Tournés vers l’au-delà de la vie…

Cimetière des non-musulmans- Komah

Cimetière des non-musulmans- Komah

Le mois de novembre oriente toujours notre regard vers l’au-delà de la vie, avec les fêtes de la Toussaint et celle des Défunts… Visiter « ses morts » au cimetière, c’est à la fois un regard vers le passé, et vers l’avenir comme le résume très bien cette épigraphe que l’on trouve à l’entrée de certains cimetières ou ossuaires : « Ce que vous êtes, nous l’avons été… Ce que nous sommes, vous le serez ! » Evidemment, si l’on s’arrête à la perspective matérielle de cette affirmation, cela n’est pas forcément très réjouissant, quoique, avec l’écologie qui gagne du terrain, entrer dans le cycle du vivant, où certains éléments se décomposent pour permettre à d’autres formes de vie de s’en nourrir, suffit pour certains (encore faut-il prendre toutes les précautions nécessaires pour que notre dépouille mortelle ne vienne pas polluer le sol, en raison des produits d’embaumement et autres cercueils peu écologiques),  et je ne suis pas sûr que la crémation soit très écologique non plus, vu la quantité d’énergie déployée dans nos crématoires occidentaux.

Cimetière musulman - Komah

Cimetière musulman – Komah

En fait, à l’heure où je vous parle, j’ai, comme chaque jour, une vue imprenable sur les deux cimetières de notre quartier de Sokodé : le cimetière musulman et le cimetière des « non-musulmans » (chrétiens de tout acabit et animistes)… Les tombes sont modestes du côté « non-musulmans », mais elles sont surtout écologiques du côté musulman, puisque les dépouilles mortelles sont déposées en terre dans un simple linceul et rien ne permet de matérialiser la tombe si ce n’est la petite butte de terre qui indique qu’un corps a été déposé là… Ici, oui, le cycle du vivant correspond à quelque chose !

Mais revenons à nos moutons : « Ce que vous êtes, nous l’avons été… Ce que nous sommes, vous le serez ! » Il me semble qu’il faut entendre cela dans la perspective de notre double fête : la Toussaint et la « Tousdéfunts » ;  j’aurais aimé pour ma part que ces fêtes soient inversées chronologiquement, ce qui indiquerait mieux que notre mort n’est qu’un passage vers la vie de plénitude à laquelle nous sommes appelés et dont nous parlent les saints. Aussi, entendons, non seulement les dépouilles mortelles, mais surtout les saints nous dire : « Ce que vous êtes, nous l’avons été… Ce que nous sommes,  vous le serez ! » Du coup, la perspective est beaucoup plus réjouissante et stimulante ! Non pas la mort comme un couperet, auquel nous n’échapperons pas, mais plutôt la vie, comme ce temps qui nous est donné pour laisser grandir en nous la sainteté ! Entendons-nous bien, laisser grandir en nous la sainteté, ce n’est pas devenir des parfaits (en conduite), mais c’est plutôt laisser grandir en nous la vie de Dieu, laisser mûrir en nous le fruit d’amour qui sera cueilli au terme de notre vie ici-bas !

Dernière remarque : que les morts nous interpellent à travers cette épigraphe, c’est aussi un clin  d’œil, qui nous indique que nos morts ne sont pas dans le néant, mais dans une autre réalité que la nôtre… Notre esprit, pseudo scientifique, occidental voudrait nous faire croire au vide après la mort, alors que toutes les traditions religieuses et sagesses nous disent autre chose. Je vous assure qu’ici, dans ce coin d’Afrique de l’Ouest, les défunts sont loin d’être dans le néant, car ils interviennent à temps et à contre temps  dans la vie des vivants, comme protecteurs, fauteurs de trouble, ou réminiscences dans leurs descendants…

Puisque notre noviciat est situé au-delà des cimetières, nous vivons en permanence dans l’au-delà, ce n’est peut-être pas souhaitable toute une vie !… Mais qu’une fois dans l’année, nous approchions de cet au-delà pour réorienter notre tâche de vivant, ce n’est pas si mal non ?


Ce contenu a été publié dans Accueil. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *