« Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu »

Unite8 mai 2016, 7e Dimanche de Pâques année C, Jn 17,20-26 /

« Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu »[1] voici ce qui m’est venu rapidement à l’esprit en méditant cette prière de Jésus, rapportée par Jean, et proposée à notre méditation : « Qu’ils soient un en nous…  Qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux, et toi en moi… Je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi… Que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. » (Jn 17,21…26) Cette prière de Jésus nous dit le but ultime de la venue de Jésus parmi nous : que nous puissions entrer dans la vie même de Dieu, en communion avec tous les sauvés. Pour cela, pas d’autre chemin que de nous laisser façonner par l’Esprit de Dieu lui-même, en lui demandant sans cesse de nous donner la force d’avoir une vie semblable à celle de son Fils, à la manière d’Etienne qui pardonnera à ses bourreaux. Sommes-nous des artisans de paix, d’unité, de justice… ou bien sommes-nous du côté des violents, des diviseurs, des injustes ?

Artisans de paix…

Etienne, comme Jésus, nous parle d’une façon particulière d’être artisan de paix, à savoir la non-violence. Nous connaissons tous le Mahatma Gandhi, apôtre de la non-violence. Comme nous aurions besoin d’autres prophètes comme lui en notre temps où la violence semble redoubler de force ! Etienne, comme Jésus, ne réagirons pas par la violence, par la haine, par la vengeance envers leurs bourreaux mais leur opposeront la vérité, l’humilité, le pardon et l’amour. Voilà bien des attitudes qui peuvent guider notre quotidien. Lorsque l’on dit de mauvaises choses contre nous, lorsque des membres de notre parenté veulent nous mettre des bâtons dans les roues, lorsqu’on se moque de nous, réagissons-nous avec nos réflexes purement humains de violence, de vengeance, de haine ou cherchons-nous à imiter Jésus : c’est-à-dire à poursuivre notre chemin dans la vérité sans nous soucier du « quand dira-t-on » ; à faire ce que nous avons à faire avec humilité sans rechercher à ce qu’on dise du bien de nous ; à pardonner à ceux qui nous veulent du mal en essayant de comprendre leurs propres blessures ; à continuer à aimer ceux qui ne nous comprennent pas ou même ceux qui s’opposent à nous : « Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » ou selon l’expression d’Etienne : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché. » Et cela doit se vivre dans toutes les dimensions concrètes de notre quotidien…

Artisans d’unité…

Par ailleurs, cette prière de Jésus, en vue de l’unité de ses disciples, qui se situe juste avant sa Passion, n’est pas à prendre à la légère. Il s’agit là de son testament, de son souhait le plus cher : que ses disciples soient unis afin qu’ils puissent entrer dans la communion de la vie Trinitaire. Il s’agit aussi de prendre de plus en plus conscience que l’humanité est une et qu’elle a été créée pour vivre en communion avec Dieu : « Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi. » (Jn 17,20-21) Sommes-nous des hommes et des femmes d’unité, de communion, de dialogue ? Dans nos familles, dans nos établissements scolaires, sur notre lieu de travail. Il est si facile de trouver des boucs émissaires, de diviser, d’opposer, de cultiver la peur de celui qui est différent de nous… Alors que partout sur la Terre il y a le ciel et la Terre et, entre les deux, des hommes et des femmes qui, comme nous, cherchent à vivre au mieux. Dialogue entre les hommes et les femmes ; dialogue au sein de nos familles ; dialogue entre ethnies ; entre nations ; entre continents ; communion avec nos frères chrétiens de différentes confessions ; dialogue entre croyants de différentes religions ou avec les personnes se disant agnostiques ou athées… Quels lieux de dialogue et d’échange suscitons-nous ?

Artisans de justice…

La paix et l’unité ne peuvent pas se vivre sans justice. Il ne s’agit pas d’obtenir une paix sociale en maintenant le calme par la force ou la peur, mais en donnant à chacun une place juste dans la société. Une place où chacun se sente respecté, fier de sa vie et de pouvoir faire vivre dignement sa famille. Seul nous ne pouvons pas grand-chose, mais à plusieurs nous pouvons beaucoup pour travailler à une société plus juste, à un mode de consommation plus équitable, à un plus grand respect de la dignité et de la liberté de chacun. Comment travaillons-nous à l’avènement d’un Royaume de justice et de paix ?

Oui « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » !

C’est son vœu le plus cher !

Il a donné sa vie et envoyé son Esprit pour nous rendre capable de diviniser notre vie !

Désirons-nous vivre cette ressemblance en étant toujours plus

des artisans de paix, d’unité et de justice ?

[1] St Athanase, Sur l’Incarnation 54,3 : PG 25,192B

 

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6 réponses à « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu »

  1. TELLIER dit :

    Merci pour ces partages si riches. De la beauté, de la profondeur, de quoi avancer sur notre route chaotique et notre chemin de foi. Merci à vous cela fait du bien et nous ressource
    Sylvie

  2. ASC dit :

    Un extrait a été présenté sur notre site qui réuni des catholiques, protestants et orthodoxes :
    http://rencontre-chretiens-en-groupes.fr/forum/topics/sommes-nous-profondement-des-artisans-d-unite

    Merci !

  3. de Cambourg Gaït dit :

    La citation exacte de St Irénée est la suivante : « Dieu s’est fait Fils de l’homme pour que l’homme à son tour devienne fils de Dieu ».
    Ce n’est pas la même chose que la citation telle que vous la donnez et telle qu’elle est le plus souvent donnée. Et la différence est plus qu’une nuance.

  4. Marie Pascale dit :

    MERCI pour cette importante correction. Je serai heureuse de connaitre les references exactes de cette tres belle parole.

  5. Christian Lavarenne dit :

    Bonjour, pour essayer de mettre tout le monde d’accord, voici les sources :

    «  Ἀὐτὸς γὰρ [ ὁ τοῦ Θεοῦ Λόγος ] ἐνηνθρώπησεν, ἵνα ἡμεῖς θεωποιηθῶμεν. »

    (Τοῦ (…) ἈΘΑΝΑΣΙΟΥ (…) λόγος περὶ τῆς ἐνανθρωπήσεως τοῦ Λόγου…, 54, 3 ,
    in Patrologiæ Graecæ, t. 25, 192 B ;
    consulté à : books.google.fr/books?id=_A0RAAAAYAAJ&hl=fr&pg=PR4#v)

    «  [ Le Verbe de ] Dieu S’est fait homme [ litt. : ‘en-humanisé’ ]
    pour que l’homme devienne Dieu. » [ litt. : ‘nous soyons faits Dieu.’ ]

    Cette expression, admirablement ramassée, de saint Athanase,
    avait, en effet, été précédée par d’autres similaires,
    les premières semblant être, dès le IIe siècle, celles d’Irénée de Lyon, par exemple :

    «  Le Verbe de Dieu, à cause de son surabondant amour, s’est fait
    cela même que nous sommes pour faire de nous cela même qu’il est. »  *

    ou :

    «  Le Verbe s’est fait homme, et le Fils de Dieu, Fils de l’homme, pour que l’homme,
    en se mélangeant au Verbe et en recevant ainsi la filiation adoptive,
    devienne fils de Dieu. »  **

    *St Irénée, Contre les hérésies, Préface, SC n° 153, p. 14-15, III 18-19 ; consulté à : fr.wikipedia.org/wiki/Divinisation.
    Mais donc, puisque dans la préface, peut-être une synthèse et non une citation de lui ?

    ** Contre les hérésies, III, 19, 1 ; trad. Adelin ROUSSEAU, Paris : Cerf, 1984, p. 368.

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