« Et pourtant elle tourne ! »

     Ce célèbre mot de Galilée pourrait nous inspirer pour contempler la marche du monde et de l’Eglise aujourd’hui ! Nos journaux télévisés déprimants pourraient, en effet, nous laisser penser que le monde va de mal en pis. Il n’en est rien ! Mais, une fois de plus, la lorgnette déformante de nos écrans focalise notre attention sur certains événements au détriment de la vraie vie, et au risque de faire le jeu de ceux qui veulent semer la haine.

Malala Yousafzai et Kailash Satyarthi, les deux récents récipiendaires du prix Nobel de la paix, nous parlent, eux, des milliers d’anonymes, enfants ou adultes à leurs côtés, qui travaillent jour après jour à un plus bel avenir pour les enfants. Le prix fut remis à Malala et Kailash « pour leur lutte contre l’oppression des enfants et des jeunes et pour le droit à l’éducation de tous les enfants »  (À 17 ans, Malala devient la plus jeune lauréate du Prix Nobel.) « Et pourtant elle tourne ! »

Alors qu’on voyait s’affuter, avec crainte, les arguments des uns et des autres à l’approche de l’assemblée synodale sur la famille, il semblerait que ce soit, au contraire, un véritable petit concile vatican II qui soit en marche. Il y eut un véritable débat, les vieux grincheux étaient au rendez-vous, en particulier le cardinal américain Raymond L. Burke, leur chef de file, mais il suffit de rechercher quelques photos de ce cardinal sur Internet, pour se rendre compte que sa façon de vivre la suite du Christ, n’est pas vraiment la même que celle du pape François. (Je vous mets quelques-unes de ces photos en clin d’œil).

Il s’est permis de dire que le pape « a fait beaucoup de mal au synode » en ne donnant pas sa position durant les débats… Quand on voit le personnage, on est plutôt rassuré de son positionnement. Cette petite parenthèse mise à part, le synode fut au contraire un bon temps d’échange et de débat, où les tenants de l’immobilisme ont pu gesticuler avant leur « mise à mort » prochaine. Je vous conseille le discours du pape à la fin des travaux du synode. « Et pourtant elle tourne ! »

Une autre image d’Église que ce que nous en donne les média ? Le frère Dominique Lang nous signale que le 27-29 octobre se déroulera la Rencontre mondiale des mouvements populaires, organisée par le Conseil pontifical Justice et Paix et l’Académie pontificale des sciences sociales. Des dirigeants des divers continents prendront part à la Rencontre pour représenter les travailleurs précaires, saisonniers et émigrés, les chômeurs organisés en auto-gestion, sans protection sociale, médicale ou syndicale, les paysans expulsés de leurs terres par la spéculation ou la violence, les victimes de l’exode rural contraints de vivres aux périphéries urbaines sans services. Les participants entendent partager la pensée sociale du Pape, débattre d’une exclusion sociale croissante, échanger leurs expériences et les solutions qu’ils prônent en matière d’agriculture et d’alimentation notamment. Le rôle de ces mouvements populaires est fondamental pour gagner la paix ou respecter l’environnement, surtout dans les régions en guerre, en guerre des ressources tout particulièrement. Ils doivent aussi discuter de leurs rapports avec l’Eglise et tendre à créer un organisme permanent d’initiative et de coordination. La rencontre aboutira à une déclaration qui, on l’espère, aura un écho dans l’opinion, mais aussi à la création d’un Conseil des mouvements populaires. (source Églises et Ecologies) « Et pourtant elle tourne ! »


La vie par ici

Les santés se rétablissent et tout le monde se porte bien. David, pré-postulant, prend toujours son mal en patience avec sa jambe dans le plâtre.

Les rencontres de lancement d’année, se sont achevées par une rencontre de travail de nos deux communautés de Sokodé. L’occasion d’envisager les chantiers de l’année qui s’ouvre et de se répartir le travail. Cette rencontre fut aussi l’occasion d’une soirée de détente fraternelle entre religieux, pré-postulants et novices…

Ce vendredi, toute la communauté du noviciat était en sortie communautaire. L’occasion de découvrir quelques coins un peu plus reculés du diocèse. Nous sommes allés à Kaboli, rendre visite à l’équipe presbytérale de cette paroisse toute proche de la frontière du Bénin ; nous avons aussi découvert le dispensaire des Sœurs de St André de Peltre, qui sont en train de construire également un grand centre pour la pédiatrie ; nous en avons également profité pour faire un petit saut au Bénin et saluer le vicaire de Prékété ; enfin nous sommes passés saluer les sœurs de Kolware, où chaque année des novices font leur stage auprès, notamment, des malades du sida.

Belle semaine à chacune et chacun…

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Une réponse à « Et pourtant elle tourne ! »

  1. Monique dit :

    « Et pourtant elle tourne »… L’expression est italienne « E pur si muove ! » ou « Eppur si muove ! » et signifie plus littéralement selon Wikipédia : « Et pourtant elle bouge ». Un petit détour par Wikipédia m’a fait comprendre ce leitmotiv dans votre texte, P. Benoît. Vous apportez des exemples qui montrent que le monde ne va pas si mal que les médias veulent nous faire croire, et donc que malgré tout la planète tourne encore. Vous apportez le cas de la très jeune fille qui a reçu le prix Nobel de la paix pour son souci pour les jeunes et l’éducation ; vous apportez le témoignage des rencontres populaires en Argentine pour soutenir les exclus, mouvement soutenu par le Conseil pontifical « Iustitia et Pax » et l’Académie pontificale des sciences sociales. Eh bien, oui, on dirait aussi comme vous : « Et pourtant elle tourne ». Elle tourne pourtant la planète. Les choses tournent, la preuve ! Mais dans le contexte actuel de l’Église, je ne peux m’empêcher d’en référer à la traduction littérale de l’expression italienne : « Et pourtant elle bouge », selon ce que dit Wikipédia. Vos exemples et témoignages montrent qu’il se passe quelque chose, en effet sur la planète de Galilée quelque chose d’encourageant et d’indéniable. On serait porté – on nous pousse – à dire que rien ne va plus, que tout va mal et cependant, pendant que tout va mal nous pouvons quand même affirmer malgré tout, comme l’a fait Galilée, dit-on : « Et pourtant elle tourne ».

    Mais le cœur de votre texte, ou plutôt l’ironie de votre texte, Benoît, tient dans le « clin d’œil » que vous faites : des photos de ce brave cardinal américain drapé dans toute sa dignité de cardinal ! Comme il est fier ! Comme il est fier d’être un prince ! D’être une icône, un personnage de la peinture de la renaissance italienne ! Comme il aime se montrer comme un être à part ! Un être d’une famille à part, une famille qui domine par sa seule prestance, par son seul nom, par sa lignée, par son lignage. Toute l’histoire ancienne est traversée par ce dilemme : les qualités d’âme et d’esprit sont-elles héréditaires, ou génétiques comme on dirait aujourd’hui, ou se méritent-elles par une longue ascèse ? un long entraînement, une patiente éducation à la charité, au courage, à la compassion, au discernement ? Dans les semaines qui ont précédé, on a aussi pu voir des photos d’une très grande salle pleine des évêques synodaux accrédités réunis par leur petite calotte violette, et élégamment ceints de leur large ceinture de soie également violette bien en évidence sur leur traditionnelle et également élégante soutane noire. La trousse de l’évêque quoi ! « Et pourtant elle tourne », dites-vous toujours. Toutefois, on a pu voir aussi, on a pu lire, devrais-je dire, dans les rapports qui sortent par bribes dans La Croix, que les problèmes que les familles de bonne volonté avaient confiés à leurs pasteurs en qui ils avaient mis (encore une fois) tous leurs espoirs n’ont pas été retenus, que les choses sont au mieux reportées… Pouvons-nous vraiment dire « Et pourtant elle bouge » ? (Au fond, c’est ce pronom « elle » qui…)

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