Vivre en homme nouveau !

cnv15 mai 2016, Pentecôte, année C, Jn 14,15-26 /

Vivre selon l’Esprit, vivre en homme nouveau, qu’est-ce à dire ? En fait, il n’y a pas besoin de faire appel à des manifestations merveilleuses, hors normes, miraculeuses pour vivre selon l’Esprit, il s’agirait plutôt de vivre de façon toujours plus humaine, ou « mieux humaine », puisque l’homme est habité de l’Esprit de Dieu depuis sa création. Nous venons de vivre une session d’inter-noviciat sur la gestion des conflits avec quelques éléments sur la Communication NonViolente, eh bien cette session illustre parfaitement ce passage possible d’une vie « selon la chair » à une vie « selon l’Esprit ». Oui, nous sommes façonnés par nos façons de faire spontanées, selon la « chair » comme dit saint Paul, qu’il ne faut pas comprendre comme ce qui relèverait de notre corps mais plutôt de notre péché : « libertinage, impureté, débauche, idolâtrie, magie, haines, discorde, jalousie, emportements, rivalités, dissensions, factions, envie, beuveries, ripailles et autres choses semblables.» (Ga 5,19-21), vous voyez bien que tout ne relève pas de la sexualité ! Mais nous pouvons aussi, grâce à une discipline personnelle, à un apprentissage patient et persévérant nous déshabituer de nos façons spontanées de faire, pour vivre selon l’Esprit. Et voici le fruit de l’Esprit : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi. »  (Ga 5,22) J’aimerais reprendre avec vous juste trois exemples concrets de cette vie possible selon l’Esprit de Dieu : S’exercer à dire ce que je vois ou j’entends, sans jugement ni interprétation ; Dire ce que je ressens et mes besoins sans accuser ou donner des leçons ; Demander de manière claire ce qui pourrait me rendre la vie plus belle.

S’en tenir à la réalité…

En fait, habituellement quand nous voyons quelque chose, nous interprétons spontanément les événements en nous faisant un film dans notre tête. Par exemple si l’on a quitté une personne sur une dispute et qu’ensuite on cherche à l’appeler au téléphone, si elle ne décroche pas, on va en déduire qu’elle ne veut pas nous parler… Alors que peut-être est-elle loin de son téléphone, ou bien elle est occupée par autre chose, etc. Si je vois deux connaissances parler ensemble en me regardant, je vais en déduire qu’elles sont en train de mal parler de moi… Ensuite je me comporte en fonction de ce que j’ai interprété en croyant que c’est la vérité et la relation va se détériorer de plus en plus. Et je vais rendre l’autre responsable d’un scénario que je me suis fait dans la tête. Une sœur nous a raconté qu’un prêtre ne lui avait plus parlé pendant cinq ans, sans qu’elle ait jamais su pourquoi, si ce n’est qu’une autre sœur lui avait parlé d’elle. Comme notre vie serait moins compliquée si, déjà, nous n’interprétions pas la réalité avec des préjugés et des idées fausses mais avec bienveillance et en nous en tenant aux faits. Une façon, pas si anodine de vivre en homme nouveau, selon l’Esprit !

Ne pas accuser ou donner des leçons…

Un deuxième aspect de la communication non violente consiste à savoir dire ce que je ressens, sans accuser ou donner des leçons. Toutes les fois que nous exprimons des accusations ou que nous donnons des leçons, nous créons des conditions favorables pour que notre interlocuteur réagisse avec violence. Car la loi de la nature c’est que : quand quelqu’un se sent attaqué, il se défend. Au lieu de dire « Tu devrais être responsable… Tu ne vaux rien… On ne peut pas te faire confiance… », il suffit de dire d’abord ce que je ressens : « Je suis peiné de cette situation… Je suis triste… Je suis découragé… », et de dire ensuite notre besoin réel. « Je tiens à notre amitié, et je ne voudrais pas qu’une histoire d’argent la mette à mal. » Au lieu de dire « imbécile » à mon frère conducteur, je lui dis : « Quand tu conduits ainsi j’ai peur, car je ne me sens pas en sécurité alors que j’ai besoin de me sentir en sécurité. » Ou encore « quand tu fais ainsi, je me sens frustré et énervé » et non pas « tu m’énerve ».

Demander de manière claire ce qui pourrait me rendre la vie plus belle…

Au lieu de dire « conduit mieux » on peut dire : « j’aimerais que tu gardes plus de distance avec la voiture qui nous devance, je me sentirais plus en sécurité ». Au lieu de dire « tu ne vaux rien et on ne peut pas te faire confiance » : « j’aimerais comprendre pourquoi tu n’as pas pu me rendre mon argent ? Ne pourrait-on pas trouver une solution ensemble ? » Ou encore, si vous avez oublié de me fêter mon anniversaire : « Je ne vous en veux pas car vous ne me devez rien, mais moi j’aimerais qu’on me fête, ne pourriez-vous pas me préparer un de mes repas préférés ? »

Pourquoi est-ce que je vous parle de tout ceci un jour de Pentecôte ? Tout simplement car j’ai été marqué par cette sœur qui nous a donné la session et qui a dit, à plusieurs reprises, que lorsqu’elle réussissait à être attentive à employer une communication non violente, elle n’était plus comme avant. Sa vie devenait beaucoup plus belle et sereine et elle pouvait ainsi créer beaucoup plus de bonheur autour d’elle. C’est-à-dire qu’elle vivait en femme nouvelle et non plus comme avant, ce que je traduits : sous la mouvance de l’Esprit et non plus de la chair ! Ces façons de faire n’ont-elles pas avoir avec l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur et la maîtrise de soi ?

Oui nous sommes façonnés par notre histoire, par les mauvaises manières de faire que nous avons développées, mais nous pouvons aussi nous laisser façonner par l’Esprit. Et ce qui est merveilleux c’est que cela ne relève pas nécessairement du miracle, mais que cela peut s’apprendre à tout âge !

Alors ne sommes-nous pas capables de vivre en homme et femme nouveaux ?

Selon l’Esprit ?

 

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