retraite…

       De retour de la retraite, nous avons enchaîné avec le chapitre local qui marque le lancement d’année. C’est au cours de cette rencontre que nous décidons, ensemble, des accents que nous voulons donner à notre année, en programmant déjà un certain nombre de rendez-vous et de temps forts communautaires…

La vie commune est marquée des joies et des soucis du quotidien, comme dans toute famille. Le paludisme, qui est habituel ici, a perturbé la retraite de trois des huit novices… Cette semaine nous avons eu plusieurs épreuves : deux jeunes prépostulants ont eu un accident de moto (David et Jean-Paul), heureusement sans trop de gravité, mais David se retrouve avec une jambe dans le plâtre pour deux mois ! Un de nos pères est actuellement hospitalisé pour un temps de surveillance relatif à des soucis de santé chroniques… Un des jeunes assomptionnistes togolais, en étude à Kinshasa vient de perdre son papa Isidore Sezouhlon, paix à son âme, et union de prière avec la famille… Par ailleurs nous avons eu la joie d’accueillir un nouveau « volontaire assomption », François, breton de 22 ans qui nous épaulera durant cette année…

À part cela chacun est à sa tâche et les charges de la maison sont réparties entre tous : nettoyage, courses, élevages, jardin… Une façon de participer, aussi modestement soit-il, à notre propre prise en charge… En voici quelques photos…

Sur ces quelques nouvelles je vous souhaite une belle semaine,

Dans la logique du Royaume,

Et avec suffisamment de sérénité,

Fraternellement,

Fr. Benoît

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Une réponse à Une sérénité est-elle possible ?

  1. Monique dit :

    Comme ça bouge au noviciat ! Impressionnant ! Je pense – peut-être que ça ne convient pas mais j’y pense quand même – à cette phrase qu’on attribue à Mark Twain : « Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait » ! Dans un pays où certains s’arrangent avec 2,20$ par jour, certains sans même ces miettes, dites-vous Benoît, comment développer une culture du « c’est faisable, faites-en autant » ? Je me plais à imaginer, ou à souhaiter, que votre genre de vie et l’éducation que vous donnez à des jeunes puissent répandre cet espoir sans quoi aucune sérénité n’est possible. – Au fond, une condition pour la sérénité est-elle associée à dépasser ses limites, à accepter de sortir de sa zone de confort ; la sérénité ne va pas sans effort, je crois. Attendre qu’elle nous tombe dessus ? C’est pourtant ce que plusieurs d’entre nous cultivons comme croyance. Et pour le reste ? Pour les misères de la planète, les misères tout court, « Confie ça », disait une religieuse thérapeute de mes amies aux alcooliques qui la consultaient. Le plus curieux, c’est que ça marchait ! Il en résultait une sorte de paix de l’âme et une confiance, un espoir qui ne sont pas loin de la sérénité.

    Dans une tout autre ligne, je veux souligner le quatrième anniversaire de votre départ de Québec, cher P. Benoît ! Faut-il s’en désoler ou faut-il s’en réjouir en se mettant dans vos souliers ? Entre les deux mon coeur balance, comme dit le dicton…

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