21 novembre 2010, 34° dimanche C – Christ Roi, Lc 23, 35-43 /
Que répondriez-vous à cette question ? Qui règne sur votre vie ? Peut-être que, spontanément, vous répondrez avec fierté : « Mais personne ! Je suis le maître de ma vie ! » Est-ce si sûr ? N’y a-t-il pas quelques despotes extérieurs ou intérieurs cachés quelque part ? Accepter que le Christ règne sur nos vies, et c’est ce que nous fêtons en ce dimanche du Christ Roi, ne serait-il pas plus libérateur ?
Des despotes extérieurs…
Depuis la nuit des temps, malheureusement, nous constatons que vivre en liberté n’est pas le choix le plus facile. Rappelons-nous simplement l’histoire de Babel, elle ne nous parle pas tant d’une tour bâtie par des hommes orgueilleux voulant atteindre le ciel, que d’une humanité qui refuse, à priori, de vivre en liberté. L’espace de ce commentaire est un peu court pour relire avec vous les premiers textes de la Genèse, mais disons rapidement que d’un projet de vie, de fécondité, d’envoi dans le monde, d’expulsion hors du jardin pour cultiver la Terre, on arrive à une humanité rassemblée dans une seule ville – Babel-, parlant la même langue – ou plutôt babillant les mêmes mots-, travaillant à une même tâche, sous le joug de Nemrod, un roi despotique ! Ce que dénonce ce texte, c’est le choix d’un joug rassurant, répondant à nos besoins de sécurité plutôt que l’acceptation d’une liberté par trop risquée… Le geste salutaire de Dieu sera de disperser ces hommes sur la surface de la terre, dans une diversité de langues permettant d’exister dans la différence et dans la liberté. À l’époque de Jésus, on retrouve ainsi ceux qui préfèrent respecter la loi à la lettre plutôt que de se risquer du côté de la liberté, ceux qui préfèrent cantonner Dieu à ce qu’ils croient en connaître plutôt que de s’ouvrir à sa présence : « Qu’il se sauve lui-même s’il est le Messie de Dieu ! » (Lc, 23,35)… Scribes et pharisiens prendront le relais du despote Nemrod… Aujourd’hui, rien de nouveau sous le soleil : les nouveaux despotes ne s’appellent plus Nemrod ou Pharisiens, mais Management, Consommation et Conformisme. Il est tout de même plus simple de se laisser mener par une publicité omniprésente, et qui nous promet une vie meilleure, que de vivre « hors normes », éventuellement en utilisant des couches lavables et sans posséder de télévision… Qui règne sur nos vies ?
Des despotes intérieurs…
Plus subtilement, peut-être encore, la vigilance chrétienne nous oblige à démasquer nos despotes intérieurs… Qu’est-ce qui mène nos vies ? Le comparatisme, la jalousie, la culpabilité, comme nous l’évoquions les semaines passées ? Ou la liberté intérieure ? Ce sont ces despotes intérieurs qui permettent aux despotes extérieurs de prendre le pouvoir sur nos vies. Le chapitre huitième du premier livre de Samuel est édifiant à ce propos. Le peuple réclame un roi, au prophète, plutôt que de vivre sous le règne de Dieu… Et le prophète de les prévenir : « Si je vous donne un roi, il sera despote, il prendra vos fils pour faire la guerre, vos filles pour son plaisir, le meilleurs de vos vignes, de vos champs, de vos oliviers etc. »… Et le peuple de répondre que, peu importe, ce qu’il veut c’est un roi pour être comme toutes les nations, c’est un chef qui combatte ses combats ! N’est-ce pas ce mécanisme qui fonctionne en nous ? Plutôt que d’apprendre à vivre libre, en assumant nos échecs et nos fragilités, plutôt que de combattre nos combats intérieurs, nous préférons nous livrer, pieds et points liés, aux humains qui nous promettent un bonheur facile, aux blessures intérieures qui prendront les décisions pour nous, aux complexes omniprésents qui combattront pour nous… Oui, qui règne sur nos vies intérieures ?
Un roi libérateur ?
L’évangile nous propose un autre prétendant, pour régner sur nos vies… Un roi difficilement identifiable : il ne se sauve pas de la croix. Il n’exerce pas d’autre puissance que celle de l’amour, que celle de la Vie créatrice. Il ne manipule pas mais libère… ne nous enferme pas dans notre histoire personnelle, mais nous permet de grandir. Il se fait serviteur de chacun et prend la dernière place… C’est ce roi-là qui veut régner sur nous ! Maître de liberté intérieure, face aux légistes, face aux moralistes et même face à la mort, il nous révèle ainsi le chemin d’une vraie liberté. Alors, franchement, pourquoi hésiter à lui remettre notre allégeance, lorsqu’on connaît tous les despotes extérieurs et intérieurs, prêts à régner sur nous si nous leur laissons le champ libre ?…
Saurons-nous dire comme le bon larron :
« Souviens-toi de moi, quand tu viendras inaugurer ton Règne ! » (Lc 23,42)
Oui, qui souhaitons-nous voir régner sur nos vies ?
Le Pape nous donne la réponse dans «Lumière du monde» dont l’extrait est rapporté par le journal La Croix : On ne peut s’en sortir sans la rencontre avec Dieu, avec l’Autre — au-delà des murs du Vatican.
Mais il faut dire qu’elle est lourde cette liberté! Pas étonnant que nous tentions à un moment ou un autre «d’échapper partiellement ou totalement à la douleur de la liberté» pour emprunter les mots de Scott Peck. Pour tenter d’échapper à la douleur des responsabilités, nous fuiyons quotidiennement notre liberté. Mais qu’avons-nous donc peur de voir? Nous avons peur de nous tromper sans doute. Peur des conséquences. Peur d’être ridicule. Peur d’avoir à nous affronter nous-mêmes si nous cessons de nous étourdir avec ces «despotes technologiques».
Alors nous remettons à d’autres cette liberté. Je ne connaissais pas la véritable histoire de Babel. En fait je ne connaissais surtout pas sa véritable signification. Cette histoire dénonce le choix d’un «joug rassurant répondant à nos besoins de sécurité plutôt que l’acceptation d’une liberté par trop risquée…» Comme c’est bien dit! C’est vrai qu’elle est risquée, nous pouvons nous tromper, et si nous devenons ce que nous choisissons… pas très rassurant, angoissant même! Mais est-ce une raison pour ne rien faire? Pour nier cette liberté qui nous est donnée? Les humains sont nombreux à être prêts à se défaire de leur liberté. Prêts à dire : «Prenez-moi en charge. Décidez pour moi». Faisant cela, nous confions notre pouvoir à d’autres, que ce soit le destin, la société, le gouvernement…
J’ai relu plusieurs fois le résumé de l’histoire de Babel. Et je réalise que bien des philosophes modernes ont beaucoup écrit sur ce même thème. Je vois les Tocqueville et La Boétie répliquer en lisant le récit : «Voilà. C’est justement ça que je voulais dire en parlant de servitude volontaire». Ils l’ont dit différemment, peut-être un peu moins bien (à mon goût!), mais ils remarquaient cette tendance que nous avons à ne pas vouloir de notre libre arbitre. Encore une fois, les grands esprits se rencontrent!
Mais je crois que ce qui m’a le plus frappé dans le commentaire de cette semaine, c’est le lien qu’établit le frère Benoît entre les despotes extérieurs et les despotes intérieurs. M. De Koninck nous disait l’hiver dernier, lors du séminaire sur la liberté, que la liberté la plus «profonde» (je ne suis pas certaine que ce soit son mot), c’est la liberté intérieure. Un tyran, disait-il, qui contrôle un peuple, brime ces gens. Mais il y a pire, le tyran peut être chez moi! Je peux être à moi-même mon propre tyran. Et alors, je deviens esclave de moi-même. Et ce tyran là, il est toujours présent. Si un despote extérieur (de quelque nature qu’il soit) a du pouvoir sur nous, c’est peut-être que nous sommes vulnérable. C’est cette idée qui m’intrigue à présent. «… les despotes intérieurs qui laissent entré les despotes extérieurs.»
Il faut que je réfléchisse. Serions-nous toujours responsable du pouvoir que le monde extérieur peut avoir sur nous? Sommes-nous responsable de nos faiblesses, de notre vulnérabilité? Après tout peut-être…
Qu’est-ce que le Christ nous enseigne? Je ne suis pas certaine de comprendre. Sa force provenait-elle de sa liberté «intérieure». Doit-il être notre modèle parce que tous les «despotes» qui l’entouraient n’ont jamais vraiment pu brimer sa liberté? Que devons-nous faire à présent si nous voulons le suivre? Identifiez ce qu’est notre «joug rassurant»?
Pardonnez la longueur du message, mais ce commentaire me stimule! Et je poursuis ma réflexion…
Le mot « règne » m’a toujours rendue perplexe. Du coup, et sous l’impulsion de la lettre- commentaire à laquelle nous sommes maintenant habitués et que nous attendons, j’ai eu envie de m’y attaquer. D’abord, en ces cas-là, je m’en remets au dictionnaire des racines des langues européennes ; c’est un point de départ des plus objectifs (!) et des plus paresseux ! Enfin, je ne sais pas ce que ça donnera mais, si vous voulez, allons-y. Règne = reg, indo-européen, exprime le mouvement en droite ligne. En sanskrit (rjúh) on a la notion de « droit » ; en grec ancien, (o-regô) : étendre, longueur des deux bras étendus. Le latin l’a rendu par « diriger en droite ligne », « diriger » tout court, « commander », d’où direction, limites, règles ; roi, régner, royaume (on voit ici pourquoi les limites) ; le français s’en sert pour
« droiture », « diriger », « ériger », … et plein d’autres dont « résurrection » avec le sens de surgir. Devant ces mots qui appellent une sorte de logique de commandement, d’ordre, je m’arrête à celui-ci de la lettre du P. Benoît :
« allégeance ». Or le mot allégeance renvoie à « loyal ». Il reste aussi et en même temps la question , et sa réponse qui ne s’exprimera pas d’un seul jet – surtout que j’ai en tête une suite à notre recherche « philosophico-théologique » sur l’âme…, mais ça, c’est une autre histoire… ! Je vais essayer de creuser un peu le dernier paragraphe de la lettre de Benoît, celui où il insère le mot « allégeance », et celui qui me frappe particulièrement cette semaine. Bien sûr, j’ai un regard de philosophe mais je ne cherche pas le « dieu des philosophes », je cherche, comme Augustin, la Vérité. Et aussi, et par conséquent, celui qui a dit « Je suis la Vérité » (la vérité est donc aussi une personne : je « suis » la Vérité, comme semblait le dire l’interview vidéo que Benoît m’a signalée un jour !). En fait : « Qui » a dit ces paroles ? (En réalité, toutes mes catégories commencent à être bouleversées – ou agrandies, comme on préfère.) Le dernier paragraphe de la lettre-commentaire du P. Benoît est terrible !
En fait la « question » dont je parle ne s’est pas « collée » dans mon texte ; la voici :
Décidément, elle ne veut pas coller ! La voici encore une fois mais réécrite cette fois :
J’hallucine ou quoi ? Pourquoi cette question ne « veut » pas d’insérer ici ? C’est fou cette histoire ! Je m’essaie de nouveau : « Qui voulons-nous voir régner sur nos vies ? » Si ça marche pas, je me pends !
Ouf ! Je ne me pendrai pas ! !
Je suis rassuré Monique que la technologie ne règne pas sur ta vie jusqu’au point de t’inciter à te pendre… 🙂 …
Quelques réactions au riche commentaire d’Anne-Marie :
Il me semble que d’une certaine manière, nous n’en sommes, bien sûr, pas responsable sans quoi nous risquerions de nous enfermer dans une culpabilité mortifère… Nos vulnérabilités sont liées à des évènements vécus dans notre enfance ou dans notre vie d’adulte, dont on a pas eu la maîtrise… Mais plusieurs de nos formateurs nous disaient les semaines passées que, face à telle ou telle situation de notre enfance, de notre vie, nous avons mis en place des mécanismes de défense, qui furent certainement le mieux que nous pouvions faire dans la situation… C’est ce qui nous a sauvés, permis de vivre… MAIS, ce qui fut salutaire à une époque de notre vie, peut, peut-être, être dépassé aujourd’hui… Nos mécanismes de défense « Jalousie, replis sur soi, dépendance consentie etc… » peuvent être dépassés, comme adulte…
C’est ici qu’intervient notre responsabilité : « Nous n’avons pas le choix de vivre ce qui nous est donné à vivre mais nous avons le choix de lui donner un sens ! » Nous avons le choix de faire alliance avec la vie, plutôt qu’avec la mort ! C’est certes un travail de lucidité, d’exploration de sa vie, de relecture accompagnée, mais aussi une ouverture volontariste à la Vie : voir le superbe témoignage de Maïti Girtaner (pianiste, résistante, torturée pendant la guerre, avec un système nerveux abimé pour la vie, mais qui n’a pas voulu faire de sa vie une tragédie) voir l’article au lien suivant : http://www.inxl6.org/article1897.php
Augustin parlait d’un « Maître intérieur »… Le suivre c’est déjà vouloir faire Alliance avec la Vie plutôt qu’avec toutes les puissances destructrices… Et puis se laisser aimer par Lui, pour pouvoir vivre ! Non ?
À partir du commentaire du frère Benoît, je vois qu’Anne-Marie parle de liberté et que Monique s’est concentrée sur l’idée de règne.
Si on met tout cela ensemble, je me laisse frapper par quelque chose de curieux: le Christ se présente à nous comme un «roi» qui veut ses sujets «libres»… Plus encore: on sait qu’il se présente aussi comme «le» libérateur des hommes, celui qui les sort de leur liberté de pacotille (caprices, habitudes, plaisirs) qui en réalité les emprisonne. Je suis frappé comme toi Anne-Marie par le lien proposé par le frère Benoît entre les despotes extérieurs et intérieurs, et j’apprécie le lien que tu fais ensuite avec la liberté. Cela me rappelle un texte du philosophe Charles Taylor, qui regrettait que notre époque se soit enfermée dans la «liberté négative», c’est-à-dire la seule absence d’obstacle, le fait de «ne pas être empêché» pour «faire ce qu’on veut» (et faire «quoi» d’ailleurs?). Il n’y a plus de «programme», de valeurs à suivre comme une boussole, seulement des impulsions à l’état brut dont la réalisation serait également celle de notre bonheur, de notre affirmation personnelle (?). Triste programme, qui a beau engendrer consommation et dépression…
En plus, Anne-Marie, tu m’as aussi fait penser au romancier Dostoïevski, qui avait peut-être raison au fond: les hommes «ne veulent pas de la liberté» parce que «c’est trop difficile», ils veulent être esclaves de leurs petits conforts, de quelqu’un qui leur dit quoi faire et les écrase tout en les gavant de petits plaisirs. Dans ce cas, ce pauvre Christ-Roi n’aurait rien compris: il reste sur la croix! Il ne joue pas au magicien tout-puissant qui nous éblouirait en descendant de là, pour nous donner enfin un paradis «ici» à «notre» mesure, avec du pain et des jeux! Au lieu de cela, il reste là (et dans quelle situation…), semblant nous inviter à aller «plus haut».
M. de Koninck nous rappelle dans un de ses livres que l’amour voit les «possibles». Ainsi, un parent voit les talents de son jeune enfant et on pourrait dire qu’il y «croit», même si rien n’est encore «fait», et que cette réalisation dépend tout entière de la… liberté de son enfant. Bien sûr, le parent va l’aider mais à la fin, la suite appartiendra à l’enfant lui-même, et seulement lui. C’est ce qui s’appelle la responsabilité, que souligne bien le frère Benoît dans son commentaire ci-dessus.
Finalement, vos efforts à tous me conduisent à me demander si le Christ-Roi ne serait pas celui qui voit en nous le possible de notre liberté et qui y «croit», jusqu’au bout, jusqu’à accepter de tout perdre lui-même pour lui laisser toutes les chances, pour ne pas l’étouffer dans nos petits conforts sensibles…
Dans ce cas, sommes-nous prêts à «répondre»? Voulons-nous être «libre»? Y aurait-il même, mystérieusement, une sorte de «règne» au fond de tout cela?…
J’espère ne pas m’être trop dispersé ni égaré! En tout cas, merci au frère Benoît et tous les intervenants, continuons à creuser tous ensemble!
Petite précision: quand je parle du lien qu’Anne-Marie fait entre les despotes extérieurs et intérieurs et la liberté, je voulais dire la liberté «plus profonde» dont elle parle à propos du cours de M. de Koninck. Bien sûr, le frère Benoît avait déjà établi lui-même le lien avec la liberté dans son commentaire.
Pourquoi tous, vous regardez du côté des tyrannies, des fragilités, des blessures, des esclavages ? Pourtant, l’évangile de dimanche parle, lui, de la vie : « Aujourd’hui même tu seras avec moi au Paradis » dit Jésus, – avec l’autorité d’un roi, je le concède.
« L’évangile nous propose un autre prétendant, pour régner sur ‘nos vies’… », dit le dernier paragraphe du commentaire de P. Benoît. Suivant les enseignements, c’est le même Jean qui comprend Dieu comme la Vie : « Je suis la Voie, la Vérité, la Vie ». Or que signifie « nos vies » ? Nos agirs ? nos sentiments ? nos espoirs ? nos souffrances ? notre bonheur de vivre ? Benoît dit : « Il n’exerce pas d’autre puissance que celle de l’amour, que celle de la Vie créatrice.» Voilà encore cette idée de vie qui refait surface. Si c’est Dieu qui est la Vie (Il a dit « Je suis la Vie…»), alors je vois mal qu’il puisse exercer sur nous, en effet, d’autres puissances « que celle de l’amour, que celle de la Vie créatrice.» La vie ne brime pas la vie, par définition. Si la Vie dont je tiens « ma » vie est une vie consciente en plus d’être créatrice, alors elle m’aime. Par nature. La vie peut-elle se tyranniser elle-même ? Pas davantage que l’œil ne peut se voir…
Si cela est vrai, alors je ne suis pas maître de ma vie intérieure, c’est la Vie qui règne sur moi, qui règne en moi. Je suis dès lors « assignée à la vie, à la Vie ». Qu’arrive-t-il de ces peurs qui nous taraudent et nous « divertissent » ? De ces désirs intempestifs parfois, passionnés toujours ? Remettre notre « allégeance » à la Vie d’où je tire la mienne, d’où nous tirons les nôtres, c’est cela qui s’appellerait la foi ? Si ce que l’on nous dit est vrai, alors nous ne sommes pas seuls, abandonnés à notre sort : « Je suis la Voie… » avait dit Jésus, le même que celui de la croix. Donc, nous avons le Chemin, la Méthode, nous avons la Vie, que nous manque-t-il pour être libres et heureux ? Ne pas chercher autre chose que la Vérité, avait dit à sa manière Platon déjà. La plainte est un mensonge à soi, le secret est un mensonge à soi, le déni est un mensonge à soi… On en sort comment ? Par la parole, le dire, la confidence, comme je l’ai à peu près dit la dernière fois. Pour nous, c’est la parole – parce qu’elle est vie – qui est créatrice. Pour la Vie, cette parole, se dit dans le langage évangélique le Verbe, je crois. Non ?
Dans sa réponse à Anne-Marie, le P. Benoît a écrit : « Augustin parlait d’un « Maître intérieur »… Le suivre c’est déjà vouloir faire Alliance avec la Vie plutôt qu’avec toutes les puissances destructrices… Et puis se laisser aimer par Lui, pour pouvoir vivre ! Non ? » N’est-ce pas une manière plus concise de dire ce que je viens d’exposer plus en long ici ? Je ne serais pas trop dans le champ alors ?