24 mars 2016, Jeudi Saint C, Jn 13,1-15 /
C’est au cœur d’une actualité toujours plus dramatique que nous allons vivre ce Triduum Pascal 2016 : terrorisme généralisé, vie humaine comptée pour rien, massacre d’innocents. La figure du Christ, l’innocent par excellence éliminé cruellement, semble toujours plus d’actualité. Puisons en lui la force et l’inspiration pour trouver l’attitude juste en chaque instant et particulièrement lors des événements dramatiques de nos vies. Les jours saints commencent donc par un enseignement sur le service et le service jusqu’au bout. Nous le savons, dans l’évangile selon saint Jean il n’y a pas de récit d’institution de l’eucharistie, mais c’est ce récit du lavement des pieds qui, lors du dernier repas avec ses disciples, nous est rapporté… -Par contre Jean nous offre plusieurs autres récits de types eucharistiques : la multiplication des pains, et le long discours sur le pain de vie au chapitre sixième-. Le geste du lavement des pieds nous parle aussi, d’une autre manière, de l’eucharistie. Il faut donc y voir, non seulement un exemple donné par Jésus à ses disciples, mais aussi un geste sacramentel, un geste où Dieu se fait pauvre pour nous rendre riche de sa pauvreté (cf. 2Co 8,9). Ne s’agit-il pas, aujourd’hui encore, de nous laisser servir par le Seigneur ; de devenir à notre tour serviteur et de trouver notre bonheur à servir ?
Se laisser servir !
« Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » (Jn 13, 8) C’est un aspect sur lequel on ne s’arrête peut-être pas suffisamment. On va facilement du côté du geste exemplaire à imiter, mais cette imitation, bien importante, ne rend pas compte de cette réponse de Jésus à Pierre : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » Le Seigneur dit à Pierre que ce n’est pas par ses beaux gestes qu’il obtiendra le salut, mais en se laissant servir par le Fils de Dieu. Il en est donc ainsi pour chacun de nous : le Seigneur, en se mettant au service de tout homme, le relève, le fait passer de sa condition de pécheur à une condition nouvelle, celle du pécheur pardonné, purifié, élevé, rendu capable de rejoindre le monde de Dieu. Si nous n’acceptons pas qu’il soit à notre service, qu’il nous purifie, qu’il nous pardonne, qu’il nous aime, nous ne pourrons pas entrer dans le Royaume de Dieu. Or comment le Seigneur se met-t-il à notre service aujourd’hui ? Principalement par les sacrements, qui découlent tous de l’eucharistie, premier des sacrements, et qui sont justement les gestes prolongeant le geste du lavement des pieds par lequel Dieu veut nous servir, nous purifier, nous donner la force, nous relever… Par le sacrement de l’eucharistie Dieu se redonne lui-même à nous comme il s’est donné sur la croix, il nous configure à lui et nous donne d’avancer dans la vie avec sa propre force. Et de ce sacrement-source découle tous les autres : par le baptême le Seigneur nous purifie, nous lave de ce qui entrave nos vies, et nous fait entrer dans une vie nouvelle ; par la confirmation, le Seigneur nous sanctifie et nous rend capable de mener une vie sainte par la force de son Esprit ; par le sacrement de la réconciliation, il nous relève sans se lasser et nous remet sur le chemin d’une vie bonne et belle ; par le sacrement du mariage il s’engage à nos côté, béni nos projets familiaux et donne de vivre dans la fidélité, la fécondité et l’indissolubilité ; par le sacrement de l’ordre il se choisi des frères pour poursuivre sa présence au monde et continuer à servir son peuple à travers leur ministère ; enfin par le sacrement de l’onction des malades, il nous donne sa force dans l’épreuve et lors de notre passage vers Lui. À travers tous ces sacrements c’est Jésus qui se met à genoux pour nous servir. Alors, désirons-nous nous laisser servir par le Seigneur en entretenant une vie sacramentelle ardente ? Sans quoi « nous n’aurons pas de part avec lui ».
Devenir serviteur !
« C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » (Jn 13,15) Cet aspect nous est plus familier, même s’il n’est pas évident à mettre en œuvre, le pape François nous a rappelé les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles à mettre en œuvre, ce sont de très bonnes façons de faire nôtre le geste du lavement des pieds, je n’y reviens pas. Mais je dirais que nous pouvons aussi nous inspirer des sacrements, gestes de service de Jésus à notre égard, pour être serviteurs comme Lui. Désirons-nous donner notre vie comme il le fait dans l’eucharistie, en nous laissant manger par les différents services que nous pouvons rendre et en étant même disponible à donner notre vie jusqu’au bout ? –C’est bien ce que vient de vivre notre frère Vincent Machozi, assassiné en RDC, pour avoir voulu jusqu’au bout dénoncer les horreurs qui se commettent dans le Nord-Kivu– ; Désirons nous libérer nos frères de ce qui entrave leur vie, comme le fait le Seigneur à travers le sacrement du baptême ? Voulons-nous sanctifier nos frères, par notre vie exemplaire, par nos conseils, par notre service de la vie de l’Esprit en eux, dans le prolongement du sacrement de confirmation ? Cherchons-nous à être des artisans de réconciliation, de miséricorde, de pardon comme l’est Jésus à travers le sacrement de la réconciliation ? Sommes-nous disponible à soutenir les couples et les familles qui nous entourent comme le fait le Seigneur à travers le sacrement du mariage ? Epaulons-nous nos pasteurs, nos ministres ordonnés pour qu’ils puissent remplir leur mission au service de tous ? Sommes-nous proche de nos frères et sœurs malades ou mourants pour leur apporter réconfort et consolation dans l’épreuve comme le manifeste le sacrement de l’onction des malades ? Si nous voulons imiter le geste du lavement des pieds, ne nous faut-il pas être d’autres christs pour nos frères et sœurs chaque jour, en leur rendant les services dont leur âme et leur corps ont besoin, comme le réalisent les sacrements ?
Trouver notre bonheur à servir !
Pour finir, rappelons que ce chemin du service, même s’il n’est pas facile est un chemin de bonheur. N’y-a-t-il pas plus de joie à servir qu’à être servi ; à donner qu’à recevoir ? (cf. Ac 20,35) Nous en avons déjà tous fait l’expérience… et même si le service conduit jusqu’au sacrifice suprême : « Ma mort, évidemment paraîtra donner raison à ceux qui m’ont rapidement traité de naïf ou d’idéaliste: ‘Qu’il dise maintenant ce qu’il en pense !’ Mais ceux-là doivent savoir que sera enfin libérée ma plus lancinante curiosité. Voici que je pourrai, s’il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec Lui ses enfants de l’ l’Islam tels qu’Il les voit […] Cette vie perdue, totalement mienne, et totalement leur, je rends grâce à Dieu qui semble l’avoir voulue tout entière pour cette Joie-là, envers et malgré tout. Dans ce MERCI où tout est dit désormais, de ma vie… » (Extrait du testament de Christian de Chergé)
Se laisser servir,
Devenir serviteur,
Et trouver notre bonheur à servir,
Est-ce possible ?
Servir et se laisser servir !
24 mars 2016, Jeudi Saint C, Jn 13,1-15 /
C’est au cœur d’une actualité toujours plus dramatique que nous allons vivre ce Triduum Pascal 2016 : terrorisme généralisé, vie humaine comptée pour rien, massacre d’innocents. La figure du Christ, l’innocent par excellence éliminé cruellement, semble toujours plus d’actualité. Puisons en lui la force et l’inspiration pour trouver l’attitude juste en chaque instant et particulièrement lors des événements dramatiques de nos vies. Les jours saints commencent donc par un enseignement sur le service et le service jusqu’au bout. Nous le savons, dans l’évangile selon saint Jean il n’y a pas de récit d’institution de l’eucharistie, mais c’est ce récit du lavement des pieds qui, lors du dernier repas avec ses disciples, nous est rapporté… -Par contre Jean nous offre plusieurs autres récits de types eucharistiques : la multiplication des pains, et le long discours sur le pain de vie au chapitre sixième-. Le geste du lavement des pieds nous parle aussi, d’une autre manière, de l’eucharistie. Il faut donc y voir, non seulement un exemple donné par Jésus à ses disciples, mais aussi un geste sacramentel, un geste où Dieu se fait pauvre pour nous rendre riche de sa pauvreté (cf. 2Co 8,9). Ne s’agit-il pas, aujourd’hui encore, de nous laisser servir par le Seigneur ; de devenir à notre tour serviteur et de trouver notre bonheur à servir ?
Se laisser servir !
« Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » (Jn 13, 8) C’est un aspect sur lequel on ne s’arrête peut-être pas suffisamment. On va facilement du côté du geste exemplaire à imiter, mais cette imitation, bien importante, ne rend pas compte de cette réponse de Jésus à Pierre : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » Le Seigneur dit à Pierre que ce n’est pas par ses beaux gestes qu’il obtiendra le salut, mais en se laissant servir par le Fils de Dieu. Il en est donc ainsi pour chacun de nous : le Seigneur, en se mettant au service de tout homme, le relève, le fait passer de sa condition de pécheur à une condition nouvelle, celle du pécheur pardonné, purifié, élevé, rendu capable de rejoindre le monde de Dieu. Si nous n’acceptons pas qu’il soit à notre service, qu’il nous purifie, qu’il nous pardonne, qu’il nous aime, nous ne pourrons pas entrer dans le Royaume de Dieu. Or comment le Seigneur se met-t-il à notre service aujourd’hui ? Principalement par les sacrements, qui découlent tous de l’eucharistie, premier des sacrements, et qui sont justement les gestes prolongeant le geste du lavement des pieds par lequel Dieu veut nous servir, nous purifier, nous donner la force, nous relever… Par le sacrement de l’eucharistie Dieu se redonne lui-même à nous comme il s’est donné sur la croix, il nous configure à lui et nous donne d’avancer dans la vie avec sa propre force. Et de ce sacrement-source découle tous les autres : par le baptême le Seigneur nous purifie, nous lave de ce qui entrave nos vies, et nous fait entrer dans une vie nouvelle ; par la confirmation, le Seigneur nous sanctifie et nous rend capable de mener une vie sainte par la force de son Esprit ; par le sacrement de la réconciliation, il nous relève sans se lasser et nous remet sur le chemin d’une vie bonne et belle ; par le sacrement du mariage il s’engage à nos côté, béni nos projets familiaux et donne de vivre dans la fidélité, la fécondité et l’indissolubilité ; par le sacrement de l’ordre il se choisi des frères pour poursuivre sa présence au monde et continuer à servir son peuple à travers leur ministère ; enfin par le sacrement de l’onction des malades, il nous donne sa force dans l’épreuve et lors de notre passage vers Lui. À travers tous ces sacrements c’est Jésus qui se met à genoux pour nous servir. Alors, désirons-nous nous laisser servir par le Seigneur en entretenant une vie sacramentelle ardente ? Sans quoi « nous n’aurons pas de part avec lui ».
Devenir serviteur !
« C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » (Jn 13,15) Cet aspect nous est plus familier, même s’il n’est pas évident à mettre en œuvre, le pape François nous a rappelé les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles à mettre en œuvre, ce sont de très bonnes façons de faire nôtre le geste du lavement des pieds, je n’y reviens pas. Mais je dirais que nous pouvons aussi nous inspirer des sacrements, gestes de service de Jésus à notre égard, pour être serviteurs comme Lui. Désirons-nous donner notre vie comme il le fait dans l’eucharistie, en nous laissant manger par les différents services que nous pouvons rendre et en étant même disponible à donner notre vie jusqu’au bout ? –C’est bien ce que vient de vivre notre frère Vincent Machozi, assassiné en RDC, pour avoir voulu jusqu’au bout dénoncer les horreurs qui se commettent dans le Nord-Kivu– ; Désirons nous libérer nos frères de ce qui entrave leur vie, comme le fait le Seigneur à travers le sacrement du baptême ? Voulons-nous sanctifier nos frères, par notre vie exemplaire, par nos conseils, par notre service de la vie de l’Esprit en eux, dans le prolongement du sacrement de confirmation ? Cherchons-nous à être des artisans de réconciliation, de miséricorde, de pardon comme l’est Jésus à travers le sacrement de la réconciliation ? Sommes-nous disponible à soutenir les couples et les familles qui nous entourent comme le fait le Seigneur à travers le sacrement du mariage ? Epaulons-nous nos pasteurs, nos ministres ordonnés pour qu’ils puissent remplir leur mission au service de tous ? Sommes-nous proche de nos frères et sœurs malades ou mourants pour leur apporter réconfort et consolation dans l’épreuve comme le manifeste le sacrement de l’onction des malades ? Si nous voulons imiter le geste du lavement des pieds, ne nous faut-il pas être d’autres christs pour nos frères et sœurs chaque jour, en leur rendant les services dont leur âme et leur corps ont besoin, comme le réalisent les sacrements ?
Trouver notre bonheur à servir !
Pour finir, rappelons que ce chemin du service, même s’il n’est pas facile est un chemin de bonheur. N’y-a-t-il pas plus de joie à servir qu’à être servi ; à donner qu’à recevoir ? (cf. Ac 20,35) Nous en avons déjà tous fait l’expérience… et même si le service conduit jusqu’au sacrifice suprême : « Ma mort, évidemment paraîtra donner raison à ceux qui m’ont rapidement traité de naïf ou d’idéaliste: ‘Qu’il dise maintenant ce qu’il en pense !’ Mais ceux-là doivent savoir que sera enfin libérée ma plus lancinante curiosité. Voici que je pourrai, s’il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec Lui ses enfants de l’ l’Islam tels qu’Il les voit […] Cette vie perdue, totalement mienne, et totalement leur, je rends grâce à Dieu qui semble l’avoir voulue tout entière pour cette Joie-là, envers et malgré tout. Dans ce MERCI où tout est dit désormais, de ma vie… » (Extrait du testament de Christian de Chergé)
Se laisser servir,
Devenir serviteur,
Et trouver notre bonheur à servir,
Est-ce possible ?