Des noces ? Pas mieux pour se révéler…

17 janvier 2016, 2e Dimanche ordinaire, année C, Jn 2,1-11 /

noces_de_CanaQuel curieux premier miracle ! Nous sommes certainement trop habitués aux récits évangéliques et nous ne nous rendons plus compte des incroyables surprises qu’ils nous réservent. Dieu prend la peine de venir à la rencontre de l’humanité, de passer de sa condition divine à la simple condition d’un homme de Galilée… et quel est le premier signe accompli par l’Homme-Dieu ?… Il change de l’eau en vin au cours d’une noce ordinaire, et pas seulement quelques verres mais carrément 600 litres. Vous avouerez tout de même que personne ne l’avait vu venir ce premier miracle ! Que Dieu extermine ses ennemis, qu’il envoie le tonnerre et la foudre ou qu’il ressuscite les morts, voilà de beaux grands miracles dignes de Dieu, mais qu’il change 600 litres d’eau en vin, qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ?… Et pourtant… Et s’il n’y avait pas mieux que les noces pour nous parler du projet de Dieu pour l’humanité ?

Des noces ? Pas mieux pour parler de sa venue…

Nous le savons, l’évangile de Jean est le plus tardif des quatre récits évangéliques. Cela signifie que Jean a pris le soin de construire son évangile en choisissant les évènements les plus significatifs, complémentaires des autres récits évangéliques pour susciter la foi et l’adhésion chez ses lecteurs. Il ne rapporte pas des faits bruts, mais il construit ses récits en les truffant de détails significatifs. Alors nous comprenons que Jean ne vient pas nous parler d’abord d’une noce quelconque ayant eu lieu il y a deux mille ans au fin fond de la Galilée, mais qu’il utilise cet événement pour nous parler de la Nouvelle Alliance entre Dieu et l’humanité. Les détails allusifs ne manquent pas : le troisième jour qui fait allusion à la résurrection ; l’Heure qui n’est pas encore venue renvoie à la croix ; les jarres d’eau pour les ablutions rituelles qui renvoient à l’Ancienne Alliance imparfaite avec une purification extérieure ; le manque de vin qui évoque la fin de l’Ancienne Alliance (À vin nouveau, outres neuves) ; les disciples invités au festin et finalement la mariée totalement absente du récit puisqu’il s’agit, en fait, des noces entre Jésus et l’humanité. Noces scellées par son sang, le sang et vin de la Nouvelle Alliance, la mariée étant le nouveau peuple de Dieu, la Jérusalem nouvelle, l’Église comme tête de pont de l’humanité entière. Ce qu’évoque la première lecture de ce dimanche : « Comme un jeune homme épouse une jeune fille, celui qui t’a construite t’épousera. Comme la jeune mariée est la joie de son mari, ainsi tu seras la joie de ton Dieu. » (Is 62,5) Pouvait-on mieux parler de la Nouvelle Alliance qu’à travers un repas de noces ?

Des noces ? Pas mieux pour ouvrir un avenir…

Mais allons plus loin : pourquoi Dieu, pour parler de sa relation avec l’humanité, emploie-t-il le langage de l’alliance, des noces, de l’époux et de l’épouse ? Les noces, qui célèbrent la fondation d’une nouvelle famille, ne sont-elles pas une des plus belles réalités humaines pour nous parler d’un avenir prometteur ? Les noces nous parlent d’abord d’un lien fondé sur l’amour et sur le libre engagement des conjoints. Dieu ne veut pas s’imposer à nous mais il veut nous séduire par son amour : «  C’est pourquoi je vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur. » (Os 2, 16) Tout le projet de Dieu se résume dans son désir de créer les conditions nécessaires à l’émergence d’êtres capables d’un amour réciproque avec lui. Par ailleurs, les quatre biens du mariage nous parlent justement de la beauté de l’amour de Dieu pour l’humanité : l’union, la fidélité, l’indissolubilité et la fécondité. L’union d’abord. Comme l’époux se donne corps et âme à son épouse, pour ne faire qu’une seule chair, ainsi le Seigneur se donne totalement pour s’unir à l’humanité entière et à chacun d’entre nous en particulier. De plus, le cœur humain étant en recherche d’un amour fidèle, indéfectible et éternel, trouve en Dieu l’objet ultime de son amour. Car, contrairement à nos amours humaines imparfaites et marquées par notre finitude, l’amour de Dieu est sans limite ni dans l’intensité, ni dans la fidélité, ni dans la durée. Enfin, comme l’amour du couple qui est source de vie et fécond, l’amour de Dieu avec son peuple est, bien plus encore, source de vie et fécond. Celui qui fait alliance avec le Seigneur qui est la source de la vie, aura une vie oh combien féconde, quelle que soit sa situation humaine (marié, célibataire, stérile physiquement, etc.) ! Des noces, pas mieux, donc, pour nous ouvrir un avenir…

Des noces ? Pas mieux pour nous parler du Royaume

Enfin le banquet des noces est l’image la plus employée dans la Bible pour nous parler du Royaume de Dieu : un lieu de fête et de joie, un lieu d’échange et de partage, un lieu où nos différents sens sont comblés par la beauté, la musique, la qualité des mets et du bon vin… Le banquet des noces nous parle aussi d’une connivence, d’une communion entre des invités qui ne se connaissaient pas nécessairement avant la fête. Ce n’est pas du même ordre qu’un repas entre amis, c’est un repas où la joie des époux est offerte à tous. Par exemple à Cana, c’est d’abord Marie qui était invitée, mais elle est venue avec son fils Jésus qui, lui-même, a embarqué ses disciples à la noce… Évidement l’Eucharistie préfigure ce banquet des noces que nous vivrons en Dieu, ce repas de communion de tous les disciples du Christ. Bref, pas mieux pour nous parler du Royaume !

Alors, oui, le premier miracle de Jésus rapporté par Jean est au service de noces…

Pas si étonnant que cela finalement…

Le Seigneur a pris chair de notre chair pour nous inviter au banquet…

Quelle sera notre réponse, nous laisserons-nous séduire ?

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4 réponses à Des noces ? Pas mieux pour se révéler…

  1. Julien dit :

    Merci mon Père pour le partage.

  2. GERMAIN MONIQUE dit :

    bonjour et merci, j’ai pu avoir le commentaire de cet évangile en rapport avec la journée mondiale de prières pour les réfugiés et migrants, c’est extra, je vous conseille de l’avoir ! Sokodé reste dans mon coeur puisque j’ai fait la fondation des Srs de l’Assomption et Komah me reste bon souvenir. Bonne semaine oecuménique
    Sr M. Monique

  3. Josiane dit :

    Merci mon père pour votre très beau commentaire de l’évangile.
    Soeur Monique pouvez vous nous donner le commentaire de l’évangile en rapport
    avec la journée mondiale de prières pour les réfugiés et migrants. Merci
    Josiane

  4. Sr Noëlla Noiseux dit :

    Bonjour Père Benoit

    Merci pour tous les commentaires de chaque semaine toujours très appréciés et riches
    pour la vie spirituelle Merci encore

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