Transfiguration de toute la Création !

transfiguration1er mars 2015, 2e dimanche de carême, année B, Mc 9,2-10 /

Je me souviens d’une belle méditation d’un frère orthodoxe, dans le cadre d’une rencontre du mouvement « Églises vertes ». Il avait commenté, pour nous, une icône de la Transfiguration dans la perspective de l’ensemble des éléments de la Création appelés à être transfigurés. Et c’est bien vers cela que nous cheminons : la Transfiguration, non seulement de notre vie humaine, mais également des règnes minéraux, végétaux et animaux en vue d’une plénitude. J’imagine que nous retrouverons de cela dans l’encyclique annoncée, du Pape François, sur les questions écologiques. Dans notre monde, marqué par les miasmes de la haine, de la folie des terroristes, de la misère, de l’injustice, de la pollution, de la défiguration de la nature…, tourner notre regard vers le Christ transfiguré et vers la promesse d’une Création transfigurée est, oh combien, nécessaire et salutaire !

Des sacrifices ?… Pour notre transfiguration !

Arrêtons-nous d’abord sur la première lecture que l’on nomme habituellement « le sacrifice d’Isaac ». Ce titre n’est pas très satisfaisant car, en fait, Isaac n’a pas été sacrifié ! Les juifs appellent plutôt ce passage la « ligature d’Isaac », car il fut lié sur l’autel. Ce récit, loin de faire l’apologie du meurtre rituel vient au contraire y mettre fin. Dans l’intervention de « l’ange du Seigneur » qui arrête la main d’Abraham, il faut y voir le ferme désir de Dieu de mettre fin à tout sacrifice humain ! Ce récit fut rédigé vers le VIIIe siècle avant notre ère, cela veut dire que depuis 28 siècles on a compris que Dieu ne réclame pas de sacrifices humains ! « Si j’offre un sacrifice, tu n’en veux pas, tu n’acceptes pas d’holocauste. Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé. » (Ps 50,18-19) Quelques siècles plus tard, le judaïsme supprimera aussi les sacrifices d’animaux… Et que voit-on au XXIe siècle ? Non seulement que les sacrifices d’animaux se poursuivent (dans la sorcellerie, dans l’Islam, dans diverses religions…), mais encore, de façon inimaginable, que des hommes pratiquent, de nouveau, des sacrifices humains ! Je pense ici, non seulement, aux fous d’Allah, qui pensent lui faire plaisir en tuant des innocents, mais aussi à ces sectes bien vivantes en Afrique, comme les cercles de sorciers ou de francs-maçons, qui réclament le meurtre d’enfants, d’épouses, d’époux etc… Et je ne vous parle pas de rumeurs, mais de témoignages de première main ! Non, non, non : Dieu ne réclame pas de sacrifice ! Ce n’est pas un Dieu boutiquier qui donnerait en échange des sacrifices offerts. Les seuls sacrifices qui ont de la valeur, sont les efforts que nous faisons pour mieux faire correspondre notre vie à celle du Christ, ceux qui nous permettent de transfigurer nos vies, d’avancer vers la vie divine à laquelle nous sommes destinés !

Des efforts de carême ?… Pour transfigurer notre quotidien !

«Jésus leur défendit de raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. » (Mc 9,9) Le calendrier liturgique nous donne de vivre des temps forts, pour rythmer notre vie spirituelle. Mais faisons attention à ne pas tomber dans un mimétisme théâtral. Nous sommes toujours dans le temps de la Résurrection ! Nous sommes toujours tournés vers la Transfiguration du monde en marche ! Cela signifie que, oui, l’avent (petit carême chez les orthodoxes) ou le grand carême sont des temps de préparation, d’entraînement, d’efforts mais non pas des temps de désolation. Nous vivons ces carêmes, déjà, dans une vie pascale, dans une vie en train d’être transfigurée. Dans leur marche vers Jérusalem, Jésus, Pierre, Jacques et Jean ont vécu sur le Thabor ce temps de consolation, de préfiguration de la joie pascale pour pouvoir traverser l’épreuve à venir et lui donner sens. Saisissons donc, nous aussi, ces Thabors qui nous sont offerts en ce temps de carême : temps de retraite ou de recollection, temps de fraternité renouvelée, temps pris pour notre intériorité, de façon à puiser l’énergie, l’amour nécessaire, pour traverser nos épreuves et transfigurer ces petits riens du quotidien !

Une vie de douleur ?… Pour la transfiguration du monde !

Enfin, comment ne pas citer saint Paul : « J’estime donc qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que Dieu va bientôt révéler en nous. […] Nous le savons bien, la création tout entière crie sa souffrance, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. » (Rm 8,18.22) Oui, dans les soubresauts de notre monde qui parfois nous découragent et nous font peur, demandons une foi toujours plus grande et plus forte pour déceler les signes avant-coureurs du Royaume à venir. Gardons le regard fixé vers la Transfiguration du Monde en marche, vers le Beau, vers le Bon, vers le Bien, afin de traverser notre pèlerinage ici-bas à la lumière du Transfiguré !

Puisque la scène de la Transfiguration du Christ,

préfigure la Transfiguration de toute la Création…

Celle-ci ne change-t-elle pas notre regard sur le Monde,

notre espérance, et notre agir ?

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3 réponses à Transfiguration de toute la Création !

  1. Chantal Rouette dit :

    Dans notre monde, marqué par les miasmes de la haine, de la folie des terroristes, de la misère, de l’injustice, de la pollution, de la défiguration de la nature…, tourner notre regard vers le Christ transfiguré et vers la promesse d’une Création transfigurée est, oh combien, nécessaire et salutaire !
    Il faut s’accrocher n’est-ce pas à cette espérance que le Christ nous a enseigné. Même si je n’ai pas une connaissance approfondie de l’histoire, je sais que toutes ces haines ont été vécues à travers les siècles, parfois même dans notre camp « chrétien ». Mais avec la facilité de transmettre les images à travers le monde nous devenons de plus en plus conscient, sensibilisé à toute cette haine. Même dans nos milieux, nous devenons de plus en plus intolérant. Je me souviens d’une circonstance où tu (Benoît) avais dû nous rappeler d’être bienveillant chacun envers l’autre. Nous avons peut-être provoqué cette haine avec nos façons d’agir dans le passé mais comment maintenant faire face à tant de haine, nous réalisons toute l’incapacité des grands de ce monde à redonner la paix. Avons nous d’autre choix que de « baisser les bras » devant nos incapacités et se tourner vers le Christ qui nous a promis la paix! Merci Benoît pour tes commentaires, continue à nous alimenter.

  2. Thérèse L.-Vézina dit :

    Oui, mais seule la foi nous permet de porter son regard sur la « Transfiguration de toute la création ». À une échelle plus humaine, la profane que je suis devra en tenir compte dans sa manière de gérer, de transcender son quotidien.

  3. Daniela et Christian dit :

    Bonjour Benoit,

    Comment parler de transfiguration à toutes ces personnes qui vivent constamment dans un climat de guerre. Je me permets de partager le dernier écrit d’un frère mariste qui a choisi de demeurer à Alep (Syrie) pour partager la souffrance de son peuple.

    Pendant ces quatre ans de guerre, nous avons vu cet homme de Foi passer de l’abandon ‘confiant’, au désespoir. Malheureusement c’est la ‘Transfiguration’dans le sens contraire.

    je dénonce. .. je dénonce l’horreur. .. je dénonce les criminels. .. ceux qui les soutiennent. .. ceux qui les encouragent. .. je dénonce. ..
    Quels mots employer et pourquoi?
    Que dire… la Volonté de Dieu… Le Destin…La malchance. .. Le hasard. .. l’absurdité….
    Encore une fois… Le deuil enveloppe de son manteau noir le peu d’espérance qui nous reste…
    Le calvaire. ..
    Ça suffit!
    Arrêtez d’être Co auteurs de crimes contre l’humanité!
    Arrêtez. ..
    Nous avons souffert tant!…
    Nous n’en pouvons plus…
    Laissez nous mourir… mais au moins en paix…
    Maintenant, entrons dans le silence…
    Un silence qui pèsera de son poids sur les consciences des grands et petits de ce monde….
    Un silence qui balbutiera notre désespoir. …
    Un silence qui sera signe d’un  » JE DENONCE »…

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