La vie consacrée en Afrique !

Lors de notre journée de Sortie

Lors de notre journée de Sortie

            Comme vous l’avez remarqué, je fus silencieux la semaine passée en raison d’une session, qui se déroule chaque année, à l’intention des formateurs et formatrices à la vie religieuse du Togo et du Bénin. En effet, en compagnie essentiellement des responsables de noviciats et de postulats présents sur le territoire du Togo et du Bénin (65 participants de 54 instituts différents), nous avons réfléchi à ce thème : « La vie consacrée en Afrique face aux mutations culturelles mondiales. » C’est sous la houlette du Père Dominique GUIGBILE, prêtre du diocèse de Dapaong, docteur en ethnologie, que nous avons creusé les questions de l’inculturation de la vie consacrée dans l’Afrique d’aujourd’hui. Un enseignement fort riche, même si, comme toujours, le temps nous a manqué pour plus d’échanges sur nos pratiques et nos tentatives de réponses.

Sur les bords du lac Togo

Sur les bords du lac Togo

Je retiens notamment que l’inculturation ne consiste pas à faire de l’archéologie pour mettre en œuvre des éléments culturels qui ne parlent plus aujourd’hui, mais bien à faire une inculturation au présent avec les valeurs d’aujourd’hui. Il s’agit toujours d’un travail d’accueil des valeurs positives d’une culture et de purification des contre-valeurs qui sont à évangéliser. Dans chaque culture il y a des valeurs positives, des valeurs neutres et des valeurs négatives. Les premières sont à intégrer à la vie de l’Église, les secondes peuvent éventuellement être intégrées, les troisièmes sont à évangéliser. Je retiens également que nous n’avons pas le choix de vivre la mondialisation, qu’elle n’est, en soi, ni bonne ni mauvaise mais qu’il faut l’accompagner et lui donner un visage humain. Pour nous chrétien, la mondialisation doit aller de pair avec l’avènement du Règne de Dieu c’est donc une grande chance à saisir. Mais, évidemment, cette mondialisation ne doit pas conduire à uniformiser ou à détruire les cultures locales mais à promouvoir les valeurs de ces cultures en vue d’une communion des peuples et de leurs cultures. Un autre aspect, fort important, consistait à prendre conscience de ce qui habite les cultures africaines dont sont marqués les jeunes que nous avons à former, même si nous aurions souhaité approfondir la connaissance de la culture urbaine africaine d’aujourd’hui et ne pas en rester à la culture traditionnelle africaine de type plutôt rural. Nous avons aussi évoqué la question de la vie communautaire, en communautés interculturelles ou encore la question des chocs culturels.

Chez les Canossiennes à Lomé

Chez les Canossiennes à Lomé

Personnellement, j’ai quelques leitmotivs qui reviennent sur ces sujets. À savoir, d’une part, qu’après presque trente années en communauté internationale, et ayant vécu sur trois continents,  j’ai constaté que les différences culturelles ne sont qu’une part minimes des difficultés relationnelles, la plus grande part vient des questions de caractère et de personnalité : je peux très bien m’entendre avec un frère africain et avoir beaucoup de difficultés avec un frère français… D’autre part, lorsqu’on évoque les valeurs des cultures africaines comme l’hospitalité, le respect des anciens, le sens de la famille, les rites pour les morts, le sens du sacré etc., en fait, on met en exergue les valeurs d’une société rurale traditionnelle, comme nous l’avons où l’avions dans nos pays européens. On oppose trop souvent les valeurs de l’Afrique aux contre-valeurs de l’Occident, alors qu’en fait on est en train de parler des valeurs traditionnelles d’une société rurale versus les valeurs d’une société urbaine contemporaine… Cela a peu à voir avec le clivage Afrique/ Europe ou Afrique /Occident mais bien plus avec le clivage sociétés rurales traditionnelles / sociétés urbaines contemporaines, qu’elles soient africaines ou européennes… Ils restent bien quelques spécificités africaines, comme la famille clanique ou la conscience du monde invisible à nos côtés, mais bien des clichés sur les valeurs africaines sont à relativiser à mon sens…

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La Vie par ici…

Durant ce carême le rythme ne faiblit pas, et je crois même que nous ne pourrons pas tenir ce que nous avions programmé. Durant mon absence s’est tenu également la nouvelle édition du cocholycoso, la compétition des chorales des lycées et collèges de Sokodé, ce fut un succès, comme d’habitude. Ce samedi c’était le pèlerinage diocésain des adultes à Aledjo. Demain, récollection de carême pour les jeunes et les enfants de la paroisse. La semaine prochaine ordination du nouvel évêque de Sokodé puis session d’Internoviciat animée par votre serviteur sur la vie fraternelle et l’accompagnement spirituel. Le lendemain pèlerinage des jeunes à Aledjo puis récollection des adultes à la paroisse… etc. etc.

En confiant à vos prières tous ces rendez-vous, je vous souhaite une bonne suite de carême que j’espère suffisamment paisible pour pouvoir revenir à l’essentiel.

 

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