Des hommes-machines ?
15 novembre 2015, 33e dimanche année B, Mc 13,24-32 /
Les textes proposés pour la fin de l’année liturgique nous renvoient, comme chaque année, à la fin des temps, avec un langage apocalyptique pas très encourageant… Et pourtant « Évangile » veut dire « Bonne Nouvelle » ! Quelle est donc la Bonne Nouvelle de ce dimanche ? Que les étoiles tomberont du ciel ? Que l’humanité vivra une grande détresse ? Que les puissances célestes seront ébranlées ? Non, tout ceci est de l’ordre d’un langage révélateur –apocalyptique– d’autre chose… La Bonne Nouvelle c’est qu’un autre monde est en train d’advenir, que les souffrances d’ici-bas n’ont pas le dernier mot, que la Terre, comme le figuier est en train de préparer le temps de la récolte et des bons fruits. Mais avant de s’imaginer le Royaume de plénitude vers lequel nous avançons, et sur lequel l’Évangile n’est pas très explicite, la première Bonne Nouvelle de ce jour c’est peut-être, tout simplement, la réaffirmation que nous ne sommes pas immortels ! C’est-à-dire que cette vie, très insatisfaisante, nous n’aurons pas à la vivre éternellement… Plusieurs œuvres de science-fiction ont cherché à imaginer et souvent à dénoncer le mythe de l’immortalité mais voici qu’il revient en force, ces derniers temps sous la forme du transhumanisme, qui prétend, grâce à la science et à la technique, repousser très loin -voir abolir- le vieillissement et la mort. Comment promouvoir un autre désir ?
Dieu nous a préservés de l’immortalité !
La question est abordée dès le livre de la Genèse. L’auteur biblique constate d’abord l’ambivalence de notre vie humaine, révélée par la consommation du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal : prise de conscience de la nudité, c’est-à-dire de la fragilité humaine ; prise de conscience d’un rapport possible de domination entre l’homme et la femme ; prise de conscience d’une vie de labeur et de souffrance ; prise de conscience d’un mal tentateur ; prise de conscience d’une fraternité qui peut tourner mal ; prise de conscience d’une relation à Dieu ambivalente… Face à cette fragilité originelle, Dieu éloigne l’être humain de l’arbre de la vie, afin qu’il ne vive pas « cela » éternellement ! Et, il nous ouvre la véritable clef d’interprétation de notre vie ici-bas : ce n’est que le temps qui nous est offert pour apprendre à vivre, ou, si vous préférez, pour nous préparer à la vraie vie pour laquelle nous avons été créés. Le Seigneur ne veut pas, pour nous, une continuation sans fin de notre pénible vie ici-bas –une vie immortelle–, mais nous permettre de passer à un mode d’être bien différent, à ses côtés : une vie de ressuscités ! Tout le récit de la Création nous parle de cela : passer d’une vie immortelle, que l’on voudrait se construire par nous-mêmes et sans Dieu, à une vie de ressuscité, reçue de Dieu !
Mais la tentation de l’immortalité n’a jamais été aussi vive…
Transhumanisme : voilà le nouveau nom de ce rêve d’un humain tout puissant, libéré des « aspects indésirables de la condition humaine. »[1] De quoi s’agit-il ? Tout simplement d’associations, de mouvements, de scientifiques, de communs des mortels… qui veulent « sauver » l’humanité par la technologie. Comment ? En fusionnant de plus en plus l’homme avec des machines de façon à abolir la fragilité humaine. Il ne s’agit pas simplement de prothèses comme cela se pratique de plus en plus, mais d’augmenter les capacités intellectuelles, physiques et psychologiques de l’homme ; de lui permettre de vivre 500 ou 1000 ans disent les plus modestes ou tout simplement de devenir immortels ! Par exemple en transférant sa conscience, sa mémoire, ses capacités cognitive à une machine, à un robot, ce qui lui confèrerait l’immortalité, car la machine serait toujours réparable et améliorable. Et, ce n’est plus de la science-fiction car de très grands moyens financiers sont déjà mobilisés pour toutes ces recherches. Bien sûr tout ceci va de pair avec un athéisme revendiqué, une négation de Dieu et la conviction qu’il n’y a rien après la mort. Mais croyez-vous que ce type de vie immortelle, si tant est qu’elle devienne possible, est souhaitable ? Ne serait-ce pas une façon de prolonger les aléas de notre vie ici-bas, de la pire des manières, puisque nous ne serions plus nous-mêmes mais des hommes-machines ?
Comment promouvoir un autre désir ?
Dieu merci, ce mouvement n’est que minoritaire pour l’instant et d’autres de nos contemporains recherchent, au contraire, une vie plus proche de la nature, plus authentique, plus simple, et faisant place à la dimension spirituelle de la vie humaine. Mais comment détourner nos frères et sœurs de leurs rêves cauchemardesques ? Sinon en témoignant toujours, à temps et à contre temps de la Joie d’une vie à l’école de l’Évangile ? De la joie d’une vie de service, de la joie d’une vie d’espérance et de confiance en Dieu ? Une espérance à bien distinguer d’un espoir désespéré en un être imaginaire… Notre espérance se fonde un homme bien réel : Jésus Christ ; sur des millions de témoins qui nous ont précédé dans la foi ; sur notre propre expérience intérieure et sur des signes qui attestent de la présence et de l’action de Dieu dans notre vie. Il s’agit de ré-enchanter le monde en l’ouvrant sur l’espace de l’intériorité, du désir, de la confiance, de l’espérance et de la foi ! Oui, saurons-nous témoigner de la Bonne Nouvelle d’un Monde ancien qui passe, d’un Monde nouveau qui se déploie, d’un Créateur et Sauveur qui veut le meilleur pour l’humanité ?
Face aux tentations désespérées d’atteindre l’immortalité ?
Laisserons-nous résonner en nous et autour de nous la Bonne Nouvelle de l’Évangile ?
Dieu merci, nous ne sommes pas immortels !
[1] Cf. Max More, dans Principes extropiens 3.0, 2003 ; cité dans la Croix du 3 novembre 2015
Dieu merci, nous ne sommes pas immortels !
Des hommes-machines ?
15 novembre 2015, 33e dimanche année B, Mc 13,24-32 /
Les textes proposés pour la fin de l’année liturgique nous renvoient, comme chaque année, à la fin des temps, avec un langage apocalyptique pas très encourageant… Et pourtant « Évangile » veut dire « Bonne Nouvelle » ! Quelle est donc la Bonne Nouvelle de ce dimanche ? Que les étoiles tomberont du ciel ? Que l’humanité vivra une grande détresse ? Que les puissances célestes seront ébranlées ? Non, tout ceci est de l’ordre d’un langage révélateur –apocalyptique– d’autre chose… La Bonne Nouvelle c’est qu’un autre monde est en train d’advenir, que les souffrances d’ici-bas n’ont pas le dernier mot, que la Terre, comme le figuier est en train de préparer le temps de la récolte et des bons fruits. Mais avant de s’imaginer le Royaume de plénitude vers lequel nous avançons, et sur lequel l’Évangile n’est pas très explicite, la première Bonne Nouvelle de ce jour c’est peut-être, tout simplement, la réaffirmation que nous ne sommes pas immortels ! C’est-à-dire que cette vie, très insatisfaisante, nous n’aurons pas à la vivre éternellement… Plusieurs œuvres de science-fiction ont cherché à imaginer et souvent à dénoncer le mythe de l’immortalité mais voici qu’il revient en force, ces derniers temps sous la forme du transhumanisme, qui prétend, grâce à la science et à la technique, repousser très loin -voir abolir- le vieillissement et la mort. Comment promouvoir un autre désir ?
Dieu nous a préservés de l’immortalité !
La question est abordée dès le livre de la Genèse. L’auteur biblique constate d’abord l’ambivalence de notre vie humaine, révélée par la consommation du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal : prise de conscience de la nudité, c’est-à-dire de la fragilité humaine ; prise de conscience d’un rapport possible de domination entre l’homme et la femme ; prise de conscience d’une vie de labeur et de souffrance ; prise de conscience d’un mal tentateur ; prise de conscience d’une fraternité qui peut tourner mal ; prise de conscience d’une relation à Dieu ambivalente… Face à cette fragilité originelle, Dieu éloigne l’être humain de l’arbre de la vie, afin qu’il ne vive pas « cela » éternellement ! Et, il nous ouvre la véritable clef d’interprétation de notre vie ici-bas : ce n’est que le temps qui nous est offert pour apprendre à vivre, ou, si vous préférez, pour nous préparer à la vraie vie pour laquelle nous avons été créés. Le Seigneur ne veut pas, pour nous, une continuation sans fin de notre pénible vie ici-bas –une vie immortelle–, mais nous permettre de passer à un mode d’être bien différent, à ses côtés : une vie de ressuscités ! Tout le récit de la Création nous parle de cela : passer d’une vie immortelle, que l’on voudrait se construire par nous-mêmes et sans Dieu, à une vie de ressuscité, reçue de Dieu !
Mais la tentation de l’immortalité n’a jamais été aussi vive…
Transhumanisme : voilà le nouveau nom de ce rêve d’un humain tout puissant, libéré des « aspects indésirables de la condition humaine. »[1] De quoi s’agit-il ? Tout simplement d’associations, de mouvements, de scientifiques, de communs des mortels… qui veulent « sauver » l’humanité par la technologie. Comment ? En fusionnant de plus en plus l’homme avec des machines de façon à abolir la fragilité humaine. Il ne s’agit pas simplement de prothèses comme cela se pratique de plus en plus, mais d’augmenter les capacités intellectuelles, physiques et psychologiques de l’homme ; de lui permettre de vivre 500 ou 1000 ans disent les plus modestes ou tout simplement de devenir immortels ! Par exemple en transférant sa conscience, sa mémoire, ses capacités cognitive à une machine, à un robot, ce qui lui confèrerait l’immortalité, car la machine serait toujours réparable et améliorable. Et, ce n’est plus de la science-fiction car de très grands moyens financiers sont déjà mobilisés pour toutes ces recherches. Bien sûr tout ceci va de pair avec un athéisme revendiqué, une négation de Dieu et la conviction qu’il n’y a rien après la mort. Mais croyez-vous que ce type de vie immortelle, si tant est qu’elle devienne possible, est souhaitable ? Ne serait-ce pas une façon de prolonger les aléas de notre vie ici-bas, de la pire des manières, puisque nous ne serions plus nous-mêmes mais des hommes-machines ?
Comment promouvoir un autre désir ?
Dieu merci, ce mouvement n’est que minoritaire pour l’instant et d’autres de nos contemporains recherchent, au contraire, une vie plus proche de la nature, plus authentique, plus simple, et faisant place à la dimension spirituelle de la vie humaine. Mais comment détourner nos frères et sœurs de leurs rêves cauchemardesques ? Sinon en témoignant toujours, à temps et à contre temps de la Joie d’une vie à l’école de l’Évangile ? De la joie d’une vie de service, de la joie d’une vie d’espérance et de confiance en Dieu ? Une espérance à bien distinguer d’un espoir désespéré en un être imaginaire… Notre espérance se fonde un homme bien réel : Jésus Christ ; sur des millions de témoins qui nous ont précédé dans la foi ; sur notre propre expérience intérieure et sur des signes qui attestent de la présence et de l’action de Dieu dans notre vie. Il s’agit de ré-enchanter le monde en l’ouvrant sur l’espace de l’intériorité, du désir, de la confiance, de l’espérance et de la foi ! Oui, saurons-nous témoigner de la Bonne Nouvelle d’un Monde ancien qui passe, d’un Monde nouveau qui se déploie, d’un Créateur et Sauveur qui veut le meilleur pour l’humanité ?
Face aux tentations désespérées d’atteindre l’immortalité ?
Laisserons-nous résonner en nous et autour de nous la Bonne Nouvelle de l’Évangile ?
Dieu merci, nous ne sommes pas immortels !
[1] Cf. Max More, dans Principes extropiens 3.0, 2003 ; cité dans la Croix du 3 novembre 2015