24 janvier 2016, 3e Dimanche ordinaire, année C, Lc 1,1-4 ; 4,14-21 /
Quel est notre lien à la Parole de Dieu ? C’est la question qui me vient spontanément à l’esprit en écoutant les textes de ce jour. Face aux défis de notre quotidien, faisons-nous appel à la Parole de Dieu ? La première lecture nous rapporte un beau passage d’écoute de la Parole du Seigneur. L’événement se situe au retour de l’exil à Babylone, le peuple d’Israël, comme un seul homme, dit à Esdras d’apporter le livre de la Loi de Moïse -la Torah- et d’en faire une longue lecture publique. À l’écoute de cette Parole, tout le peuple se mit à pleurer, se rendant compte que ce sont ses infidélités à la Loi qui lui valurent l’exil à Babylone. Mais Néhémie, Esdras et les Lévites exhortent le peuple : « Ne pleurez pas car ce jour est consacré au Seigneur : la Joie du Seigneur est votre rempart ! » Qu’en est-il pour nous aujourd’hui, la Parole de Dieu a-t-elle la même puissance d’interpellation ? L’accueillons-nous comme une Parole exigeante, mais aussi comme une Parole consolante, et comme une Parole efficace, source de vie et de Joie ? Nos frères protestants ont mis l’accent sur les Saintes Écritures, Sola Scriptura disait Luther, pour dégager la foi chrétienne d’un certain nombre de surcharges… N’est-ce pas l’occasion, en cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens. de rendre grâce pour cette insistance de nos frères à mettre l’Écriture au cœur de la vie chrétienne ? Tout en sachant que la nuance catholique précise que la Parole de Dieu n’est pas contenue simplement dans les Écritures, mais qu’elle est d’abord en Jésus Christ, Parole faite chair, et donc aussi dans le livre de la Nature, dans l’histoire du Salut, dans la prédication des apôtres et de leurs successeurs et dans la tradition vivante de l’Église ; autant de lieux où le Verbe de Dieu se rend présent.
Une Parole exigeante !
En évoquant l’exigence de la Parole de Dieu, il ne s’agit surtout pas d’aller brandir des versets sortis de leur contexte pour juger, condamner, diaboliser les autres. Il s’agit bien plutôt d’une écoute amoureuse qui nous interpelle nous-mêmes. Son exigence est toujours de l’ordre de l’amour, de l’ordre d’une parole de vie. Comme un papa, ou une maman, qui veut le meilleur pour son enfant et doit lui donner des repères, des limites, des exigences ; ainsi la Parole du Seigneur nous indique ce qui nous place sur un chemin de vie ou sur un chemin de mort. Cela demande une longue fréquentation de la Parole de Dieu, pour ne pas plaquer des versets de-ci de-là mais pour nous laisser façonner par les manières de faire de Dieu, révélées en plénitude en Jésus Christ. L’exigence de la Parole de Dieu pourrait se résumer à cette question : où en suis-je de ma ressemblance à Jésus Christ ? Suis-je sur le chemin de la dissemblance ou de la ressemblance ?
Une Parole consolante !
« Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur ! » (Ps 18,9) La méditation de la Parole de Dieu a ce formidable pouvoir de nous mettre face à nos manquements tout en apportant une grande consolation. Il suffit de le voir dans chaque rencontre de Jésus avec les pécheurs : il relève, console, remet debout avant d’inviter à une vie plus belle. Du coup nous ne sommes plus accablés par nos fautes, mais nous puisons dans son amour, dans son pardon, dans sa miséricorde la force nécessaire pour reprendre la route de plus belle à sa suite. C’est ce qu’évoque encore notre première lecture, en invitant le peuple à la fête et à la joie : « certes vous avez péché, mais le Seigneur vous a relevés et vous pouvez de nouveau reprendre le chemin d’une vie belle. » Ceux qui ne connaissent la foi chrétienne que de loin, de façon plus ou moins culturelle, ne peuvent pas faire cette expérience de consolation, et risquent de percevoir la vie chrétienne comme moralisante, culpabilisante, aliénante. Nous aurions tellement envie de les inviter à puiser aux sources de nos belles traditions spirituelles : à faire un séjour dans un monastère, à prendre un temps de retraite, à s’initier à l’art de l’iconographie, que sais-je encore… pour vivre vraiment un temps d’intimité avec la Parole de Dieu. Je suis sûr qu’alors leur vie en serait changée… Je suis tellement triste parfois de voir nos contemporains chercher consolation dans toutes sortes de spiritualités orientales, souvent affadies d’ailleurs, ou auprès de gourous modernes promettant un « bonheur New Age », alors qu’ils ignorent les formidables ressources de leur propre tradition chrétienne.
Une Parole efficace !
« Cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. » (Lc 4,21) Enfin la Parole de Dieu, ce ne sont pas de beaux contes, ni même un opium pour le peuple, mais c’est une Parole vivante qui s’accomplit aujourd’hui et maintenant ! Bien sûr, le mal lui fait toujours obstacle, mais le mal et la mort ont été vaincus. Dieu n’est pas du côté du mal mais du côté des victimes, il a donné sa vie pour nous et ouvert un avenir au-delà du mal qui semble, mais en apparence seulement, gagner la partie. C’est ce que nous dit la mort de Jésus Christ en croix et sa résurrection ! Scrutons le Royaume de Dieu en marche au-delà des soubresauts de notre histoire. Oui, la Parole de Dieu est efficace, elle est à l’œuvre… Y croyons-nous, en avons-nous fait l’expérience ?
Alors, cette Parole de Dieu à la fois exigeante, consolante et efficace,
tient-elle toute sa place dans nos vies ?
Merci mon père, pour ce partage. Je pense que seul une rencontre personnelle avec le Christ, nous permet de comprendre que sa parole est non seulement exigeante, consolante mais aussi efficace. Oui sa c’est pour nous qui sommes habitués à la foi chrétienne. Comment faire pour l’annoncer à ceux qui sont loin, surtout au monde souffrant? Comment faire comprendre à une personne qui est rongée par un cancer en face terminale que la parole de Dieu peut lui guérir?
Merci père pour votre profond commentaire.
Je pense que la parole de Dieu se fait chaire et elle habite en nous plus particulièrement dans la souffrance en l’offrant dans l’Amour ; c’est une grâce qu’il faut demander au Seigneur dans l’humilité. Amen