21 décembre 2014, 4ème dimanche de l’Avent, année B, Lc 1,26-38 /
« L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée… », et nous connaissons la suite que nous allons célébrer en grand d’ici quelques jours : le Oui de Marie, l’Incarnation du Verbe de Dieu en son sein, et la naissance de Jésus de Nazareth. Nous sommes, bien sûr, très heureux de célébrer cet évènement de l’Incarnation il y a deux mille ans et cette disponibilité de Marie qui permit le tournant de l’histoire… Mais pouvons-nous nous arrêter là, en rendant grâce à Dieu pour Marie et pour la naissance de Jésus ? Eh bien non : « Jésus Christ ne s’est pas contenté de s’incarner une fois dans le sein de la bienheureuse Vierge, il veut, ce semble, s’incarner tous les jours en nous ! » (Emmanuel d’Alzon, Ecrits spirituels p. 913) Quel mystère ! Comment enfanter le Christ en nous ? …
Enfanter le Christ en nous !
« Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi ! » (Ga 2,20) Saint Paul, semble-t-il, a vraiment vécu cet enfantement du Christ en lui, mais, qui plus est, il veut le faire vivre à celles et ceux qu’il a enfanté à la vie en Jésus Christ : « Mes petits enfants, vous que j’enfante à nouveau dans la douleur jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous. » (Ga 4,19) Et on pourrait multiplier les citations qui nous parlent de cet enfantement du Christ en nous, ou de cette configuration de notre vie à celle du Christ… À Noël nous ne fêtons donc pas d’abord un bel anniversaire, mais nous nous rappelons que nous avons à enfanter le Christ en nous, en nos âmes et autour de nous chaque jour de notre vie. En contemplant la figure de Marie, demandons-nous comment cet enfantement a pu être possible ? D’abord par une initiative de Dieu et ensuite par le concours de Marie.
Une initiative de Dieu !
Avant d’être capable d’enfanter le Fils de Dieu en elle, il semble bien que Marie a dû se laisser enfanter de nouveau par la grâce de Dieu. L’ange la salue ainsi : « Réjouis-toi, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » (Lc 1, 28) Contrairement à la reprise de ce verset dans le « Je vous salue Marie », l’ange n’appelle pas Marie par son prénom, mais semble la rebaptiser : « Comblée-de-grâce »… Marie, ou plutôt Myriam, réalise en elle l’aboutissement de l’histoire d’Israël, l’aboutissement de la longue attente de la venue du Messie. On voit bien d’ailleurs, dans la suite du texte, que l’ange parle plus d’Israël que de Marie lorsqu’il lui dit : « Sois sans crainte, Myriam, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. » (Lc 1,30) … comme si Marie était exaucée. Or elle n’avait pas à formuler de prière spéciale pour avoir un enfant, c’est, en fait, l’attente d’Israël qui est exaucée ! Bref Myriam est la figure d’Israël, du temps de l’Ancienne Alliance et de la Loi. On pourrait dire qu’elle est l’ultime enfant de la vieillesse d’Israël. Mais en recevant ce nouveau nom « Comblée-de-grâce », elle naît à une vie nouvelle. Cette fois nous sommes dans l’ordre de la grâce, de la Nouvelle Alliance, et elle devient la mère du nouveau peuple de Dieu. Pour être capable d’enfanter le Christ en nous, il nous faut, nous aussi, naître de nouveau. Ce qui a été inauguré à notre baptême ! Mais cela nécessite toute une vie pour que la grâce de notre baptême puisse se déployer pleinement en nous. Sommes-nous conscients d’être, nous aussi, comblés de grâce, depuis notre baptême et capables, non par nos propres forces mais par l’initiative de Dieu, de faire de grandes choses, comme Marie, comme tous les saints qui nous ont précédés ?
Un concours libre de Marie à l’action de la grâce en elle !
Regardons maintenant comment Marie participe à cette action de la grâce en elle. Premièrement puisque sa vie était façonnée par sa foi elle n’est pas saisie de crainte, ni surprise outre mesure, lorsqu’un ange de Dieu vient à sa rencontre (contrairement à ce que l’on mentionne pour Zacharie par exemple), et elle entre dans un dialogue confiant avec l’ange. Sommes-nous suffisamment en communion avec Dieu pour être disponible à l’imprévu de Dieu dans nos vies, aux interpellations qu’il nous lance, à la visite d’un ange ? Deuxièmement, Marie cherche à comprendre « Elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation […] Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? » Dieu ne nous demande pas une soumission bête ou d’écervelés, ce n’est qu’en comprenant à notre mesure le dessein de Dieu qu’on peut y acquiescer librement. Dieu cherche toujours à établir avec nous une véritable relation d’amour, et cela demande toutes les capacités et toute la liberté de notre être. Il n’a pas besoin de serviteurs serviles, peureux ou bêtes. Enfin, Marie donne son assentiment à la volonté de Dieu : « Que tout se passe pour moi selon ta parole. » Sommes-nous désireux de prononcer, nous aussi, cette parole, en étant sûr que ce que Dieu veut pour moi et le meilleur et qu’Il sait mieux que moi-même ce qui est bon pour moi ?
Oui, nous allons fêter un bel anniversaire et contempler la belle et unique figure de Marie…
Mais l’essentiel est ailleurs…
Désirons-nous, à notre tour enfanter le Christ en nous et autour de nous ?
Le Seigneur le désire, mais il ne pourra pas le faire sans nous !
Comme Marie, enfanter le Christ…
21 décembre 2014, 4ème dimanche de l’Avent, année B, Lc 1,26-38 /
« L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée… », et nous connaissons la suite que nous allons célébrer en grand d’ici quelques jours : le Oui de Marie, l’Incarnation du Verbe de Dieu en son sein, et la naissance de Jésus de Nazareth. Nous sommes, bien sûr, très heureux de célébrer cet évènement de l’Incarnation il y a deux mille ans et cette disponibilité de Marie qui permit le tournant de l’histoire… Mais pouvons-nous nous arrêter là, en rendant grâce à Dieu pour Marie et pour la naissance de Jésus ? Eh bien non : « Jésus Christ ne s’est pas contenté de s’incarner une fois dans le sein de la bienheureuse Vierge, il veut, ce semble, s’incarner tous les jours en nous ! » (Emmanuel d’Alzon, Ecrits spirituels p. 913) Quel mystère ! Comment enfanter le Christ en nous ? …
Enfanter le Christ en nous !
« Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi ! » (Ga 2,20) Saint Paul, semble-t-il, a vraiment vécu cet enfantement du Christ en lui, mais, qui plus est, il veut le faire vivre à celles et ceux qu’il a enfanté à la vie en Jésus Christ : « Mes petits enfants, vous que j’enfante à nouveau dans la douleur jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous. » (Ga 4,19) Et on pourrait multiplier les citations qui nous parlent de cet enfantement du Christ en nous, ou de cette configuration de notre vie à celle du Christ… À Noël nous ne fêtons donc pas d’abord un bel anniversaire, mais nous nous rappelons que nous avons à enfanter le Christ en nous, en nos âmes et autour de nous chaque jour de notre vie. En contemplant la figure de Marie, demandons-nous comment cet enfantement a pu être possible ? D’abord par une initiative de Dieu et ensuite par le concours de Marie.
Une initiative de Dieu !
Avant d’être capable d’enfanter le Fils de Dieu en elle, il semble bien que Marie a dû se laisser enfanter de nouveau par la grâce de Dieu. L’ange la salue ainsi : « Réjouis-toi, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » (Lc 1, 28) Contrairement à la reprise de ce verset dans le « Je vous salue Marie », l’ange n’appelle pas Marie par son prénom, mais semble la rebaptiser : « Comblée-de-grâce »… Marie, ou plutôt Myriam, réalise en elle l’aboutissement de l’histoire d’Israël, l’aboutissement de la longue attente de la venue du Messie. On voit bien d’ailleurs, dans la suite du texte, que l’ange parle plus d’Israël que de Marie lorsqu’il lui dit : « Sois sans crainte, Myriam, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. » (Lc 1,30) … comme si Marie était exaucée. Or elle n’avait pas à formuler de prière spéciale pour avoir un enfant, c’est, en fait, l’attente d’Israël qui est exaucée ! Bref Myriam est la figure d’Israël, du temps de l’Ancienne Alliance et de la Loi. On pourrait dire qu’elle est l’ultime enfant de la vieillesse d’Israël. Mais en recevant ce nouveau nom « Comblée-de-grâce », elle naît à une vie nouvelle. Cette fois nous sommes dans l’ordre de la grâce, de la Nouvelle Alliance, et elle devient la mère du nouveau peuple de Dieu. Pour être capable d’enfanter le Christ en nous, il nous faut, nous aussi, naître de nouveau. Ce qui a été inauguré à notre baptême ! Mais cela nécessite toute une vie pour que la grâce de notre baptême puisse se déployer pleinement en nous. Sommes-nous conscients d’être, nous aussi, comblés de grâce, depuis notre baptême et capables, non par nos propres forces mais par l’initiative de Dieu, de faire de grandes choses, comme Marie, comme tous les saints qui nous ont précédés ?
Un concours libre de Marie à l’action de la grâce en elle !
Regardons maintenant comment Marie participe à cette action de la grâce en elle. Premièrement puisque sa vie était façonnée par sa foi elle n’est pas saisie de crainte, ni surprise outre mesure, lorsqu’un ange de Dieu vient à sa rencontre (contrairement à ce que l’on mentionne pour Zacharie par exemple), et elle entre dans un dialogue confiant avec l’ange. Sommes-nous suffisamment en communion avec Dieu pour être disponible à l’imprévu de Dieu dans nos vies, aux interpellations qu’il nous lance, à la visite d’un ange ? Deuxièmement, Marie cherche à comprendre « Elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation […] Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? » Dieu ne nous demande pas une soumission bête ou d’écervelés, ce n’est qu’en comprenant à notre mesure le dessein de Dieu qu’on peut y acquiescer librement. Dieu cherche toujours à établir avec nous une véritable relation d’amour, et cela demande toutes les capacités et toute la liberté de notre être. Il n’a pas besoin de serviteurs serviles, peureux ou bêtes. Enfin, Marie donne son assentiment à la volonté de Dieu : « Que tout se passe pour moi selon ta parole. » Sommes-nous désireux de prononcer, nous aussi, cette parole, en étant sûr que ce que Dieu veut pour moi et le meilleur et qu’Il sait mieux que moi-même ce qui est bon pour moi ?
Oui, nous allons fêter un bel anniversaire et contempler la belle et unique figure de Marie…
Mais l’essentiel est ailleurs…
Désirons-nous, à notre tour enfanter le Christ en nous et autour de nous ?
Le Seigneur le désire, mais il ne pourra pas le faire sans nous !