La Vie plus forte que la mort !

triduum_pascal4 avril 2015, Veillée pascale, année B, Mc 16,1-7 /

« Christ est ressuscité ! », « Il est vraiment ressuscité ! »… La Vie a vaincu la mort ! La Vie, en Dieu, est plus forte que toute souffrance, que tout mal et que toute mort ! Le croyons-nous, l’espérons-nous, le vivons-nous ?

Le croyons-nous ?

Parcourons d’abord rapidement quelques-uns des textes proposés à notre méditation durant la veillée pascale. Ils nous parlent, tous, tout au long de l’histoire du Salut, d’un Dieu source de Vie, promoteur de Vie, tenace à remettre sans cesse son peuple sur le chemin de la Vie !

Le récit de la Création, bien sûr  nous parle de cette explosion de vie qui, à partir du Dieu de Vie, se déploie sous toutes ses formes et repousse le chaos et les ténèbres…

Le récit du sacrifice d’Isaac proclame que Dieu ne veut pas de sacrifice humain, mais un cœur disponible à ses commandements qui sont source de vie… Bien sûr, ce texte préfigure, d’une certaine manière, l’offrande du Fils unique…Mais attention aux analogies trop faciles qui déformeraient le visage d’un Dieu d’amour.

Le récit de la libération d’Egypte nous rappelle la première pâque, le passage de l’esclavage à la liberté, de la mort à la vie… Préfiguration du baptême : la traversée dans les eaux qui fait passer du monde des ténèbres à celui de la lumière.

Le passage d’Isaïe au chapitre 54e nous parle de la tendresse de Dieu plus forte que nos infidélités ; de son désir de Vie et d’Alliance plus fort que sa colère : « Je jure de ne plus m’irriter contre toi… même si les montagnes s’écartaient, sil les collines s’ébranlaient, ma fidélité ne s’écarterait pas de toi, mon alliance de paix ne serait pas ébranlée, -dit le Seigneur qui te montre sa tendresse. »

L’extrait du prophète Ezéchiel : « J’ôterai votre cœur de pierre et vous donnerai un cœur de chair » témoigne, lui aussi, de cette persévérance tenace de la part de Dieu de remplacer notre cœur de haine de jalousie, d’infidélité par un cœur qui aime et qui soit source de vie.

Saint Paul, dans son épitre aux Romains nous redit que « l’homme ancien qui est en nous, a été fixé à la croix avec le Seigneur… afin que nous ne soyons plus esclave du péché… De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivant pour Dieu en Jésus Christ. » Il ne s’agit pas simplement de le penser mais d’en vivre, de vivre en ressuscité, en vainqueurs du mal, en promoteurs tenaces de la Vie en nous et autour de nous !

Le récit du tombeau vide, la Résurrection du Christ, ne vient donc que confirmer ce que toute l’histoire du Salut nous révèle : Dieu est Vie, plus fort que nos péchés, que nos infidélités, que toute forme de mal et la mort n’a pas de prise sur lui. La Résurrection du Christ vient mettre le sceau final  à cette révélation. Il ne s’agit donc pas de croire, ou pas, à la Résurrection du Christ comme si c’était un événement isolé. Ce qui nous permet d’y croire, c’est la foi et la contemplation tout au long de l’histoire -et aussi de notre histoire personnelle- du Dieu de la Vie !

L’espérons-nous ?

Il ne s’agit pas ici d’un espoir en la Résurrection, comme lorsqu’on espère gagner une course, ou un match. Non, il en va, ici, de la vertu d’espérance ! Notre foi, nous assure que le Christ est ressuscité et que nous participerons à sa résurrection, comme nous le dit saint Paul : « Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. » (Rm 6,8) Alors notre espérance donne dynamisme à notre vie de chaque jour. Vivre en croyant à la Résurrection et dans l’espérance de la Résurrection change tout à notre vie. L’horizon de notre vie n’est plus l’horizon terrestre mais l’horizon d’une vie en Dieu. Notre rapport aux biens, aux autres, à Dieu en est totalement changé, car nous n’emporterons rien avec nous si ce n’est tout ce qui participe à la vie de Dieu : la fraternité, la solidarité, l’amitié, l’amour, la compassion etc… Et c’est à cela que nous avons à travailler jour après jour, et non pas à accumuler des choses futiles qui ne passeront pas le seuil de la mort.

Le vivons-nous ?

Qu’est-ce que cela change à notre quotidien ? Cela ne change rien et cela change tout ! La Résurrection du Christ ne change rien dans le sens où nous aurons toujours à faire face aux épreuves, à la maladie, à la mort mais elle change tout car toutes nos épreuves, toute forme de mal et de mort sont orientées désormais vers la vie ! Il s’agit donc, au quotidien, de vivre en ressuscité, et, comme Dieu, de promouvoir avec ténacité la vie en nous et autour de nous. Dans les difficultés de vos vies de couple : vivre en ressuscité et promouvoir la vie en mon époux en mon épouse, le pardon, la relance incessante de la relation, croire toujours en une vie possible… Dans les difficultés économiques : savoir relativiser le paraître et la possession des biens, promouvoir la coopération et la solidarité, se rappeler que notre véritable richesse c’est la qualité de notre vie relationnelle, ne pas faire de l’argent un instrument de mort mais de vie… Face à la maladie et à la mort, être toujours au service de la vie jusqu’au bout. Mais reprendre aussi conscience que notre corps de chair est mortel et faillible et qu’il nous faut en être dépouillé pour pouvoir passer à la Vie en plénitude en Dieu ! Il s’agit donc dans toutes ces situations d’être témoin d’espérance et artisan de vie, de cette vie plus forte que tout mal et que toute mort !

Oui, Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !

Et la Vie a vaincu toute souffrance, tout mal et toute mort !

Le croyons-nous ?

L’espérons-nous ?

Le vivons-nous ?

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3 réponses à La Vie plus forte que la mort !

  1. Monique dit :

    Il me vient une question, P. Benoît : nulle part je ne vois que c’est Jésus qui est ressuscité… Chaque fois je vois : « [le] Christ est ressuscité » ! ou « La résurrection du Christ »… J’ai tout d’un coup un malaise là ! Vous voyez pourquoi ? « Qui » était mort ? et ensuite : « Qui » est ressuscité ? Jésus ou Christ ? Vous ne croyez pas que je joue avec les mots, n’est-ce pas ? C’est la première fois, je l’avoue, que cette nuance me frappe ! Qu’est-ce que j’en fais ? Me taire pour ne pas paraître ignorante, ou poser candidement la question ? Vous vous donnez la peine d’éclairer notre quotidien, ici même dans votre billet de Pâques, et votre intervention est toujours la bienvenue. Mais cette espérance à laquelle vous nous conviez cette fois-ci me semblerait fondée… sur la réponse à ma question… Vivement que vous y répondiez, Benoît !

    • Frère Benoît dit :

      Bonjour Monique, et oui c’est une vraie question, mais le terrain est glissant… D’abord une citation :
      « Hommes d’Israël, écoutez ce message. Il s’agit de Jésus le Nazaréen, cet homme dont Dieu avait fait connaître la mission en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez bien. Cet homme, livré selon le plan et la volonté de Dieu, vous l’avez fait mourir en le faisant clouer à la croix par la main des païens. Or, Dieu l’a ressuscité en mettant fin aux douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir. […] David était prophète, il savait que Dieu lui avait juré de faire asseoir sur son trône un de ses descendants. Il a vu d’avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : Il n’a pas été abandonné à la mort, et sa chair n’a pas connu la corruption. Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. […] Que tout le peuple d’Israël en ait la certitude : ce même Jésus que vous avez crucifié, Dieu a fait de lui le Seigneur et le Christ. » (Ac 2,22…36)

      Première remarque : Pierre dans ce discours utilise aussi bien Jésus que Christ. Il ne faut jamais séparer les deux, jamais séparer l’humain du divin, car si ce n’est que l’homme qui est mort ou que le divin qui est ressuscité, la Résurrection de Jésus Christ n’a plus aucun intérêt pour nous. C’est l’Homme-Dieu qui est mort, c’est l’Homme-Dieu qui est ressuscité !

      Deuxième remarque : Le titre « Jésus de Nazareth » insiste plus sur l’humanité, alors que « le Christ », c’est sa fonction (L’oint, le Messie) ; mais il est vrai aussi que « Christ » qualifie un peu plus la dimension divine de Jésus Christ, mais s’il ne faut pas exagérer cette interprétation. C’est le sens, en tout cas de la finale de la citation : « Ce même Jésus… Dieu a fait de lui le Seigneur et le Christ. » Il suffit de penser aux représentations du Christ pantocrator, c’est-à-dire dans sa toute-puissance ! Mais le Christ Ressuscité a-t-il perdu son humanité ? Certainement pas ! C’est une humanité menée à son accomplissement !

      Troisième remarque : On peut donc employer l’un ou l’autre titre… Mais il est vrai que si l’on dit Jésus est ressuscité on risquerait de croire à un retour à la vie terrestre (comme Lazare) or ce n’est pas cela la résurrection, mais le passage à un autre niveau de vie en Dieu, c’est certainement pourquoi on préfère utiliser « Christ est ressuscité », non parce que ce serait le divin en Jésus Christ qui serait ressuscité, mais pour signifier que l’homme-Dieu est entré dans la vie divine…

      Dernière remarque : l’expression exacte devrait être, comme dans la citation ci-dessus Dieu (ou le Père) l’a ressuscité, car il s’agit d’un passif divin : Jésus a été ressuscité (par Dieu) et non pas s’est ressuscité lui-même… (cf. Entre tes mains je remets mon esprit)
      « Jésus Christ a été ressuscité, il a vraiment été ressuscité ! »

      • Monique dit :

        Enfin des mots qui parlent, comme dirait Augustin ! Il y a assez dans votre réponse, P. Benoît, pour alimenter toute une vie ; ou, à tout le moins, pour nous permettre de « faire dimanche » dans l’enthousiasme – au sens fort du mot ! Pour reprendre naïvement un slogan plusieurs fois entendu dans une annonce à la télé (il y a parfois de la sagesse là où on en attend le moins) : « C’est cette saveur que je cherchais » !

        Là, vous avez mis la barre haute, Benoît ; bravo et merci !

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