C’est ce dimanche que s’ouvre le second volet du synode des évêques sur la famille.
Un synode pas comme les autres, vu l’ampleur de la démarche déployée. Rappelons-nous que c’est en octobre 2013 que les travaux ont débuté avec le premier document de préparation (lineamenta), suivi d’un premier questionnaire envoyé aux catholiques de base. Puis s’en vint, en juin 2014, le premier instrument de travail (instrumentum laboris) présentant une synthèse des réponses à ce questionnaire. Base sur laquelle se sont rencontrés les évêques, en octobre 2014, dans une première configuration du synode appelée « assemblée extraordinaire », c’est-à-dire avec une représentation plus restreinte que lors des assemblées ordinaires. Les travaux de ce synode ont abouti à un document faisant la synthèse des débats : la ‘relatio synodi’. Suite à cette première assemblée, un second questionnaire fut envoyé aux catholiques de base. Enfin un second instrument de travail (instrumentum laboris) fut promulgué en juin 2015, sur la base de la ‘relatio synodi’, enrichie des réponses au second questionnaire. C’est donc à partir de ce document que se rencontrent les évêques en synode, à partir de ce dimanche avec une représentativité plus large, celle des assemblées ordinaires du synode des évêques. Entre temps le pape François a déjà fait avancer les choses avec deux motus proprio facilitant les démarches pour la reconnaissance de la nullité de certains mariages. L’assemblée synodale devrait remettre au Saint Père, et publier, la synthèse de ses travaux, et enfin la conclusion de toute cette démarche devrait être, en principe, une exhortation apostolique post-synodale par le pape dans les mois à venir. Ouf !
Non, décidément, ce synode ne sera pas comme les autres, et il ne peut accoucher d’une souris. Je lisais récemment une réflexion qui me semblait tout à fait pertinente sur une comparaison entre ce synode et le concile Vatican II. Comme le concile, ce synode ne marquera-t-il pas un tournant dans l’histoire de l’Église ? Comme le concile, il ne va pas changer la doctrine, mais surtout le langage et la façon de faire. Il me semble que de nombreux indicateurs vont dans le même sens : non pas un changement sur la doctrine du sacrement du mariage mais une réelle prise en compte et un accompagnement personnalisé des couples. Il ne s’agit plus pour l’Église de passer son temps à réaffirmer ce que devrait être un couple chrétien –ou plutôt catholique–, mais d’accompagner les situations réelles, compliquées et complexes des familles d’aujourd’hui. Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et l’un des quatre présidents délégué du synode, va déjà en ce sens : « D’abord le synode ne prend pas de décision, il fait des recommandations, et le pape fait ce qu’il veut », a rappelé le cardinal Vingt-Trois. « Mais je ne pense pas que nous recommanderons de dire qu’il y aura un décret général qui permettra à tout le monde de faire ce qu’il veut. Nous recommanderons une approche spécifique, individualisée, d’accompagnement (…) pour les personnes qui souffrent de cette situation de divorcés remariés »
Finalement en prenant la résolution d’une Église qui accompagne toutes les situations familiales, sans les juger à priori, tout en rappelant les exigences du mariage chrétien, l’Église ne sera-t-elle pas plus fidèle à l’Évangile et au Dieu miséricordieux ? Les exégètes nous rappellent que, dans la Bible, il n’y a pas un discours unique, ni un modèle unique de famille. ‘« Toutes ces histoires de familles viennent nous dire qu’il n’y a pas d’âge d’or de la famille, que cela a toujours été compliqué et qu’il a fallu l’intervention de Dieu dans ces histoires », explique le dominicain Philippe Lefebvre, professeur d’Ancien Testament à l’université de Fribourg (Suisse). Non pas que la Bible légitime toutes les formes de famille ! « Ce qui est important, c’est de voir comment Dieu vient les aider à travers leurs blessures, comment il les accompagne pour accéder à la vérité », abonde le P. Olivier Bonnewijn, professeur à l’Institut d’études théologiques de Bruxelles (Belgique).’ (Extrait d’un très bon article de Nicolas Senèze dans la Croix du 2 octobre sur les familles de la Bible). Nous sommes bien loin de ceux qui prétendent défendre « la » famille attaquée de tout bord. Certains évêques africains me font quelque peu sourire lorsqu’ils prétendent défendre la famille chrétienne, alors que je n’ai jamais rencontré de familles plus déstructurées qu’en Afrique et de familles sur « le » modèle chrétien aussi rares !
Rendons grâce à Dieu pour la démarche synodale entamée depuis deux ans et confions au Seigneur la suite de ses travaux…
La vie par ici
D’abord une petite note technique… Un certain nombre de fournisseurs de courriels s’évertuent à considérer la lettre hebdomadaire du blogue comme un spam. Avec Gmail, par exemple, j’ai beau, chaque semaine sortir la lettre des spams en signalant que ce n’en est pas un, elle y retournait systématiquement, semaine après semaine. Une abonnée m’ayant signalé son même souci je vous donne la solution que j’ai trouvée. Il faut, pour Gmail, aller dans « paramètres », puis « filtres » et créer un filtre en mettant dans objet : « Lettre aux amis du blogue » et comme action : Appliquer le libellé « Personnel »… Si cela peut aider certains… En principe vos différents fournisseurs ont des options pour signaler les non-spams.
Sinon, rien de spécial par ici, les nouveaux frères d’Afrique de l’Ouest ont enfin tous rejoint leurs communautés d’étude, et la plupart sont déjà à la tâche, à Kinshasa, Ouagadougou et Antananarivo… Ici nous commençons à prendre notre rythme de croisière avec les jeunes pré-postulants et les nouveaux novices. Le palu a quelque peu sévi dans les rangs mais tout le monde se porte déjà mieux.
Ah si tout de même une nouvelle remarquable, la rentrée scolaire a bien eu lieu lundi dernier, 28 septembre, c’est la première fois depuis que je suis au Togo que l’année commence à la date prévue. Espérons que cette année scolaire tiendra les promesses de cette rentrée, sans être amputée, comme chaque année, de plusieurs mois de cours…