Se laisser enseigner !

Jesus-enseignant19 juillet 2015, 16ème dimanche ordinaire, année B, Mc 6,30-34 /

« Jésus fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors il se mit à les enseigner longuement. » (Mc 6,34) Cet extrait de l’évangile de ce dimanche me donne l’occasion de revenir sur l’encyclique Laudato si’ du pape François. En effet le pape, à la manière de Jésus, vient nous enseigner longuement (192 pages !), non seulement sur les questions écologiques, mais encore sur le modèle de société qui est en train de s’imposer à nous sans que nous l’ayons vraiment choisi. Nous voici comme des brebis sans berger : ce n’est plus la recherche du bonheur, ni même la sagesse humaine et encore moins la quête de la volonté de Dieu qui nous guide mais un système techno-scientifique, technocratique et financier qui s’impose à nous de façon implacable. Où sont les prophètes d’aujourd’hui, les penseurs, les dirigeants politiques, les guides qui pourraient conduire notre monde sur un chemin d’humanisation ? Le temps des vacances, du retrait à l’écart, n’est-il pas un temps pour redonner sens à nos vies, pour entrer en résistance et pour écouter, à frais nouveaux, la voix du maître intérieur ?

Redonner sens…

« Le monde est issu d’une décision, non du chaos ou du hasard. […] L’amour de Dieu est la raison fondamentale de toute la création. […] Par conséquent, chaque créature est l’objet de la tendresse du Père, qui lui donne toute sa place dans le monde. Même la vie éphémère de l’être le plus insignifiant est l’objet de son amour, et, en ces peu de secondes de son existence, il l’entoure de son affection. » (LS n°77) Voilà certainement la première des tâches humaines : contempler ; contempler le mystère de la création habitée par un dessein d’amour –d’où la nécessité de prendre du temps à l’écart des foules et des médias– ! Une contemplation qui forcément redonne sens à nos vies et nous permet de trouver notre place essentielle comme être humain, lieutenant du Verbe, chargé d’accompagner la création dans son développement vers sa plénitude en Dieu : « L’aboutissement de la marche de l’univers se trouve dans la plénitude de Dieu. […] La fin ultime des autres créatures, ce n’est pas nous. Mais elles avancent toutes, avec nous et par nous, jusqu’au terme commun qui est Dieu, dans une plénitude transcendante où le Christ ressuscité embrasse et illumine tout ; car l’être humain, doué d’intelligence et d’amour, attiré par la plénitude du Christ, est appelé à reconduire toutes les créatures à leur Créateur. » (LS n°83) Cela ne redonne-t-il pas du souffle à nos vies ?

Entrer en résistance…

Alors, ne faut-il pas entrer en résistance face à un système qui n’a rien à voir avec ce projet d’amour de Dieu, mais qui écrase tout sous le rouleau compresseur des lois du marché, du mythe du progrès et du techniquement possible ? « C’est devenu une contre-culture de choisir un style de vie avec des objectifs qui peuvent être, au moins en partie, indépendants de la technique, de ses coûts, comme de son pouvoir de globalisation et de massification. » (LS n°108) …. « Ce qui arrive en ce moment nous met devant l’urgence d’avancer dans une révolution culturelle courageuse. La science et la technologie ne sont pas neutres. […] Personne ne prétend vouloir retourner à l’époque des cavernes, cependant il est indispensable de ralentir la marche pour regarder la réalité d’une autre manière, recueillir les avancées positives et durables, et en même temps récupérer les valeurs et les grandes finalités qui ont été détruites par une frénésie mégalomane. » (LS n°114) Ne laissons pas nos vies être menées par des guides aveugles, par des systèmes soi-disant incontournables, mais entrons en résistance, prenons du recul, laissons-nous instruire par l’Évangile, pour prendre notre avenir en main et ouvrir les chemins d’une autre vie possible !

Ecouter la voix du maître intérieur…

Oui Jésus enseigna longuement la foule sans berger, le pape François et ses prédécesseurs enseignent longuement les hommes de bonne volonté, la nature elle-même nous enseigne patiemment le mystère de la création et de son Créateur… Toutes ses voix ne sont qu’une seule et même voix, celle du Verbe de Dieu qui travaille le monde de l’intérieur et le conduit vers sa plénitude : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement tourné vers Dieu. Tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui. » (Jn 1,1-3) Comment écouter de nouveau le chant du Verbe en nos cœurs ? Comment sentir de nouveau la caresse de Dieu dans sa création – « Le sol, l’eau, les montagnes, tout est caresse de Dieu. » (LS n°84) – ? Comment laisser résonner en nous la voix du Maître intérieur qui donne cohérence et unité à toutes les dimensions de notre vie ? Car, « pour le croyant, le monde ne se contemple pas de l’extérieur mais de l’intérieur, en reconnaissant les liens par lesquels le Père nous a unis à tous les êtres. » (LS n°220)

Oui, allons à l’écart du tumulte,

Et laissons-nous enseigner… longuement !

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