« Allez ! Je vous envoie… »

3 juillet 2016, 14e Dimanche ordinaire, année C, Lc 10,1…20 /

138EEh oui, tout baptisé est envoyé par la Christ en Mission ! Nous considérons-nous vraiment comme des envoyés du Christ au service du Royaume de Dieu ? La question est bien formulée par la sœur Emmanuelle Billoteau dans le Prions en Église : « Entre une discrétion qui frise la démission et une programmation conquérante, comment nous situons-nous par rapport à la mission ? » La page d’Évangile de ce jour est éclairante sur bien des points : elle précise le travail à faire, les moyens à prendre et le soutien apporté par le Seigneur.

Un travail bien précis : Moissonner !

« La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » (Lc 10,2) Quelle insistance ! Par trois fois on parle de moisson, de maître de la moisson, d’ouvriers pour la moisson. Notre tâche est donc claire, il s’agit de récolter ce que le Seigneur a fait germer et pousser dans les cœurs. Son Esprit nous précède… N’avez-vous jamais fait cette expérience, en essayant de parler des « choses de Dieu » avec quelqu’un, de constater combien, malgré parfois une opposition de façade et des reproches un peu trop stéréotypés, la personne à qui vous vous adressez porte en elle de vraies questions et parfois de vraies réponses, mêmes si elles ne sont pas encore éclairées par la révélation de l’Évangile. J’ai toujours en mémoire cette réflexion d’un de nos frères américains : « Bien souvent nous voulons apporter l’Evangile en répondant aux questions que les gens ne se posent pas… Avant d’apporter des réponses, encore faudrait-il être à l’écoute des questions qu’ils se posent ! » Donc, oui, nos frères et sœurs humains se posent des questions, réfléchissent et leur cœur est travaillé par l’Esprit, ils ont un certain sens du divin, ils se sont, en général, déjà engagés sur le chemin d’une vie belle et bonne. Nôtre tâche ne consiste donc qu’à venir récolter tous ces bons fruits, à mettre des mots sur les recherches tâtonnantes, à accompagner à la lumière de l’Évangile le chemin déjà entrepris. N’est-ce pas cela être moissonneur ?

Des moyens évangéliques…

Le Seigneur nous donne, ensuite des repères bien précis pour la mission. Si nous voulons annoncer l’Évangile il nous faut prendre des moyens évangéliques ! Cela permet déjà d’éliminer des façons trop conquérantes de faire… Envoyés « deux par deux » : ce n’est pas mon affaire personnelle avec mes propres idées, mais c’est une mission reçue et à réaliser communautairement. Deux par deux, on peut se soutenir mais aussi s’interpeller sur la façon de faire… « Comme des agneaux au milieu des loups… », et non pas comme des loups au milieu des loups. Cela veut dire une façon de faire non violente, désarmée, où l’on sait d’avance que l’on se fera malmener et qu’il faudra tenir bon dans un témoignage d’amour des ennemis… « Sans bourse, ni sac, ni sandales… », dépouillé de tout, pour ne pas croire que le succès viendrait de nous et de nos stratégies, comme on le voit trop dans certaines façons de faire d’Églises du Réveil, copiées aussi par certains mouvements catholiques. Il faudrait plutôt regarder du côté de saint François d’Assise se dépouillant de tout, nu, et pourtant ses premiers compagnons seront déjà 5 000 huit années seulement après ce fameux geste de François !… Sans « s’arrêter en salutations sur la route », c’est-à-dire en ne se laissant pas détourner de la mission, mais en ne recherchant que l’annonce du Royaume de Dieu : Que de distractions aujourd’hui auxquelles nous devons résister ! Bref, il s’agit d’être des missionnaires tout abandonné à Dieu et ne comptant que sur ses forces à Lui !

Soutenu par le Seigneur…

« Je vous ai donné pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et pouvoir sur toute la puissance de l’Ennemi ; et rien ne pourra vous faire du mal. » (Lc 10,19) Si nous sommes effectivement au service du Royaume de Dieu, au service des plus petits, démunis de tout, et remis entre les mains de Dieu : rien ne pourra nous atteindre. J’allais dire que nous constatons cela chaque jour sous nos latitudes africaines. Le Malin, faisant appel aux manœuvres spirituelles, aux forces obscures, aux envoûtements, aux fétiches etc… se démène de toutes ses forces pour faire obstacle aux envoyés de Dieu, mais nous constatons aussi son inefficacité face au Christ Sauveur, maître de toute chose et à qui tous les esprits sont soumis. Sous d’autres latitudes, les manœuvres du Malin apparaîtront moins magiques, mais elles cherchent tout autant à détourner de la quête du Royaume de Dieu : séduction par l’argent, par le pouvoir, par la sensualité, par l’égocentrisme etc… Mais en tout cela nous somme les grands vainqueurs : « Oui, j’en ai l’assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur. » (Rm 8,38-39)

Alors, la méditation de l’Évangile de ce dimanche ne nous relance-t-elle pas pour la mission ?

Il s’agit d’aller tout simplement récolter ce que le Seigneur a semé,

Avec des moyens évangéliques,

Assurés de la présence du Seigneur à nos côtés…

 

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