L’année de noviciat est entrée dans sa dernière phase… Les novices ont été acceptés aux vœux et, à la fin du mois d’août, ils prononceront leur premier engagement. Chacun poursuivra ensuite son parcours dans diverses communautés de formation. D’ici-là nous poursuivons le rythme du noviciat, avec une sortie sur Lomé prévue prochainement, la retraite de fin de noviciat et l’accueil des nouveaux novices. En effet, dès la mi-août, la nouvelle promotion de novices fera son entrée au noviciat. Ils seront huit à emprunter le chemin de cette année très spéciale de discernement, de retrait et d’approfondissement de sa vocation.
Il n’est pas toujours facile d’enchainer ainsi, avec deux promotions se chevauchant l’une et l’autre, sans avoir le temps de souffler, mais c’est ainsi que fonctionne le noviciat, nous n’avons pas le choix, ceci est lié à la fameuse année canonique de noviciat qui doit faire une année complète et même plus puisqu’une partie du temps de stage doit être rattrapée. Je n’entre pas dans tous les détails canoniques, mais cela donne, dans notre système, une année et une semaine de noviciat.
Il est tout de même très heureux de pouvoir se donner ainsi une année complète au service de son discernement, de sa vie spirituelle, de la connaissance de soi… Je pense assez souvent que, dans nos parcours chrétiens, nous ferions bien de nous inspirer de certaines traditions asiatiques. En effet, que ce soit dans l’hindouisme ou dans le bouddhisme, il y a souvent ce temps de retrait, et même de vie monastique qui n’est pas conçu comme un choix pour toute sa vie, mais comme un temps donné pour sa vie spirituelle. Je pense que beaucoup de chrétiens pourraient profiter de ce genre de proposition. J’en parlais un jour avec le père abbé d’un monastère cistercien, qui me disait s’être fait la même réflexion… Car beaucoup de jeunes s’approchent et font des expériences en monastère, puis repartent plutôt sur le mode d’un échec. Alors que si, dès le départ, on proposait des temps de vie monastique (une année, six mois ou autre) au service de sa vie spirituelle, cela prendrait une tout autre couleur. Cela existe déjà, bien sûr, avec différents modes : école de vie, une année pour Dieu, étudiants accueillis en communauté ou même chemin de Compostelle sur plusieurs mois… Mais je pense que l’on pourrait encore progresser en propositions diversifiées, à la manière, justement, de ce qui se vit durant une année de noviciat !
Et vous, quels moyens vous donnez-vous au service de votre vie spirituelle ? Le temps des vacances est un temps propice à cela, non ?
Un « …temps de retrait, et même de vie monastique qui n’est pas conçu comme un choix pour toute sa vie, mais comme un temps donné pour sa vie spirituelle. » Quelle belle idée ! Quelle belle idée pour le monde actuel ! Pour un monde dont les enfants sont happés par la technique, par le pur visuel, et par le vide qui en résulte.
En écrivant ces lignes, je me rends compte que ce n’est pas la technique qui est en cause, ni le numérique, ni le pur visuel, ni l’hyperdivertissement ; ce qui est peut-être en cause, en effet, ce serait le manque d’offres « diversifiées », souples et généreuses, de la part des pasteurs catholiques. Ou du moins de ceux dont on aimerait qu’ils soient pasteurs, ce genre de pasteur qui « laisse tout » pour aller au secours d’une seule brebis égarée. Il est peut-être, en effet, temps de « laisser tout » l’appareil organisationnel, qui a fait la bonne fortune de l’Église catholique pendant quelques centaines d’années, être repensé dans ses fondements et ses finalités. L’habitude qui est si précieuse pour les humains finit par « hébéter nos sens », comme le dit si justement Montaigne. Et par « sens » on doit entendre aussi le « discernement ».
Ce que vous proposez dans votre billet, Benoît, n’est pas habituel chez nous au contraire d’autres spritualités. Cela devrait alors nous être un signe qu’il faut secouer les puces, les puces d’une organisation – on dit plus poliment une « institution » – qui tend vers le traditionnel, c’est-à-dire vers l’immobile. Quand on dit « vie spirituelle », on dit « vie ». Or la vie se reconnaît au mouvement, la croissance étant un des mouvements chez le vivant. La mort, c’est justement cet arrêt de mouvements, cet arrêt de tous les possibles…
Il y a dans le code pénal de plusieurs pays une notion qui gagne du terrain, depuis la seconde guerre mondiale à tout le moins, c’est la clause de « non-assistance à personne en danger ». Je crois que l’Élise catholique pourrait, aurait le devoir de, s’y pencher s’agissant de son engagement et de sa responsabilité envers tous les enfants de Dieu.
Grand merci, Benoît, d’avoir cette sensibilité et cette créativité dont témoigne, une fois de plus, votre billet du 12 juillet !
Où retrouver la coquille Saint-Jacques, jaune sur fond bleu ? Possiblement en
nous-mêmes, aidés que nous s0mmes de la méditation hebdomadaire du blogue …
Viva el camino !