Une seule destinée !

Multi pain26 juillet 2015, 17ème dimanche ordinaire, année B, Jn 6,1-15 /

Nous risquons d’être trop habitués à ce récit de la multiplication des pains pour nous laisser surprendre et enseigner de nouveau par cette Parole de vie évangélique. Aussi essayons de le lire à la lumière de l’épitre de Paul aux Ephésiens proposée à notre méditation ce dimanche : « Ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. […] Car il y a une seule espérance, un seul Corps, un seul Esprit, un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous. » (Ep 4,2…6) Paul nous parle d’abord de l’unité nécessaire entre les chrétiens, une unité que nous n’avons pas à construire par nos propres forces mais qui nous vient du Corps même du Christ ressuscité que nous formons… Or cette unité des chrétiens n’est qu’une préfiguration de la communion de l’humanité entière, hommes de toutes religions ou de toutes philosophies, et même de tous les êtres vivants, communion à laquelle la Création est destinée en Dieu. Une seule Église, Une seule humanité, Une seule destinée !

Une seule Église !

L’unité des chrétiens dont nous parle Paul ne donne pas de recettes faciles pour vaincre nos divisions multiséculaires, mais elle nous renvoie à la racine même de cette unité : nous formons un seul Corps, le Corps du Christ ressuscité ! D’où le lien que nous pouvons faire entre cette épitre et le récit de la multiplication des pains : à vues humaines, il est impossible de communier ensemble à un même repas eucharistique à partir de la pauvre qualité de nos vies chrétiennes – cinq pain et deux poissons, c’est tout ce que nous avons à apporter –. Et pourtant, c’est à partir de cela que Jésus va nourrir la foule bigarrée composée des Douze, des disciples, des curieux, des intéressés et peut-être aussi de ceux qui se laisseront entraîner à réclamer sa crucifixion à Pilate. Jésus a-t-il fait une sélection, a-t-il choisi ceux qui avaient droit de communier à ce premier « repas eucharistique » ? Non, tous il les a nourris, quelle que soit la qualité de leur faim… Ne peut-il pas, aujourd’hui encore, rassembler dans un même repas eucharistique tous ceux qui viennent à lui : catholiques « tradis ou progressistes », orthodoxes de tous bords, protestants « classiques », pentecôtistes ou membres des Églises du réveil ? C’est donc d’abord envers nos frères chrétiens qu’il faut entendre cet appel à l’humilité, à la douceur, à la patience, à se supporter les uns les autres avec amour, au service de l’unité et de la paix.

Une seule humanité !

Mais le récit de la multiplication des pains nous parle aussi de douze corbeilles de restes pour nourrir au-delà de ceux qui étaient rassemblés auprès de Jésus. Et saint Paul de nous dire : « Car il y un seul Seigneur, un seul Dieu et Père de tous, qui règne au-dessus de tous, par tous, et en tous. » (Ep 4,5-6) L’unité, à laquelle nous sommes appelés, ne concerne donc pas seulement les chrétiens, mais l’ensemble des enfants du Dieu unique. L’eucharistie ne sert pas qu’à nourrir la vie des disciples de Jésus, mais à avancer vers une communion plus grande avec Dieu et tous ses enfants bien-aimés. Quand nous partageons le peu que nous avons, quand nous avons le souci du bien commun, non seulement nous pouvons vivre mieux, mais encore nous nous rendons capables de partager, ce que nous avons et ce que nous sommes, au-delà de nos cercles habituels. Le Pape François ne cesse de rappeler que ce qui fonde la fraternité, le dialogue interreligieux, l’action pour « la sauvegarde de notre maison commune », c’est notre appartenance à une humanité unique voulue par Dieu : « Les hommes et les femmes de ce monde ne pourront-ils jamais correspondre pleinement à la soif de fraternité, inscrite en eux par Dieu Père ? Réussiront-ils avec leurs seules forces à vaincre l’indifférence, l’égoïsme et la haine, à accepter les différences légitimes qui caractérisent les frères et les sœurs ? […] Nous pourrions synthétiser ainsi la réponse que nous donne le Seigneur Jésus : puisqu’il y a un seul Père qui est Dieu, vous êtes tous des frères (cf. Mt 23, 8-9). La racine de la fraternité est contenue dans la paternité de Dieu. Il ne s’agit pas d’une paternité générique, indistincte et inefficace historiquement, mais bien de l’amour personnel, précis et extraordinairement concret de Dieu pour chaque homme (cf. Mt 6, 25-30). Il s’agit donc d’une paternité efficacement génératrice de fraternité. » (Message du Pape François du 1er janvier 2014)

Une seule destinée !

Oui, la multiplication des pains nous parle de la communion possible de tous les chrétiens à une même table eucharistique et d’une table ouverte, au-delà de tous nos cercles d’appartenance, au service de la fraternité universelle, mais il y a plus encore… Les bénéficiaires de la multiplication des pains en ont fait l’expérience : ce miracle n’a pas duré. Nos façons partielles de réaliser la fraternité de tous les humains ne trouvera sa pleine réalisation que dans le mystère de la Création renouvelée et récapitulée dans la vie glorieuse du Ressuscité ! Oui, l’humanité entière, l’ensemble des êtres vivants, la Création entière avancent vers une seule destinée : une vie en Dieu où tout sera récapitulé en un seul Corps !

La multiplication des pains ne nous parle-t-elle pas :

D’une seule Église,

D’une seule humanité,

D’une seule destinée ?

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