« Pour vous qui suis-je ? »

19 juin 2016, 12e Dimanche ordinaire, année C, Lc 9,18-24 /

pourvousNous connaissons bien ce passage où Jésus demande à la foule d’une part, puis aux disciples d’autre part : « Pour vous qui suis-je ? » Il est intéressant de noter les différentes étapes de la question, comme si Jésus ne voulait pas que ses disciples les plus proches lui répondent trop rapidement, en lui sortant les clichés qui circulent sur lui. Cette pédagogie n’est-elle pas toujours pertinente pour nous aujourd’hui ? Premièrement, quels sont les clichés qui circulent sur Jésus ? Quelles réponses anonymes des foules entendons-nous de-ci de-là ? Deuxièmement, que dit l’Église ? Et enfin qu’en-est-il pour nous- même ? Sommes-nous d’accord avec ces réponses ? L’Évangile nous invite à une réponse personnelle et réfléchie : à partir de notre expérience personnelle, des témoins rencontrés, des personnes qui ont marqué notre histoire, et en premier lieu nos parents et grands-parents, sommes-nous aussi prompt à faire nôtres les réponses toutes faites que l’on entend alentour ? Reprenons ces questions : Que disent les foules ? Que dit l’Église ? Qui est Jésus pour moi ?

Que disent les foules ?

Les plus obscurantistes diront que Jésus est une légende, sauf qu’historiquement le personnage est bien identifié et le mouvement de ses disciples se déployant sur tout le pourtour méditerranéen au premier siècle de notre ère est bien documenté. Les seconds diront de lui que c’était un sage, un prophète, un homme exemplaire, à la manière d’un Mahatma Gandhi, d’un Martin Luther King ou d’un Nelson Mandela, qui peut inspirer notre façon de vivre aujourd’hui et interpeller la qualité de notre vie humaine, de notre vivre ensemble, de notre amour des autres ; sauf que ceux-ci ne retiennent qu’une toute petite partie du message de Jésus, tout ce qu’il dit de sa relation à son Père, de la prière, de la résurrection, du jugement dernier, du Royaume de Dieu… bref, toute la dimension spirituelle de son message et de sa vie est passée sous silence. D’autres encore diront : « Jésus oui, mais l’Église non », oubliant que s’il y a une chose que Jésus a fondée, c’est une communauté de disciples, et qu’aucun des écrits qui nous parlent de Jésus n’est de lui mais de la primitive Église. Comment pourrions-nous accéder à Jésus sans l’Église, c’est-à-dire sans la communauté des disciples d’hier et d’aujourd’hui ? Il y a encore ceux qui feront mine de ne pas le connaître, de l’ignorer, de ne pas se laisser interpeller par lui ; ou bien ceux qui le rejetteront ouvertement, mais qui, en fait, rejetteront souvent une fausse image qu’ils se sont faite de lui.

Que dit l’Église ?

L’Église, elle, confesse que Jésus est le Fils de Dieu, c’est-à-dire une des trois personnes de la Trinité. Non pas que nous croirions en trois dieux, mais que le Dieu unique est communion et amour. Qu’il ne peut être amour s’il est monolithique, car l’amour de Dieu n’est pas un attribut extérieur à lui-même mais son être-même, ce qu’il vit constamment dans l’échange mystérieux entre le Père, le Fils et l’Esprit. L’Église confesse que le Fils, qui est le Verbe de Dieu par qui tout s’est fait, a pris chair en Jésus de Nazareth, afin de récapituler toute chose en lui ; afin de permettre aux hommes de communier à sa propre vie de façon à pouvoir entrer dans la vie de Dieu. « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu. » Jésus, pour l’Église, n’est donc pas un simple sage humaniste, sans quoi il ne pourrait nous apporter la vie éternelle, mais il est le Sauveur du Monde, le Rédempteur, Celui qui nous permet d’accéder à une vie de plénitude en Dieu ! Ses titres sont nombreux car nos mots toujours imparfaits : le Messie, oui, mais un Messie souffrant ; le Fils de Dieu, oui, mais lui-même est Dieu ; le Verbe de Dieu, oui, mais sa Parole est aussi un agir ; le Sauveur du Monde, oui, mais il ne vient pas réparer le monde mais le mener à son accomplissement… Les spirituels de la tradition apophatique, nous disent justement que nos mots sont toujours inadaptés : « Ô Toi, l’au-delà de tout. N’est-ce pas là tout ce qu’on peut chanter de Toi ? Quelle hymne te dira, quel langage ? Aucun mot ne t’exprime. À quoi s’attachera-t-il ? Tu dépasses toute intelligence. Seul, Tu es indicible, car tout ce qui se dit est sorti de Toi. Seul, Tu es inconnaissable, car tout ce qui se pense est sorti de Toi… » (Hymne attribuée à Grégoire de Naziance)

Qui est Jésus pour moi ?

L’Évangile nous invite donc à une réponse personnelle, qui passe par des mots certes, mais surtout par une façon de vivre. Une réponse personnelle, qui ne soit pas celle de la foule et qui ne consiste pas non plus à se débarrasser de la question pour avoir la conscience tranquille. C’est bien le drame de notre époque : non pas un refus de Dieu ou de Jésus Christ, mais une indifférence nourrie par l’étourdissement de notre vie moderne. Le travail, les soucis, la détente, les vacances, les médias semblent vouloir occuper tout notre champ de conscience. Prenons-nous le temps de nous arrêter, de faire silence, de penser, de contempler, de lire, afin d’avancer une réponse personnelle à la question de Jésus Christ : « Pour vous qui suis-je ? » Et si on se hasarde à une réponse, la seconde question vient de suite : « Mais alors, si Jésus est important pour toi, pourquoi vis-tu comme tu vis ? ». « Ta vie est-elle en cohérence avec ce que tu dis de Jésus Christ ? »

Que disent les foules ?

Que dit l’Église ?

Qui est Jésus pour moi ?

 

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