De commencements en commencements…

                Nous avançons dans la vie de commencements en commencements, d’ailleurs, un des novices aime rappeler, dans la prière matinale, que la journée qui s’ouvre devant nous n’a jamais été et ne sera jamais plus…

Temps de partage

En accompagnant l’étape du noviciat, depuis bientôt six années, j’ai la chance d’être le témoin de ces commencements dans la vie consacrée… Parmi les temps de grâce de ces commencements se trouvent notamment les belles maturations humaines permises par des sessions comme celle que nous venons de vivre sur la connaissance de soi. Nous revenons en effet d’un Internoviciat animé à deux voix, celle du P. Toussaint, franciscain, et moi-même. Le père Tousaint partant de son expérience dans le Renouveau Charismatique et de sa charge d’exorciste, exercée plusieurs années, nous a surtout parlé des ruses du malin saisissant les brèches que nous lui offrons pour malmener nos vies. Dans notre contexte africain, il ne faut pas être naïf, il ne s’agit pas de voir le diable partout mais il ne s’agit pas non plus de l’ignorer ni d’ignorer les manipulations de sorcellerie, largement répandues, en connivence avec des esprit impurs, pour faire du mal à son prochain. Deux éléments essentiels sont à retenir : D’une part, puisque nous sommes enfants de Dieu par notre baptême, le malin n’a foncièrement aucun pouvoir sur nous, si ce n’est celui que nous lui offrons par notre péché… D’autre part, le discernement est indispensable pour savoir à quoi nous avons à faire quand des situations étranges nous sont rapportées. Les cas de possession sont assez rares, mais on peut être victime, plus fréquemment, d’attaques spirituelles et d’envoutements, et bien-sûr il y a tous le volet des maladies émotionnelles, psychologiques, physiques. Il faut alors savoir que plusieurs approches complémentaires sont nécessaires. On peut résumer les choses dans ce tableau :

Maladie Cause Traitement par la prière Traitement par le sacrement Autre traitement
Spirituelle Péché personnel Prière de conversion Sacrement de réconciliation
Émotionnelle Psychologique Péché d’autrui
Conditionnements de la vie
Prière pour la guérison intérieure Sacrement de réconciliation Psychothérapie
Physique Agents pathogènes Prière de foi Sacrement des malades Médecine ordinaire
Autres Maléfices
ou
Démons
Prière de délivrance

Exorcisme

La seconde partie de la session, portait sur la relecture de son histoire affective, à travers la réalisation de son arbre généalogique et d’un poster figurant les lieux, les personnes, les événements marquants de notre vie, en positif ou en négatif… La plupart des 60 jeunes participants (novices, postulant(e)s, pré-postulant(e)s) ont bien profité de cette session, leur permettant de prendre conscience des chances et des blessures qui ont marqués leur vie. Il s’agit surtout de consentir à sa vie, d’accorder des pardons trop retardés et d’avancer sur le chemin de la guérison intérieure. De beaux commencements…

En 2010

L’autre commencement, dont je voulais vous parler, c’est celui d’une amie québécoise qui, se battant depuis plusieurs mois avec un cancer, vient de faire son passage vers Dieu, vient de commencer sa nouvelle vie. En fait, vous la connaissiez tous, indirectement, car c’est elle qui a relu, durant tant d’années, les textes des méditations dominicales avant publication… Catherine-Ann, était une femme pleine d’énergie et de passion (notamment pour la politique), mais je retiens surtout d’elle sa belle quête spirituelle, loin des sentiers battus et en toute liberté. Elle n’avait pas manqué de prendre ses distances à certaines époques de sa vie avec l’Église, surtout lorsqu’elle avait été blessée par tel ou tel propos de la part de certains prêtres ou évêques. Mais cela n’entamait pas sa foi profonde très libre par rapport aux dogmes, aux obligations, aux usages ecclésiaux. Sa foi se nourrissait plutôt chez les grands spirituels, écrivains et mystiques de notre temps. Nous avons eu la chance de faire un bout de chemin avec Catherine-Ann, lors de nos années québécoises, et c’est vrai qu’elle se sentait en phase avec notre approche (notamment celle du P. Christian Blanc et de moi-même), c’est-à-dire une approche non-cléricale, ouverte au dialogue avec les autres chrétiens, les membres d’autres religions, les agnostiques et dans un questionnement des Écritures pour en tirer la meilleure part. « Trouver Dieu, c’est le chercher sans cesse… » (st Augustin) Je retiens encore ces superbes témoignages au soir de sa vie, sur la vieillesse, la maladie, le passage vers Dieu et la sérénité et l’espérance qui l’habitait, tout en sachant que ses derniers mois seraient certainement les plus difficiles et qu’ils mettraient peut-être à mal sa sérénité… Catherine-Ann : repose en paix et que le Seigneur t’apporte la joie ultime qui rayonnait chez toi déjà tout au long de ta vie ! Merci pour le bout de chemin parcouru ensemble, pour tes encouragements, tes questionnements, ton espérance et ta joie !

Eh oui, nous avançons de commencements en commencements, que l’on soit au début de sa vie ou sur des rives déjà plus lointaines… Belle route à chacune et chacun…

 

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Le secret du bonheur !

19 mars 2017, 3e dimanche de Carême, Année A,  Jn 4,5-42 /

Voici une page d’évangile bien connue mais longue et complexe, il en va : du rapport entre Juifs et Samaritains ; d’eau morte et d’eau vive ; de maris multiples et du véritable époux ; de divers lieux de cultes concurrentiels et d’une adoration en esprit et en vérité ; de nourritures terrestres et de la véritable nourriture ; d’histoires qu’on se raconte sur sa vie et de Celui qui nous connait en vérité ; de tous ceux qui prétendent nous apporter le bonheur et du seul Sauveur ; etc. ! Nous pouvons donc aborder ce texte par bien des angles, mais l’idée centrale est la même. En effet, ne sommes-nous pas tous, comme la Samaritaine ou les disciples de Jésus, à la recherche de ce qui va véritablement combler notre désir profond, à la recherche du bonheur ?  Cette quête peut s’exprimer sous différentes images, mais c’est toujours la même quête : recherche de l’Amour de notre vie ; désir d’une eau vive pour étancher notre soif ; aspiration à la véritable nourriture qui pourra nous rassasier une fois pour toute ?

Recherche de l’Amour de notre vie ?

Nous avons tous besoin d’amour, mais trouver le véritable amour est-il possible ici-bas ? La Samaritaine, en tout cas, ère d’hommes en hommes qui ne sont pas ses époux… Dans notre société actuelle, beaucoup de couples avancent de façon immature, à la recherche d’un amour illusoire fondé uniquement sur l’affecte, sur le sentiment, l’utilisation de l’autre pour combler ses besoins… Dans cette version de « l’amour », l’un ou l’autre des partis en présence risque fort de se dire rapidement : « je ne l’aime plus, il vaut mieux que je la(le) quitte », et c’est souvent ce genre de conseils que vont leur donner leurs « faux amis »… Le véritable amour n’a rien à voir avec cela… Il s’agit de vouloir ensemble faire un projet de vie et de se soutenir pour traverser les épreuves de la vie. Le véritable amour est oblatif, il passe du « Je t’aime parce que tu es belle, tu es intéressante, tu combles mes désirs… » à « Je t’aime même si tu n’es plus aussi belle, même si tu n’es pas toujours intéressante, même si tu ne combles pas tous mes désirs… Car je veux que nous nous soutenions, sur le chemin de la vie, jusqu’à la mort… » Nos amours d’ici-bas ne seront donc toujours que partiels, confrontés aux limites de nos existences. Ils ont cependant toute leur valeur car ils nous apprennent à aimer et à pouvoir accueillir un jour l’amour dont Dieu veut nous combler… N’est-ce pas en Lui seul, que l’amour peut être totalement désintéressé, totalement oblatif et éternel ? N’est-ce pas en Lui que nos amours terrestres seront transfigurées ?

Désir d’eau vive pour étancher notre soif de bonheur ?

De quoi avons-nous soif ? Qu’est-ce qui pourra étancher notre soif de bonheur ? L’amour bien sûr, nous l’avons dit… Mais plusieurs auteurs ajoutent le désir et le sens de la vie ! Le désir n’est-il pas le moteur de notre vie ? Un être sans désir, sans projet, sans quête, risque fort de déprimer et de ne voir aucun sens à sa vie. C’est peut-être ce qui oppose l’eau morte à l’eau vive… L’eau morte n’étanche la soif qu’un instant, peut-être est-ce que je désir acquérir le dernier gadget qui vient de sortir, le dernier vêtement à la mode ou même obtenir un diplôme… Mais une fois cela en poche, il va falloir se créer d’autres désirs. L’eau vive, c’est plutôt une eau que l’on ne peut saisir, nous en buvons de petites gorgées mais nous ne boirons jamais une rivière ! Le désir d’eau vive, c’est vouloir que mes proches soient heureux, que tous ceux qui croisent ma route soient heureux, que tous les êtres sur cette terre vivent heureux, et que ce bonheur soit durable et éternel ! Ce désir ne sera jamais assouvi et notre moteur pourra tourner à plein régime… S’agit-il donc d’étancher notre soif ? Peut-être pas, en tout cas pas ici-bas, et peut-être même pas avant que la Création tout entière ne soit conduite à son plein achèvement.

Aspirer à la véritable nourriture qui pourra apaiser nous rassasier une fois pour toute ?

 « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. […] Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. » (Jn 4,32.34) L’image liée à la nourriture est proche de celle liée à la soif, il ne s’agit donc certainement pas de se goinfrer, au point de ne plus rien désirer. Mais l’image connote peut-être autre chose : si la soif évoque le désir, la nourriture évoque quant à elle, ce qui nous donnera la force pour poursuivre le chemin. Jésus est alors clair : sa force c’est de faire la volonté de son Père et d’accomplir son œuvre. Vous voyez que nous sommes encore dans un processus dynamique, dans une « utopie mobilisatrice » : le Père comme le Fils, ainsi que l’Esprit, ne s’arrêteront pas de travailler tant que le projet de Dieu ne sera pas mené à son accomplissement. La tâche pourrait paraître décourageante, si l’on voulait tout porter sur nos propres épaules, mais Jésus lui-même ne veut faire que sa part : faire ce que le Père lui demande et travailler à son œuvre. Voilà donc la nourriture de notre vie, ne chercher à faire que la volonté du Père pour nous, c’est-à-dire la part de mission qui nous est confiée et apporter modestement notre pierre à la construction du Royaume…

Ne serait-ce pas là le secret du bonheur ?

Apprendre à aimer en investissant pleinement nos amours humains…

Cultiver le désir de bonheur pour tous, et pas seulement pour soi…

Faire humblement notre part au service du Royaume de Dieu, lui qui en est le véritable artisan !

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Pour notre consolation !

12 mars 2017, 2e dimanche de Carême, Année A,  Mt 17,1-9 /

« Il fut transfiguré devant eux ! » Nous avons, nous aussi, besoin de « Thabors » pour notre consolation ! Jésus, Pierre, Jacques et Jean sont en chemin vers Jérusalem et s’apprêtent à affronter la Passion. Alors, le Seigneur, dans sa grande miséricorde, leur accorde ce moment de pure grâce, qui sera une véritable consolation et référence pour les moments de doutes et d’épreuves ! Reconnaissons, avec modestie, que nous avons, nous aussi, besoin de ces moments de pure grâce, de consolation, de communion avec le Seigneur, pour affronter les dures réalités de la vie. Et si nous vivions ce Carême comme un de ces Thabors ? Le Seigneur ne nous invite-t-il pas à l’écart ? Le Seigneur ne veut-il pas s’entretenir avec nous à l’aide des Écritures ? Le Seigneur ne veut-il pas raffermir notre foi ?

Un écart fertile…

« Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmena à l’écart… » (Mt 17,1-9) Cela me rappelle une belle réflexion de Jean-Claude Lavigne sur la vie religieuse comme « écart fertile »… Le carême, avec ses appels au jeûne, à l’aumône et à la prière n’est-il pas justement le temps de cet écart fertile ? Prendre de la distance par rapport à notre façon habituelle de consommer pour nous ouvrir à l’essentiel… S’écarter ne nous-mêmes, de nos propres besoins, de nos propres désirs et nous ouvrir au partage… Aller à l’écart des bruits ambiants pour y faire silence et nous ouvrir à l’écoute de Dieu et à la contemplation de la Création… Oui, aujourd’hui encore le Seigneur nous invite à l’écart, non pour un temps pénible de pénitence, mais pour rendre notre vie plus belle et plus fructueuse. Peut-être même, comme Pierre, désirerons-nous dresser la tente pour demeurer dans ce temps privilégié du carême ? Ne serait-ce pas formidable d’arriver en fin de carême en se disant : « Dommage ! C’est déjà fini… » et en ayant le désir de prolonger durant notre vie ordinaire l’un ou l’autre aspect acquis durant ce carême ?

Avec Moïse et Elie…

« Moïse et Elie s’entretenaient avec lui… » (Mt 17,3) On le sait, Moïse et Elie symbolisent toute la Loi (la Thora) et tous les Prophètes. Luc précise qu’ils parlaient de son départ, de sa passion (Lc 9,31). Au moment d’affronter l’épreuve, au moment de faire des choix décisifs, c’est donc vers l’Écriture qu’il faut nous tourner. C’est vital ! Rappelez-vous le récit du pauvre Lazare et de l’homme riche. Quand celui-ci demande à Abraham d’envoyer Lazare prévenir ses frères, Abraham répond : « ‘Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent !’ ‘Non, père Abraham, dit le riche, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.’ Abraham répondit : ‘S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.’ »  (Lc 16,29-31) « Le vrai problème du riche : la racine de ses maux, nous dit le pape François dans son message de carême, réside dans le fait de ne pas écouter la Parole de Dieu ; ceci l’a amené à ne plus aimer Dieu et donc à mépriser le prochain. » Oui, il est vital de se mettre sans cesse à l’Écoute de la Parole de Dieu, car elle est source de vie, elle est « une force vivante capable de susciter la conversion dans le cœur des hommes et d’orienter à nouveau la personne vers Dieu. Fermer son cœur au don de Dieu qui nous parle a pour conséquence la fermeture de notre cœur au don du frère. » (Pape François, Message de carême 2017) Profiterons-nous de ce carême pour revenir à la méditation de la Parole de Dieu ? Si nous trouvons l’accès directe trop ardu, de très bons livres peuvent nous y aider…

Pour notre consolation…

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » (Mt 17,5) Oui, nous avons besoin de réentendre, personnellement et profondément, ce cœur de notre foi : Jésus Christ est le Fils bien-aimé du Père, qui fait sa joie et en qui nous pouvons trouver, à notre tour, la joie et le bonheur en plénitude ! Les voix contraires sont tellement assourdissantes aujourd’hui, à vouloir nous faire croire que la foi chrétienne ne serait qu’une invention, que Jésus ne serait qu’un simple idéaliste, que les religions ne seraient que sources de conflits et de guerres… Il suffit pourtant de regarder, d’une part, ce qu’ont donné des sociétés prônant un athéisme systématique (URSS, Régime Nazi)  et, d’autre part, de poser un regard honnête sur deux mille ans de christianisme et sa cohorte de saints qui ont mis en œuvre l’amour de Dieu pour tous les hommes ! Bien sûr l’Église est une assemblée de pécheurs, et elle n’est pas épargnée par les scandales, les contre témoignages et les erreurs… Mais, de grâce, ne posons pas des regards anachroniques sur le passé ; ne jugeons pas une institution à ses brebis galeuses ; ne laissons pas notre regard être déformé en se focalisant sur les contre-témoignages et en ignorant les témoignages édifiants, mille fois plus nombreux ; ne rejetons pas l’Évangile parce que ses disciples ne sont pas à l’auteur de son idéal ! Oui, particulièrement en ces temps troublés, accueillons comme une consolation la voix du Père, la petite voix intérieure, qui nous rappelle que Jésus Christ est le Fils bien-aimé du Père et que se mettre à sa suite est source du bonheur véritable !

Les épreuves personnelles, les scandales, les attaques contre les religions,

nous mettent à l’épreuve…

Saisirons-nous ce carême pour monter au Thabor, afin de :

prendre un écart fertile,

nous remettre à l’écoute de la Parole de Dieu,

et accueillir une parole de consolation qui raffermisse notre foi ?

 

 

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Le chemin de la dissemblance ou de la ressemblance ?

5 mars 2017, 1er dimanche de Carême, Année A,  Mt 4,1-11 /

« De même que la faute commise par un seul a conduit tous les hommes à la condamnation, de même l’accomplissement de la justice par un seul a conduit tous les hommes à la justification qui donne la vie. »  (Romains 5,18) Les textes de ce jour abordent la vaste question du péché « originel » et de la rédemption… Elles sont si nombreuses les pages écrites sur ce thème et les idées fausses véhiculées dans l’inconscient collectif, qu’il semble impossible de revisiter cette question en quelques lignes… Mais essayons, au minimum, de donner quelques éclairages significatifs. Premièrement le péché originel n’est pas tant chronologique qu’existentiel… Deuxièmement il ne concerne pas tant la sexualité que le rapport à Dieu, le rapport à la Création, le rapport  à autrui (homme/femme ou fraternel)… Troisièmement Jésus déjoue les pièges de ce péché fondamental et nous ouvre le chemin du Salut…

Le péché originel n’est pas tant chronologique qu’existentiel…

Même si nous savons, en théorie, que le récit d’Adam et Ève est de type mythologique et non historique, nous avons du mal, bien souvent, à en tirer les conséquences. Que le récit soit de type mythologique signifie qu’à travers cette mise en scène, à la manière d’un conte, la Bible nous dit une parole de vérité qui ne porte pas sur le comment de la Création mais sur les questions existentielles liées aux origines de l’humanité : d’où venons-nous ? qui sommes-nous ? d’où vient le mal ? pourquoi la mort ? pourquoi la vie ? pourquoi l’homme et la femme ? etc… Cela signifie que ce texte ne nous parle pas d’un péché commis aux origines dont nous subirions les conséquences jusqu’à aujourd’hui, mais du péché fondamental qui marque la condition humaine de générations en générations. Ainsi, chaque génération est confrontée à la question d’une vie menée selon le projet de Dieu ou d’une vie menée contre le projet de Dieu. Ou, pour le dire encore autrement, jour après jour nous avons à apprendre à vivre de façon à avancer vers notre pleine humanité, en chemin de divinisation ; ou bien à prendre la voie inverse : celui d’une humanité défigurée, en chemin vers la dissemblance de Dieu… Chaque génération est tentée par ce chemin de la dissemblance et hérite aussi du chemin déjà parcouru par les générations passées, dans le bon sens ou dans le mauvais sens. C’est en cela qu’il y a aussi une transmission de ce péché fondamental…

Sur quoi porte le péché originel ?

            Il nous faut sortir des clichés véhiculés par l’inconscient collectif… Le péché originel n’a rien à voir avec la sexualité ! Il porte sur les quatre épreuves fondamentales de toute vie humaine : comment vivons-nous le rapport à Dieu, le rapport à la Création, le rapport homme-femme et le rapport aux autres… Le récit de la Genèse met en scène ces différentes épreuves qui se présentent à chaque être humain, et nous montre comment fonctionne le péché et quelles en sont les conséquences. Premièrement acceptons-nous de recevoir en abondance la vie de Dieu (cf. les nombreux arbres bons à manger) et de vivre en Alliance avec Lui, ou nous laisserons-nous tentés par les voix qui déforment son visage et font de lui un adversaire, un rival, un exploiteur ? Deuxièmement vivrons-nous le rapport à la Création en la gardant, en la cultivant, en en dominant le chaos ou en l’exploitant et l’asservissant sans respecter ses rythmes et ses équilibres ? Troisièmement vivrons-nous le rapport homme-femme sous le mode de la complémentarité, du respect de la différence, du secours mutuel ou sur le mode de la domination, de l’utilisation de l’autre, d’un amour possessif… ? Enfin, notre rapport à l’autre -développé dans la suite du récit avec Caïn et Abel-, est-il animé par la fraternité, le souci des autres êtres humains -nos frères-, ou par une vie autocentrée qui suppose que pour exister il faut supprimer l’autre ?

Jésus déjoue les pièges de ce péché fondamental et nous ouvre le chemin du Salut…

            Dans cette marche de l’humanité vers sa ressemblance divine, Jésus Christ marque, évidement, le tournant essentiel. En effet, en Jésus Christ l’homme réalise pleinement sa vocation d’une vie humaine selon la volonté de Dieu, d’une vie humaine « divinisable » et donc libérée de l’emprise du péché et de la mort. Bien sûr cela va se jouer tout au long de la vie de Jésus de Nazareth, mais déjà dans le récit des tentations le chemin est tracé : Jésus ne fera jamais de son Père un rival, Jésus ne cherchera jamais à faire sa propre volonté, Jésus n’exploitera pas la Création à ses propres fins (faims), Jésus ne se détournera pas de sa condition humaine, ,Jésus ne prendra pas le chemin de la dissemblance en adorant d’autres dieux… Le rapport homme-femme et le rapport à autrui ne sont pas encore présents dans ce récit mais viendront plus tard au cours des évangiles avec une relation aux femmes jamais équivoque, mais toujours respectueuse et libérante, d’une part, et un rapport à autrui toujours marqué par la fraternité, la solidarité, la libération, la guérison, la miséricorde… Ainsi Jésus, qui aime chacun d’entre nous et nous rend capable de vivre à sa ressemblance, nous ouvre-t-il le chemin de la résistance aux tentations fondamentales du « péché originel ». Il a ouvert la voie d’une vie humaine « divinisable » et, comme un premier de cordée, cherche à nous entraîner à sa suite.

En ce temps de carême :

Résisterons-nous aux tentations communes à chaque génération ?

Progresserons-nous dans notre rapport à Dieu, à la Création, à autrui ?

Nous laisserons-nous entraîner par le Christ à sa suite ?

Bref, prendrons-nous le chemin de la dissemblance ou celui de la ressemblance ?

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Session de formation au Bénin

 

Le Fr Eugène, à gauche et le P. Aurélien, à droite

                 Comme à l’accoutumée, l’Union des Formateurs du Togo et du Bénin a organisé en février 2017 sa session annuelle de formation. Ce sont donc 64 responsables de noviciats et de postulats qui prirent la route vers Allada, au sud-Bénin, pour une semaine d’échange et de formation sous la houlette du P. Aurélien Juvencio AHOUANGBE, salésien de Don Bosco.     Le thème était ainsi formulé : « Les dimensions psychologiques de la formation à la vie religieuse : (Éléments psychologiques de maturité humaine et d’intelligence émotionnelle dans le processus de la formation initiale à la vie religieuse)»

Nous fûmes un peu décontenancés au début du séjour, car le Centre « Regard Paulinien » qui nous accueillait était, en fait, un chantier en pleine activité que notre groupe eu la « joie » d’inaugurer. Les moustiquaires étant installées au fur et à mesure de notre arrivée, ainsi que ventilateurs, miroirs, sceaux pour la douche, arrivant petit à petit au cours des jours… Table, chaise ou armoire arriveront dans les chambres certainement les semaines à venir… Le personnel était bien dévoué mais ne pouvait pas réaliser l’impossible : problèmes d’eau, d’électricité, de cuisine, de pièces trop exigües… Bref un bon exercice d’entrée en carême…

Fort heureusement l’animateur de la session, le père Aurélien, nous a impressionné par sa maîtrise du sujet, son travail préparatoire, sa pédagogie, sa disponibilité et les nombreux exemples illustrant ses propos. Il fut apprécié de tous et a permis à chacun de se nourrir de la matière abondante fournie. Voici brièvement, les différents aspects développés :

1ère partie : Maturité humaine, point de départ pour une consécration épanouissante : Éléments de maturité physique et physiologique ; de maturité affective et émotionnelle ; de maturité spirituelle et du jugement. Les facteurs d’influence d’entrée et de persévérance dans la vie consacrée. La communauté lieu de maturité humaine pour les candidats.

2ème partie : L’intelligence émotionnelle dans le processus de la formation initiale : La notion d’Intelligence Émotionnelle ; Intelligence émotionnelle (IE) et quotient intellectuel (QI) ; Les piliers de l’Intelligence Émotionnelle applicables à la formation ; Comment améliorer notre Intelligence Émotionnelle en tant que formateur ? Élaboration d’un petit Projet de Formation pour un meilleur accompagnement et discernement dans la formation.

La journée du dimanche, consacrée à la détente, nous a permis, d’une part, de découvrir l’impressionnant sanctuaire mariale d’Allada animé par les Franciscains de l’Immaculée et d’autre part de visiter Ouidah, un des lieux d’embarquement des esclaves du temps de la traite négrière. Il ne reste pas vraiment de vestiges de l’époque, mais tout un parcours, à base de monuments symboliques et commémoratifs, retrace cette triste page de notre histoire. Le monument le plus emblématique étant la « Porte du non-retour » symbolisant l’embarquement définitif hors de la terre africaine de tous les esclaves passés en ces lieux.

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Être insouciants ?

27 février 2017, 8° dimanche ordinaire, Année A,  Mt 6,24-34 /

« Ne vous faites pas de souci pour demain… À chaque jour suffit sa peine. » (Mt 6,34) L’évangile de ce dimanche nous désarçonne… On peut le trouver soit trop naïf et déconnecté de nos réalités humaines, soit terriblement moderne dans la mouvance des sagesses orientales qui nous recommandent de ne vivre que l’instant présent. En fait, dès que nous sommes décontenancés par un passage d’évangile, le réflexe devrait toujours, d’une part, de ne pas l’isoler de l’ensemble de l’Écriture Sainte et, d’autre part, d’aller voir comment Jésus de Nazareth a mis cela en pratique… Prenons donc ensemble ce chemin, si vous le voulez bien ?

Ne pas vivre dans l’oisiveté…

Les passages du Nouveau Testament parlant d’une suite du Christ bien enracinées dans les contingences d’ici-bas ne manquent pas. Premièrement, Jésus a travaillé jusqu’à trente ans environ aux côtés de son père charpentier, il était donc loin de vivre dans l’oisiveté à attendre que tout lui tombe du ciel… Puis, lorsqu’il commence à rassembler des disciples, le groupe parcourir le pays -sans une pierre où reposer la tête-, mais l’Évangile nous parle également : de la maison de Jésus à Capharnaüm, d’une bourse commune pour subvenir à leurs besoins, ou de préparatifs pour la Pâques. Habituellement les textes ne nous parlent pas des soucis de nourriture ou de vêtements des disciples, cela laisse entendre qu’ils sont bien organisés, sauf quand ils sont débordés par le nombre (récits de la multiplication des pains) ou lorsqu’ils glanent quelques grains dans les champs. Du côté de saint Paul c’est encore plus évident : « Nous ne nous sommes fait donner par personne le pain que nous mangions, mais de nuit comme de jour nous étions au travail, dans le labeur et la fatigue, pour n’être à la charge d’aucun de vous. »  (2 Th 3,8) « Quand nous étions chez vous, nous vous donnions cette consigne : si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. Or, nous apprenons que certains parmi vous vivent dans l’oisiveté, affairés sans rien faire. À ceux-là, nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ cet ordre et cet appel : qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné. (2 Th 3,10-12) Nous pouvons donc retenir ce premier élément, les textes du Nouveau Testament ne font pas l’apologie de l’oisiveté !

Ne pas mettre notre espérance au mauvais endroit…

            Ayant établi qu’il ne s’agit pas de vivre dans l’oisiveté, l’évangile de ce jour nous dit également de ne pas mettre toute notre espérance, toutes nos énergies, tout notre cœur dans les biens d’ici-bas. Nous le savons bien, nous n’emporterons rien dans notre tombe, si ce n’est les relations d’amour, de fraternité, d’amitié, de solidarité, tissées ici-bas. Lorsque Jésus nous invite à rechercher « d’abord le Royaume de Dieu et sa justice », cela ne renvoie pas d’abord à notre vie après la mort, mais au Royaume de Dieu à construire dès ici-bas, avec la grâce de Dieu, tel que Jésus lui-même a cherché à le vivre. Un Royaume de Justice et de Paix, d’harmonie avec la Création où chaque être humain, chaque peuple, est respecté dans sa dignité et peut vivre décemment sa vie. Si nos énergies sont orientées vers cette quête d’un monde qui corresponde toujours plus au projet de Dieu, alors heureux sommes-nous, car nous seront désencombrés de nos propres soucis du quotidien, de plus en plus détachés des contingences d’ici-bas et notre qualité d’être prendra du poids en vue de notre passage en Dieu.

Vivre chaque jour comme si c’était le dernier…

« Ne vous faites pas de soucis pour demain… à chaque jour suffit sa peine. » Comme je l’évoquais plus haut, l’évangile semble terriblement moderne sur ce point. En effet, les ressources en développement personnel foisonnent pour nous inciter, et nous apprendre, à vivre l’instant présent afin d’éviter toute frustration et toute angoisse. Cette tendance à la mode, s’appuie, de façon plus ou moins implicite, sur les religions orientales et notamment le bouddhisme : « Le présent est la seule réalité à notre portée : le passé nous a échappé et le futur ne nous appartient pas. Or, nous passons beaucoup de temps à regretter l’un et à appréhender l’autre. Ne pas vivre le moment présent, c’est donc tout simplement vivre dans une illusion et une frustration permanente. » Je ne suis pas sûr que l’Évangile aille tout à fait dans ce sens… Car nous ne pouvons pas détacher cette invitation évangélique de la recherche du Royaume de Dieu. La logique de l’Évangile nous invite à grandir dans le détachement des « choses d’en bas » pour nous attacher aux « choses d’en haut » et non à vivre l’instant présent pour éviter les éventuelles frustrations et angoisses. Jésus lors de la Transfiguration ne s’entretenait-il pas avec Elie et Moïse de sa passion à venir, Jésus n’a-t-il pas manifesté son angoisse au jardin de Gethsémani à la perspective de sa passion ? Ne pas se laisser complétement absorber par les soucis matériels d’ici-bas est une chose, vivre de façon inconséquente sans envisager notre avenir en Dieu en est une autre !

Oui ce passage de Matthieu nous désarçonne…

L’avons-nous bien compris ?

Il ne fait certainement pas l’apologie de l’oisiveté et de l’insouciance…

Mais nous invite à plus de détachement des « choses d’en bas » …

En vue d’une recherche plus intense du Royaume de Dieu !

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Des opposants au pape François ???

                 On n’arrête pas de nous rabattre les oreilles avec les fameux opposants au pape François, je veux bien, mais soyons sérieux qu’est-ce que cela veut dire ?

-Que les catholiques se défient de lui ? Le dernier sondage mondial (datant de mars 2016) montre que 85% des catholiques dans le monde ont une bonne opinion de lui et apprécient son action. Il ne faut donc pas se laisser impressionner par quelques traditionnalistes activistes (surtout dans les pays occidentaux) qui ne rêvent que de messe en latin, qui sont contre l’œcuménisme et le dialogue interreligieux parce que leur foi, trop fragile, a peur de la confrontation…

-Qu’il devrait mener l’Église catholique en fonction des groupes de pression ? Dieu merci, sa longue expérience de pasteur, d’homme de prière, de résistant à un régime dictatorial, l’ont depuis longtemps préservé de ce genre de faiblesse. Il doit mener l’Église selon son intime conviction, inspiré par l’Esprit, comme tous ses prédécesseurs.

-Qu’il devrait laisser faire tous les groupes traditionalistes anti-conciliaires sans rien dire ? Alors que les évêques du monde entier, en concile, puis synodes après synodes, donnent des directives, font des choix, pour être toujours plus fidèles à l’Évangile dans notre monde qui bouge… On ne peut se dire de bons catholiques en se plaçant constamment et systématiquement en contradiction avec les choix de l’Église depuis 50 ans. Le rôle du pape et de la curie romaine est d’être garant de l’unité, de la communion, de la juste interprétation de la foi catholique et cela implique une certaine discipline et un certain nombre de rappels à l’ordre.

-Que l’annonce de l’Évangile devrait être populaire ? Comme un parti auquel on adhère pour un temps et que l’on rejette lorsqu’il ne nous convient plus ? Non, les exigences de l’Évangile ne sont pas toutes populaires, par exemple, lorsqu’il dénonce les riches qui ne se soucient pas des pauvres (cf. La parabole du pauvre Lazarre) ; lorsqu’il dénonce les pharisiens et scribes légalistes qui se retranchent derrière la loi, les dogmes, ou les « on a toujours fait comme ça » ; lorsqu’il fustige ceux des pharisiens et des scribes qui mettent de côté le commandement de Dieu pour s’attacher à la tradition des hommes. Etc.

Les papes Jean-Paul II et Benoît XVI étaient loin de rallier à eux autant de catholiques, ceux qui n’étaient pas de leur sensibilité, bien plus nombreux que les actuels opposants au pape François, ont-ils placardés des affiches dans Rome ? Des quarterons de cardinaux ont-ils écrit et publiés leur désaccord avec des exhortations post-synodales de ces papes ?… Non franchement, les opposants activistes au pape François sont sans vergogne et font pitiés…

Bref, ne manquons jamais de soutenir le pape François, de lui faire savoir que nous sommes très heureux de l’avoir comme pape, de prier pour lui, et de travailler avec lui pour une Église toujours plus fidèle aux exigences de l’Évangile ! Comme le disait notre fondateur, le père Emmanuel d’Alzon : « Travailler toujours pour Rome, quelquefois sans Rome, jamais contre Rome »

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Qui, ou quoi, commande notre vie ?

12 février 2017, 6° dimanche ordinaire, Année A,  Mt 5,17-37 /

« Vous avez appris que… Eh bien ! Moi, je vous dis… » Peut-être qu’avant d’entrer dans le contenu de ce que Jésus dit de la Torah, faut-il nous arrêter sur la place de Jésus Christ et sur son autorité dans nos vies ? Car s’agit-il d’étudier ses propos pour savoir si on peut être d’accord avec lui, ou de confesser d’abord notre foi en lui, le Fils de Dieu, qui sait mieux que nous-mêmes ce qui est bon pour nous ? En effet, à vouloir s’affranchir de la religion, de Dieu, d’une autorité extérieure à nous-mêmes, les temps actuels nous montrent que d’autres réalités, d’autres personnes, d’autres forces, beaucoup moins bienveillantes, risquent de prendre les commandes de notre vie. L’élection de candidats populistes et manipulateurs ; la dictature des médias et des réseaux sociaux pour porter quelqu’un aux nues ou le vouer aux gémonies ; la puissance envahissante de la technologie dans notre vie, n’en sont-elles pas des exemples flagrants ? Qui, ou quoi, commande notre vie ? Le légalisme, comme au temps des pharisiens… Les modes actuelles et les faiseurs d’opinion… Ou la Parole de Dieu, telle que Jésus Christ l’a interprétée et mise en œuvre ?

Qui, ou quoi, commande notre vie ?…

Le légalisme ?

« Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens… » (Mt 5,21) Les scènes évangéliques qui dénoncent le légalisme des pharisiens ne manquent pas. La loi religieuse est bien pratique : elle nous évite de discerner au cas par cas, elle nous donne une identité bien claire, elle rassure notre conscience à bon compte ! Contrairement peut-être à ce que l’on penserait spontanément, ils sont finalement assez nombreux, aujourd’hui, ceux qui se retranchent derrière le légalisme : les intégristes de tous bords, musulmans, chrétiens, hindous, bouddhistes (Oui ! Même chez les bouddhistes ! Pensez par exemple à la Birmanie et au sort réservé aux musulmans Rohingya)… On retrouve aussi ces légalistes chez ceux qui, dans l’Église, se croient catholiques parce qu’ils citent le catéchisme de l’Église catholique, les dogmes (qui leur conviennent), les propos des papes (qui les arrangent) en oubliant le cœur de l’Évangile. Ils croient défendre le catholicisme en s’opposant aux attitudes plus évangéliques souhaitées par le plus grand nombre de chrétiens, de prêtres, d’évêques et pas seulement par le pape François, devenu leur bête noire… Or, dans l’évangile de ce jour, Jésus leur dit et nous dit : « ne vous retranchez pas derrière le légalisme »… « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. » (Mt 5,20)

Qui, ou quoi, commande notre vie ?…

Les modes actuelles et les faiseurs d’opinion ?

« Vous avez appris qu’il a été dit… » (Mt 5,27) Jésus fait ici encore référence à la Torah, à la Loi, mais la formulation nous permet d’extrapoler : « Vous avez appris par la rumeur que… Vous avez appris par Internet que… Vous avez appris par la télévision que… Moi je vous dis… » Oui, la rumeur, le dernier blogueur à la mode, le rouleau compresseur de la présomption de culpabilité, font des ravages aujourd’hui. Vais-je me laisser manipuler bêtement par les nouveaux moyens de communication ou vais-je les utiliser avec intelligence et à la lumière de l’Évangile. Pour ne prendre qu’un exemple, on fustige les pratiques légales de certains politiciens parce que considérées aujourd’hui comme immorales, ou devenues récemment illégales… C’est très bien, mais ces allahtoyas de la moralité, de qui font-ils le jeu ? À dénigrer systématiquement des politiciens qui ont fait leurs preuves, mêmes s’ils ne sont pas des saints, on se prépare un avenir avec des populistes dangereux, à la mode américaine, philippine ou hongroise… « On vous a dit… Moi je vous dis… ‘les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu’. (Mt 21, 31) » On ne peut enfermer quelqu’un dans son passé, mais il nous faut toujours apprécier sa vie, aujourd’hui, selon les valeurs de l’Évangile…

Qui, ou quoi, commande notre vie ?…

La Parole de Dieu, telle que Jésus Christ l’a interprétée et mise en œuvre ?

            Dans l’évangile de ce jour, Jésus ne vient donc pas abolir la loi, ni la remplacer par la dernière opinion à la mode, mais vient l’accomplir et la dépasser pas sa loi d’amour. Cette nouvelle exigence, d’un amour inconditionnel, ne nous laisse pas la conscience tranquille à bon compte, elle nous demande de discerner sans cesse ce que nous pourrions faire de plus, afin « d’être parfaits comme notre Père céleste est parfait. » (Mt 5,48) Si c’est cette recherche d’une vie guidée par la Parole de Dieu, d’une vie évangélique, d’une vie toujours plus aimante, d’une vie toujours plus ressemblante à celle du Christ, d’une vie conforme à notre dignité de fils et filles de Dieu, qui nous anime, alors bienheureux sommes-nous !

Alors, qui, ou quoi, commande notre vie ? …

Le légalisme, la dernière mode ou la Parole de Dieu…

telle que Jésus Christ l’a interprétée et mise en œuvre ?

 

 

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Visite de notre supérieur provincial

Durant la semaine écoulée, nous avons eu la chance d’accueillir notre supérieur provincial, le P. Benoît Gschwind, pour une semaine bien remplie de rencontres et d’échanges. Un des temps forts fut l’accueil de six nouveaux postulants en la fête de la vie consacrée, le 2 février 2017. Nous leur souhaitons bonne route sur leur chemin, à la suite du Christ dans notre petite famille religieuse.

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Annoncer l’Évangile coûte que coûte !

5 février 2017, 5° dimanche ordinaire, Année A,  Mt 5,13-16 /

« Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde… Que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » Voilà toute une responsabilité que le Seigneur confie à ses disciples ! Sommes-nous à la hauteur ? Aujourd’hui on se méfie des donneurs de leçon, des beaux parleurs et chacun se juge assez grand pour décider par lui-même ce qui est bien ou mal, certain, même parmi les hommes politiques, prétendent aussi décider par eux-mêmes ce qui est vrai ou faux, la vérité devenant relative à chacun. Dans ce contexte comment pouvons-nous prétendre annoncer l’Évangile du Seigneur ? Les textes de ce jour nous donnes plusieurs pistes : annoncer l’Évangile par nos actes, annoncer l’Évangile par la qualité de notre vie intérieure et annoncer une Parole qui ne vient pas de nous !

Annoncer l’Évangile par nos actes !

Cet aspect, que j’appellerais volontiers l’horizontalité de l’Évangile, n’est pas difficile à comprendre et il est bien dans l’air du temps. Comme je le disais, on se méfie des beaux parleurs mais, par contre, on apprécie les personnes en fonction de leurs faits et gestes. Quels sont les actes attendus de la part des disciples de Jésus Christ ? D’abord tout ceux qui illustrent l’amour universel entre les hommes : gestes de solidarité, de compassion, de miséricorde ; recherche de plus de justice, de fraternité, de paix ; engagements dans le domaine de la santé, de l’éducation, du respect de la Création… Tout ceci est bien compris par nos contemporains. Le prophète Isaïe nous dit cela avec des paroles d’une grande actualité : « Partager son pain avec celui qui a faim… Accueillir chez soi le sans abri… Couvrir celui qui est nu… Ne pas se dérober à son semblable… Faire disparaître de chez soi le joug, le geste accusateur, la parole malfaisante… » (Is 58, 7…10)

Annoncer l’Évangile par la qualité de notre vie intérieure !

Un second aspect, peut-être déjà moins évident pour nos contemporains, consiste à témoigner de la verticalité de l’Évangile par la qualité de notre vie intérieure. Comme le dit notre supérieur général, le P. Benoît Grière : « Le temps qui s’ouvre à nous doit être le temps des mystiques. Non pas des hommes et des femmes qui s’évadent des contingences terrestres par divers moyens, mais des êtres enracinés profondément dans l’amour de Dieu et capable de communiquer, même imparfaitement, leur expérience du divin » (Rapport en vue du chapitre général de 2017, p 9) Oui, nous sommes aussi attendus sur ce terrain-là ! Pour être sel de la terre et lumière du monde, il nous faut être des témoins de Dieu, notre vie doit dire quelque chose du Royaume de Dieu. Ne nous y trompons pas, malgré les bravades d’une société qui semble dire, en surface, n’avoir plus besoin de Dieu, l’attente spirituelle aujourd’hui n’est pas moindre que par le passé, et elle revient même en force s’exprimant de bien des manières : par une redécouverte contemplative de la beauté de la Création… par le temps consacré à la recherche de son bien être à travers la méditation, le jeûne, le yoga…  par la redécouverte des mystiques de toutes religions sans parler de toute la mouvance New-Age… Dans ce brouhaha de la spiritualité contemporaine, nous avons une riche expérience à partager, encore faut-il connaître l’immense richesse multiséculaire de notre tradition spirituelle chrétienne et encore faut-il vouloir la partager en tant qu’expérience plutôt que sous une forme dogmatique !

Annoncer une Parole qui ne vient pas de nous !

Ce dernier aspect, est certainement le plus difficile dans le contexte de nos sociétés contemporaines. À savoir qu’en tant que disciples de Jésus Christ, ils nous faut annoncer une Parole qui ne vient pas de nous, une parole qui n’est pas le fruit de la sagesse des hommes – comme le dit fortement saint Paul-, mais une parole révélée, une parole de vérité, qui nous vient de Dieu lui-même ! On n’aime guère aujourd’hui entendre parler d’une vérité qui s’impose à nous de l’extérieur, et l’on pense pouvoir être assez grand pour décider par soi-même de ce qui est vrai, bon, ou utile. Malheureusement, comme l’espace a horreur du vide, en croyant se libérer de Dieu, se sont d’autres idoles qui prennent la place : argent, technologie, sexualité, religiosité ne faisant plus place à la raison, idéologies populistes etc… Alors, oui, annoncer le vrai Dieu, révélé par Jésus Christ est toujours une belle mission pour aujourd’hui. Enfin, un dernier aspect, pas très populaire et pourtant important : nous n’avons pas besoin de vivre parfaitement l’Évangile avant de l’annoncer, sans quoi nous ne l’annoncerons jamais ! Si l’on nous renvoie nos propres paroles en nous disant qu’elles ne sont pas en cohérence avec nos actes, cela ne signifie pas pour autant qu’il faille nous taire. Car en prêchant l’Évangile, nous nous prêchons aussi à nous-mêmes. Il nous faut annoncer l’Évangile à temps et à contre temps, en nous reconnaissant, également, sur le chemin de la conversion…

Pour être sel de la terre et lumière du monde, il nous faut donc :

Annoncer l’Évangile par nos actes,

Annoncer l’Évangile par la qualité de notre vie intérieure

Annoncer une Parole qui ne vient pas de nous et nous interpelle nous-mêmes !

 

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