Raviver la vie de l’Esprit !

Icone_Pentecote24 mai 2015, Pentecôte, année B, Jn 15,26… 16,15 /

À la fête de Pentecôte il ne s’agit pas, selon moi, de recevoir de nouveau l’Esprit Saint, car nous l’avons reçu à notre baptême et à notre confirmation. En effet, à travers cet unique sacrement, dédoublé au début de l’histoire de l’Église, nous avons été baptisés dans l’eau et dans l’Esprit. Non, il s’agirait plutôt d’accueillir la grâce de cette fête pour raviver en nous la vie de l’Esprit ! Raviver la vie de l’Esprit… qu’est-ce à dire ? Saint Paul dans son épître aux Galates nous en livre un vibrant tableau : « On sait bien à quelles actions mène la chair : débauche, impureté, obscénité, idolâtrie, sorcellerie, haines, querelles, jalousie, colère, envie, divisions, sectarisme, rivalités, beuveries, gloutonnerie et autres choses du même genre. Je vous préviens, comme je l’ai déjà fait : ceux qui agissent de cette manière ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu. Mais voici ce que produit l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi. Face à tout cela, il n’y a plus de loi qui tienne. » (Ga 5,19-23) Revenons un peu en détail sur ce passage…

Chair et Esprit.

Premièrement, il est très important de ne pas confondre l’opposition chair et Esprit, dans ce passage, avec une opposition entre le charnel et l’intellectuel. Il ne s’agit pas de cela ! La liste des actions sous l’emprise de la chair ne parle pas que de la maîtrise de notre sexualité ou de notre alimentation – même si cette dimension est présente – ! Elle évoque aussi des attitudes de notre esprit, de notre intellect, incompatibles avec une vie chrétienne : idolâtrie, sorcellerie, haines, querelles, jalousie, colère, envie, division, sectarisme, rivalités… Par ailleurs, la vie selon l’Esprit n’est pas refus de notre dimension charnelle, mais orientation de tout notre être (corps, intellect, âme) vers notre vocation à la vie divine : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. » Deuxièmement, quand Paul affirme que « ceux qui agissent de cette manière ne recevront pas le royaume de Dieu », il pointe les conséquences de ces actes qui nous éloignent du Royaume de Dieu, mais encore faudrait-il préciser que c’est uniquement la miséricorde divine, et non le mérite de nos actes, qui nous obtient le Salut. « Les publicains et les prostituées arrivent avant vous au Royaume de Dieu. En effet, Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous n’avez pas cru en lui; les publicains, eux, et les prostituées ont cru en lui. » (Mt 21,31-32) Certes leurs actions les éloignaient du Royaume de Dieu, mais ils ont accueilli la Parole de Dieu et se sont convertis à la miséricorde divine. Et la conversion peut avoir lieu au dernier moment, pensons au bon larron… Raviver la vie de l’Esprit c’est donc, d’abord, être conscient qu’on ne peut laisser impunément notre vie être conduite par les œuvres de la Chair !

Le fruit de l’Esprit !

Il fallait dire quelque chose de la première partie du texte, mais arrêtons-nous surtout à la deuxième partie… Le fruit de l’Esprit ! Une première remarque, qui est d’ailleurs également pertinente pour la liste des vices, c’est que les différentes traductions françaises de la Bible donnent toutes des traductions différentes à cette liste de vertus, avec des nuances sensiblement différentes : amour ou charité ; joie ; paix ; patience ou longanimité ; bonté ou serviabilité ; bienveillance ou bonté ou mansuétude ; foi ou confiance dans les autres ou fidélité ; douceur ou humilité ; maîtrise de soi ou tempérance… Comme quoi l’action de l’Esprit est difficile à enfermer dans des mots… Mais demandons-nous surtout ce que nous avons fait de ces fruits de l’Esprit reçu à notre baptême et confirmation :

– L’amour, avec sa nuance de charité, n’est pas à confondre avec un sentiment d’attirance ou un amour passionnel ou une affinité avec telle ou telle personne… Sans quoi le Seigneur ne pourrait pas nous commander d’aimer –l’affinité cela ne se commande pas–. L’amour agapè, dont il s’agit, est un amour oblatif, serviable qui cherche à faire grandir chacun quels que soient nos sentiments envers il ou elle. Avons-nous le désir de faire grandir toutes celles et ceux que nous croisons ?

– La Joie et la Paix, nous en parlions la semaine dernière, nous n’avons pas à les créer mais à les accueillir de Dieu et à les transmettre. Il s’agit ici, en effet, d’abord de joie et de paix intérieures.

– La patience avec sa nuance de longanimité, c’est un rapport au temps différent : non pas selon notre propre horloge mais selon le temps de Dieu qui ne désespère jamais de l’homme et lui laisse le temps de se convertir… Sommes-nous patients envers nous-même, envers nos frères et sœurs, envers nos hommes politiques, envers le rythme de la planète, etc.

– La bonté, la serviabilité, la générosité… L’Esprit nous donne d’être bon, même si, avec plus ou moins de naïveté, on sait que l’on se fait parfois avoir. Cela ne doit pas entamer notre générosité, notre serviabilité. J’aime dire aux novices, quand ils cherchent à se comparer dans leur part de travail, que s’ils sont capables de faire beaucoup, cela doit être une joie pour eux et que s’ils voient leur frère en faire moins, c’est signe qu’il est moins avancé sur le chemin du don de lui-même et cela doit plutôt susciter compassion que jalousie…

Je vous laisse poursuivre la liste, pour approfondir chacun des dons de l’Esprit, en vous redisant que vous avez tout ce potentiel en vous, qui ne vient pas de vous mais du divin en vous ! Alors ne désespérons pas de nous-mêmes et des autres, ne laissons pas silencieux et enfouis les dons que nous portons…

La fête de Pentecôte n’est-elle pas l’occasion de reprendre conscience de tout cela

et de raviver en nous la vie de l’Esprit ?

 

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