8 mars 2015, 3e dimanche de carême, année B, Jn 2,13-25 /
Notre mentalité contemporaine est assez rétive à la loi, surtout s’il s’agit d’une loi « venue d’en haut ». On préfère suivre nos propres lois, établies à partir de nos expériences de vie… Et pourtant, la Loi de Dieu n’est-elle pas une Loi pour notre bonheur, pour notre liberté, pour notre épanouissement ? Voilà comment il nous faut aborder les « dix paroles », proposées à notre méditation dans la première lecture. Et cela nous donnera également une bonne clef de lecture pour la scène évangélique de ce dimanche : Jésus chassant les marchands du Temple. Vivre ce carême, en accueillant de nouveau la Loi de Dieu dans nos vies, comme chemin de libération, n’est-ce pas une bonne piste spirituelle ?
Une Loi de liberté !
« Le bonheur promis à ceux qui observent la Loi est l’une des grandes insistances du Deutéronome […] on peut donc lire chacun des commandements comme une entreprise de libération de l’homme de la part de Dieu, ou si vous préférez, une méthode d’apprentissage de la liberté pour l’homme. » (cf. Marie-Noëlle Thabut, L’intelligence des Ecriture, Tome 3, p.142) La première parole, qui n’est pas un commandement et qui sous-tend l’ensemble, est essentielle : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. » (Ex 20,2) C’est-à-dire : « Je suis un Dieu d’amour qui veut ton bonheur et te libérer de tous tes esclavages. » Le premier d’entre eux c’est l’adoration d’idoles, de faux dieux. On connaît les faux dieux auxquels ont succombé régulièrement les israélites… mais ils ne sont que des figures de nos fausses idoles d’aujourd’hui : argent, sexe, drogue, écrans envahissants, confort… « Tu n’auras pas d’autres dieux que moi », signifie donc : « Ne te rends pas esclave de choses dont certaines peuvent être bonnes –en tant que moyens– mais qui peuvent t’aliéner si elles prennent trop de place dans ta vie ! Méfie-toi également de tous ces faux gourous qui te promettent le bonheur ! » Avec le Dieu révélé dans la Bible et en Jésus Christ, aucun risque d’aliénation : il a donné sa vie pour nous libérer ! « Je suis un Dieu jaloux ! » « Oui, Dieu est jaloux de notre liberté, tout simplement parce qu’il nous aime ; il veut nous garder libres, pas pour lui, mais pour nous-mêmes. Parce qu’il est le seul Dieu et qu’il nous aime, il ne peut supporter de nous voir nous égarer sur de fausses pistes. » (Marie-Noëlle Thabut, idem)
Dans toutes les dimensions de notre vie !
Sur cette base des deux premières paroles, le décalogue développe les lieux d’aliénation possible dans toutes les dimensions de notre vie : ne prétends pas pouvoir t’aliéner Dieu, le posséder ou l’utiliser à tes propres fins (pas d’images, pas d’utilisation de son nom à tort et à travers) ; ne te laisse pas aliéner par le travail et l’économie (respect du Sabbat) ; ne te laisse pas aliéner par l’égoïsme ou la rancune (honore ton Père et ta Mère) ; ne te laisse pas enfermer dans le cycle de la violence (tu ne tueras pas) ; ne laisse pas tes désirs charnels mener ta vie (pas d’adultère) ; ne sois pas enfermé dans la cupidité ( tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas le bien de ton prochain) ; sois libre de toute jalousie ou vengeance (tu ne porteras pas de faux témoignages)… Je pourrais actualiser et développer longuement chacune des dix paroles du décalogue, mais plutôt que de le faire moi-même pour vous, parce que je risque de tomber à côté de la plaque, je vous suggère donc que ce pourrait être un bon exercice pour vous, pour ce carême, de reprendre vous-mêmes chacune des paroles du décalogue et de voir comment elle vous invite à une vie plus libre, plus cohérente, plus semblable à celle du Christ… dans toutes les dimensions de votre propre vie !
Et même dans notre pratique religieuse !
Le Christ dans sa sainte colère envers les marchands du Temple poursuit l’enseignement du décalogue : « Ne vous laissez pas aliéner par l’argent, par une pratique marchande des sacrifices, par une religiosité qui s’enferme dans des rites qui ont perdu leur sens ! » Car il ne cherche pas simplement à chasser les vendeurs de la maison de Dieu, mais il annonce la fin des rites du Temple : « Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai ! » (Jn 2,19) et deux chapitres plus loin, il dira à la Samaritaine : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. […] Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. » (Jn 4,21…24) On pourrait paraphraser une autre parole de Jésus : « le rite est fait pour l’homme et non pas l’homme pour le rite ! » Une fois encore, Jésus veut nous libérer, non seulement de nos conduites aliénantes dans la vie de tous les jours, mais aussi de ce qui peut nous aliéner dans notre pratique religieuse, dans la sacralisation excessive, dans nos marchandages avec Dieu. Avec son geste, il annonce qu’il est le véritable Temple de Dieu, et puisqu’il s’identifie au plus petit, que le bon lieu où rendre le véritable culte à Dieu, c’est dans nos frères, dans le pauvre, le prisonnier, l’affamé, etc. (cf. Mt 25)
Oui Dieu est jaloux de notre liberté,
Saisissons ce carême pour avancer vers une vie plus libre,
donc plus humaine !
Plus libres !
8 mars 2015, 3e dimanche de carême, année B, Jn 2,13-25 /
Notre mentalité contemporaine est assez rétive à la loi, surtout s’il s’agit d’une loi « venue d’en haut ». On préfère suivre nos propres lois, établies à partir de nos expériences de vie… Et pourtant, la Loi de Dieu n’est-elle pas une Loi pour notre bonheur, pour notre liberté, pour notre épanouissement ? Voilà comment il nous faut aborder les « dix paroles », proposées à notre méditation dans la première lecture. Et cela nous donnera également une bonne clef de lecture pour la scène évangélique de ce dimanche : Jésus chassant les marchands du Temple. Vivre ce carême, en accueillant de nouveau la Loi de Dieu dans nos vies, comme chemin de libération, n’est-ce pas une bonne piste spirituelle ?
Une Loi de liberté !
« Le bonheur promis à ceux qui observent la Loi est l’une des grandes insistances du Deutéronome […] on peut donc lire chacun des commandements comme une entreprise de libération de l’homme de la part de Dieu, ou si vous préférez, une méthode d’apprentissage de la liberté pour l’homme. » (cf. Marie-Noëlle Thabut, L’intelligence des Ecriture, Tome 3, p.142) La première parole, qui n’est pas un commandement et qui sous-tend l’ensemble, est essentielle : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. » (Ex 20,2) C’est-à-dire : « Je suis un Dieu d’amour qui veut ton bonheur et te libérer de tous tes esclavages. » Le premier d’entre eux c’est l’adoration d’idoles, de faux dieux. On connaît les faux dieux auxquels ont succombé régulièrement les israélites… mais ils ne sont que des figures de nos fausses idoles d’aujourd’hui : argent, sexe, drogue, écrans envahissants, confort… « Tu n’auras pas d’autres dieux que moi », signifie donc : « Ne te rends pas esclave de choses dont certaines peuvent être bonnes –en tant que moyens– mais qui peuvent t’aliéner si elles prennent trop de place dans ta vie ! Méfie-toi également de tous ces faux gourous qui te promettent le bonheur ! » Avec le Dieu révélé dans la Bible et en Jésus Christ, aucun risque d’aliénation : il a donné sa vie pour nous libérer ! « Je suis un Dieu jaloux ! » « Oui, Dieu est jaloux de notre liberté, tout simplement parce qu’il nous aime ; il veut nous garder libres, pas pour lui, mais pour nous-mêmes. Parce qu’il est le seul Dieu et qu’il nous aime, il ne peut supporter de nous voir nous égarer sur de fausses pistes. » (Marie-Noëlle Thabut, idem)
Dans toutes les dimensions de notre vie !
Sur cette base des deux premières paroles, le décalogue développe les lieux d’aliénation possible dans toutes les dimensions de notre vie : ne prétends pas pouvoir t’aliéner Dieu, le posséder ou l’utiliser à tes propres fins (pas d’images, pas d’utilisation de son nom à tort et à travers) ; ne te laisse pas aliéner par le travail et l’économie (respect du Sabbat) ; ne te laisse pas aliéner par l’égoïsme ou la rancune (honore ton Père et ta Mère) ; ne te laisse pas enfermer dans le cycle de la violence (tu ne tueras pas) ; ne laisse pas tes désirs charnels mener ta vie (pas d’adultère) ; ne sois pas enfermé dans la cupidité ( tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas le bien de ton prochain) ; sois libre de toute jalousie ou vengeance (tu ne porteras pas de faux témoignages)… Je pourrais actualiser et développer longuement chacune des dix paroles du décalogue, mais plutôt que de le faire moi-même pour vous, parce que je risque de tomber à côté de la plaque, je vous suggère donc que ce pourrait être un bon exercice pour vous, pour ce carême, de reprendre vous-mêmes chacune des paroles du décalogue et de voir comment elle vous invite à une vie plus libre, plus cohérente, plus semblable à celle du Christ… dans toutes les dimensions de votre propre vie !
Et même dans notre pratique religieuse !
Le Christ dans sa sainte colère envers les marchands du Temple poursuit l’enseignement du décalogue : « Ne vous laissez pas aliéner par l’argent, par une pratique marchande des sacrifices, par une religiosité qui s’enferme dans des rites qui ont perdu leur sens ! » Car il ne cherche pas simplement à chasser les vendeurs de la maison de Dieu, mais il annonce la fin des rites du Temple : « Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai ! » (Jn 2,19) et deux chapitres plus loin, il dira à la Samaritaine : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. […] Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. » (Jn 4,21…24) On pourrait paraphraser une autre parole de Jésus : « le rite est fait pour l’homme et non pas l’homme pour le rite ! » Une fois encore, Jésus veut nous libérer, non seulement de nos conduites aliénantes dans la vie de tous les jours, mais aussi de ce qui peut nous aliéner dans notre pratique religieuse, dans la sacralisation excessive, dans nos marchandages avec Dieu. Avec son geste, il annonce qu’il est le véritable Temple de Dieu, et puisqu’il s’identifie au plus petit, que le bon lieu où rendre le véritable culte à Dieu, c’est dans nos frères, dans le pauvre, le prisonnier, l’affamé, etc. (cf. Mt 25)
Oui Dieu est jaloux de notre liberté,
Saisissons ce carême pour avancer vers une vie plus libre,
donc plus humaine !