« Convertissez-vous et vivez ! »

Careme-1028 février 2016, 3e Dimanche carême année C, Lc 13,1-9 /

Dans notre monde de plus en plus sécularisé, peu se soucient de Dieu et de se préparer à leur vraie vie, c’est-à-dire à celle qui se poursuivra jusque dans le sein de Dieu. Les seules fois où certains se rappellent de Dieu, c’est pour l’accuser de tous les maux : « pourquoi Seigneur ? » L’évangile de ce jour vient donc bien à propos, au cœur de ce carême, nous rappeler plusieurs éléments essentiels : D’une part que la mort n’est pas voulue par Dieu, qu’il ne décide pas arbitrairement de la durée de vie de chacun et encore moins que celle-ci serait un châtiment de Dieu. D’autre part l’évangile nous rappelle l’urgence de la conversion ou, si vous préférez, l’urgence de faire place à la dimension spirituelle de notre vie, aux exigences d’une vie belle et bonne et à la perspective de notre rencontre avec notre Créateur et Sauveur. Il s’agit donc de convertir nos idées sur Dieu, de convertir le sens de notre vie et de convertir notre agir…

Convertir nos idées sur Dieu !

Je ne sais pas pourquoi nous avons tellement de mal à sortir de nos têtes que mourir signifierait que Dieu nous rappelle à lui ! Et de traîner alors ces questions : Pourquoi Dieu a-t-il voulu pour certains une vie comblée de jours et pour d’autres une vie misérablement éphémère ? Pourquoi certains meurt-ils dans la souffrance ou dans des conditions effroyables tandis que d’autres font leur passage tranquillement dans leur lit ? Pourquoi la mort d’un enfant ? Etc. Non, non et non ! Dieu n’a pas programmé la durée de nos jours, Dieu n’a pas fixé arbitrairement le sort de chacun. Il se trouve, tout simplement, que l’homme est fragile et mortel, que notre corps ici-bas est poussière et qu’il retournera à la poussière. Certes nous n’avons pas toutes les réponses à la question de la mort, mais la Parole de Dieu, dont le sommet est en Jésus Christ, nous livre quelques idées claires : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! » (Lc 13,1-2) donc, première certitude limpide : la mort n’est pas une punition pour les pécheurs… De plus : « Je ne prends pas plaisir à la mort de qui que ce soit, oracle du Seigneur. Convertissez-vous et vivez ! » (Ez 18,32) Deuxième certitude : Dieu ne se réjouis de la mort de personne, même pas du pécheur ou de son ennemi. Troisièmement : « Quant à dire que les morts doivent ressusciter, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur : le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob. Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; tous vivent en effet pour lui. » (Lc 20,37-38) Troisième certitude donc : notre vie ne se limite pas à notre passage ici-bas, notre être ne se limite pas à notre corps de poussière, mais nous sommes appelés à une vie de Ressuscité. Enfin : « Le nombre de nos années ? Soixante-dix, quatre-vingts pour les plus vigoureux ! » (Ps 89,10) Encore une certitude : la durée de nos jours ne dépend pas du bon vouloir de Dieu mais de la robustesse de notre corps et des aléas de la vie ! Oui, convertissons notre regard sur Dieu ! Dieu, tel que révélé par Jésus Christ n’est donc pas un Dieu magicien, arbitraire, jouant avec nos vies comme avec des marionnettes. Il est un Dieu d’amour, laissant une grande autonomie à sa Création, accompagnant les hommes dans leur pèlerinage ici-bas pour leur ouvrir le chemin de la vraie vie.

Convertir le sens de notre vie !

Si nous sommes conscients de toute la dimension de notre être : un être fragile fait de poussière, mais aussi un être spirituel habité du souffle de Dieu et se préparant à la vie en plénitude alors nos priorités et l’orientation de notre vie devraient changer. Certaines personnes, qui ont frôlé la mort, ont compris que l’essentiel de la vie consistait à tisser des liens d’amour ici-bas et à entretenir sa vie spirituelle. Mais n’attendons pas de frôler la mort pour recentrer nos vies sur l’essentiel. Dans une certaine tradition monastique on déposait sur sa table de travail un crâne humain, de façon à se rappeler sans cesse sa condition de mortel, et de façon à être toujours prêt à faire son passage en Dieu. La vie est donc ce temps qui nous est donné, ici-bas, pour apprendre à vivre selon la vie de Dieu ou, si vous préférez, pour apprendre à mourir en Dieu. « ‘Seigneur, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir.’ » (Lc 13, 9) L’évangile de ce jour nous rappelle donc l’urgence de mener une vie belle et bonne, fructueuse en vue du Royaume. C’est bien ce que veut signifier le Carême lorsque nous sommes appelé au jeûne, à l’aumône, à la prière, aux œuvres de miséricordes, pour nous recentrer sur l’essentiel et le durable.

Convertir notre agir !

Finalement, ce n’est qu’après avoir converti notre regard sur Dieu et converti le sens de notre vie, que nous pourrons, avec justesse, convertir notre agir, nos mœurs, nos paroles et nos actes. Non pas pour faire plaisir à Dieu ou pour obtenir une récompense, mais pour vivre notre vie à sa véritable hauteur et non dans la futilité et l’éphémère.

« Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ! »

« Convertissez-vous et vivez ! »

 

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