29 mars 2015, Rameaux, année B, Mc 14,1 – 15,47 /
Je trouve toujours intéressant de lire, d’une traite, le récit de la passion chez l’un ou l’autre évangéliste, comme nous le permet la liturgie du dimanche des rameaux, car cela fait apparaître le trait dominant de chaque récit… Dans la version de Marc, proposée à notre méditation cette année, je retiens surtout la suprême liberté manifestée par Jésus, jusqu’au bout, alors que tous les autres protagonistes (les disciples, la foule, les autorités juives ou romaines) se laissent manipuler par la peur, par l’effet de foule, par le désir de maintenir leur pouvoir, etc. Quel contraste saisissant ! Jésus, enchaîné, bafoué, torturé, crucifié apparaît souverainement libre alors que ceux qui semblent apparemment libres, et qui détiennent le pouvoir de décider, sont foncièrement enchaînés par la peur, le paraître, le pouvoir, le conformisme… Quelle leçon pour aujourd’hui ! Quels sont les hommes véritablement libres aujourd’hui ? Et sommes-nous du lot ?
Des hommes enfermés…
Regardons de plus près les motivations des différents protagonistes… Les grands prêtres et les scribes cherchent à arrêter Jésus par ruse, pour le faire mourir. Si je comprends bien, ils ont peur de Jésus qui déstabilise leur pratique de la religion et qui menace indirectement leur pouvoir. Plutôt que d’écouter ce qu’il a à leur dire, ils préfèrent l’éliminer. Par ailleurs ils ont peur de la foule qui pourrait prendre le parti de Jésus et préfèrent intervenir par ruse. Sont-ils des hommes libres ? Pas vraiment… Plutôt des hommes enfermés dans un système et prêts à le défendre coûte que coûte. Du côté des disciples, ce n’est guère mieux ! Certes, ceux-ci ont été réceptifs à l’appel de Jésus, mais au moment crucial ils tomberont : Judas le premier, par amour du gain, par espoir déçu, ou par mécompréhension de la messianité de Jésus va le trahir… Par trois fois, Pierre, Jacques et Jean s’endorment au jardin de Gethsémani au lieu de veiller… À l’arrestation : « Les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent tous »… Pierre, en particulier, le reniera trois fois… Des disciples donc séduits par Jésus mais enfermés dans leurs limites humaines, dans leurs peurs, dans leurs lâchetés… La foule, elle, est toujours aussi versatile : elle avait acclamé Jésus lors de son entrée à Jérusalem : mais était-ce par conviction ou pour suivre l’élan du moment ? En tout cas elle se laissera bien manipuler jusqu’à réclamer la libération d’un criminel plutôt que celle de Jésus. Aucune voix libre n’a pu s’exprimer dans la foule… Pilate enfin, supposé être l’homme le plus puissant de Palestine, et malgré qu’il n’eut rien trouvé à reprocher à Jésus, nullement libre d’accomplir son désir de relâcher Jésus, condamnera celui-ci, pour maintenir son emprise et faire plaisir aux chefs juifs comme à la foule ! Et on pourrait poursuivre la liste… Les seuls, dans le récit selon saint Marc, à manifester leur liberté, mais un peu tard, ce seront le centurion reconnaissant finalement en Jésus le Fils de Dieu et Joseph d’Arimathie qui eut l’audace d’aller chez Pilate réclamer le corps de Jésus. Cette longue liste nous permet donc d’illustrer combien les êtres humains, bien qu’ils se croient libres, sont souvent conditionnés, manipulés par bien des éléments… Et on pourrait abondamment actualiser les conditionnements, esclavages et manipulations de l’homme moderne dans nos sociétés de l’image, de la consommation et du bruit !
Un Homme libre !
Au contraire de tous les autres protagonistes, Jésus se montre suprêmement libre ! Il avance vers Jérusalem en sachant ce qui l’attend, il se prépare dans la prière à son offrande ultime, il remet librement sa volonté entre les mains du Père, il ne fuit pas les soldats et ne cherche pas à se défendre, il répond librement aux questions du grand prêtre ou de Pilate quand elles lui semblent dignes d’intérêt et, finalement, ses craintes et peurs légitimes ne l’empêchent pas d’avancer vers le don de lui-même. Sa seule motivation est son amour des hommes et sa confiance en la volonté du Père… J’évoquais la semaine passée les martyrs de notre temps, mais combien, tout au long des siècles, manifesteront leur suprême liberté ? Que ce soit face aux persécutions romaines, en contexte missionnaire (que l’on pense aux milliers de martyrs des Églises du Vietnam ou de Corée par exemple), ou encore dans les camps nazis à l’image d’un Maximilien Kolbe… Cette liberté de Jésus à l’approche de sa mort n’était, faut-il le rappeler, qu’en continuité avec sa liberté manifestée tout au long de sa vie : il n’y a pas besoin d’attendre sa dernière heure pour apprendre à vivre en homme libre !
Et vous, où vous situez-vous ? Du côté des enfermés ou du côté de l’Homme libre ?
Peut-être vous retrouvez-vous un peu des deux côtés,
Mais alors, avez-vous le désir de vous laisser libérer par l’Homme libre ?
L’Homme libre !
29 mars 2015, Rameaux, année B, Mc 14,1 – 15,47 /
Je trouve toujours intéressant de lire, d’une traite, le récit de la passion chez l’un ou l’autre évangéliste, comme nous le permet la liturgie du dimanche des rameaux, car cela fait apparaître le trait dominant de chaque récit… Dans la version de Marc, proposée à notre méditation cette année, je retiens surtout la suprême liberté manifestée par Jésus, jusqu’au bout, alors que tous les autres protagonistes (les disciples, la foule, les autorités juives ou romaines) se laissent manipuler par la peur, par l’effet de foule, par le désir de maintenir leur pouvoir, etc. Quel contraste saisissant ! Jésus, enchaîné, bafoué, torturé, crucifié apparaît souverainement libre alors que ceux qui semblent apparemment libres, et qui détiennent le pouvoir de décider, sont foncièrement enchaînés par la peur, le paraître, le pouvoir, le conformisme… Quelle leçon pour aujourd’hui ! Quels sont les hommes véritablement libres aujourd’hui ? Et sommes-nous du lot ?
Des hommes enfermés…
Regardons de plus près les motivations des différents protagonistes… Les grands prêtres et les scribes cherchent à arrêter Jésus par ruse, pour le faire mourir. Si je comprends bien, ils ont peur de Jésus qui déstabilise leur pratique de la religion et qui menace indirectement leur pouvoir. Plutôt que d’écouter ce qu’il a à leur dire, ils préfèrent l’éliminer. Par ailleurs ils ont peur de la foule qui pourrait prendre le parti de Jésus et préfèrent intervenir par ruse. Sont-ils des hommes libres ? Pas vraiment… Plutôt des hommes enfermés dans un système et prêts à le défendre coûte que coûte. Du côté des disciples, ce n’est guère mieux ! Certes, ceux-ci ont été réceptifs à l’appel de Jésus, mais au moment crucial ils tomberont : Judas le premier, par amour du gain, par espoir déçu, ou par mécompréhension de la messianité de Jésus va le trahir… Par trois fois, Pierre, Jacques et Jean s’endorment au jardin de Gethsémani au lieu de veiller… À l’arrestation : « Les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent tous »… Pierre, en particulier, le reniera trois fois… Des disciples donc séduits par Jésus mais enfermés dans leurs limites humaines, dans leurs peurs, dans leurs lâchetés… La foule, elle, est toujours aussi versatile : elle avait acclamé Jésus lors de son entrée à Jérusalem : mais était-ce par conviction ou pour suivre l’élan du moment ? En tout cas elle se laissera bien manipuler jusqu’à réclamer la libération d’un criminel plutôt que celle de Jésus. Aucune voix libre n’a pu s’exprimer dans la foule… Pilate enfin, supposé être l’homme le plus puissant de Palestine, et malgré qu’il n’eut rien trouvé à reprocher à Jésus, nullement libre d’accomplir son désir de relâcher Jésus, condamnera celui-ci, pour maintenir son emprise et faire plaisir aux chefs juifs comme à la foule ! Et on pourrait poursuivre la liste… Les seuls, dans le récit selon saint Marc, à manifester leur liberté, mais un peu tard, ce seront le centurion reconnaissant finalement en Jésus le Fils de Dieu et Joseph d’Arimathie qui eut l’audace d’aller chez Pilate réclamer le corps de Jésus. Cette longue liste nous permet donc d’illustrer combien les êtres humains, bien qu’ils se croient libres, sont souvent conditionnés, manipulés par bien des éléments… Et on pourrait abondamment actualiser les conditionnements, esclavages et manipulations de l’homme moderne dans nos sociétés de l’image, de la consommation et du bruit !
Un Homme libre !
Au contraire de tous les autres protagonistes, Jésus se montre suprêmement libre ! Il avance vers Jérusalem en sachant ce qui l’attend, il se prépare dans la prière à son offrande ultime, il remet librement sa volonté entre les mains du Père, il ne fuit pas les soldats et ne cherche pas à se défendre, il répond librement aux questions du grand prêtre ou de Pilate quand elles lui semblent dignes d’intérêt et, finalement, ses craintes et peurs légitimes ne l’empêchent pas d’avancer vers le don de lui-même. Sa seule motivation est son amour des hommes et sa confiance en la volonté du Père… J’évoquais la semaine passée les martyrs de notre temps, mais combien, tout au long des siècles, manifesteront leur suprême liberté ? Que ce soit face aux persécutions romaines, en contexte missionnaire (que l’on pense aux milliers de martyrs des Églises du Vietnam ou de Corée par exemple), ou encore dans les camps nazis à l’image d’un Maximilien Kolbe… Cette liberté de Jésus à l’approche de sa mort n’était, faut-il le rappeler, qu’en continuité avec sa liberté manifestée tout au long de sa vie : il n’y a pas besoin d’attendre sa dernière heure pour apprendre à vivre en homme libre !
Et vous, où vous situez-vous ? Du côté des enfermés ou du côté de l’Homme libre ?
Peut-être vous retrouvez-vous un peu des deux côtés,
Mais alors, avez-vous le désir de vous laisser libérer par l’Homme libre ?